Aaron - We cut the night Qui sait si Aaron aurait la même popularité aujourd'hui s'ils avaient commencé leur histoire avec ce We cut the night, album marqué par la froideur de l'électronique, très loin de la chaleur de cette "Lili" ou de "Mister K" (pourtant basé sur la mort d'un poisson rouge). Avec Birds in the storm, Aaron avait montré la direction, la guitare acoustique et les mélodies pures laissant davantage de places aux parties produites, travaillées, passées en machines, mais ce n'était que le chemin, We cut the night est la destination. On y est.

On est arrivé dans ce monde, glacial par moment, dominé par les claviers et des sonorités issues de la cold wave (mais heureusement plus chaudes et moins basiques), un monde du passé et pourtant totalement en résonance avec notre époque. Il avait fallu du temps pour profiter pleinement de leur précédent opus ("Seeds of gold", "Arm your eyes", "Birds in the storm" sont devenus des indispensables), il faut également du temps pour appréhender et se laisser imprégner de celui-ci. Ecrire plus d'un an après sa sortie aide certainement à l'apprécier davantage. L'entêtant "Blouson noir" est devenu un hymne épidermique reconnaissable en quelques secondes, de déroutant éclaireur l'an dernier, c'est désormais une pierre angulaire, une des fondations du Aaron de 2015-2016. Pas spécialement mis en avant, "The leftovers" s'impose comme un des grands moments en live et un tube imparable, davantage encore que "Onassis" pourtant lui aussi bien armé mélodiquement. Plus proches des racines, "Magnetic road" et "Invisible stains" assurent la liaison (nostalgique ?) avec les animaux artificiels tandis que "Ride on" ou "2:22" entrouvrent d'autres portes où la voix de Simon s'engouffre nous incitant, nous aussi, à les franchir.

Définitivement affranchis de toutes les contraintes imaginables, Aaron écrit et produit la musique qu'il a envie d'entendre, de jouer, de partager. Les séquenceurs et les ordinateurs ont beau avoir pris l'avantage sur la guitare et le piano, la douceur des harmonies et le soin des arrangements continuent de donner raison au duo dont la capacité à charmer est indéniable, quelques soient leurs choix.