AaRON - Birds in the storm AaRON un duo né au détour d'une rencontre fortuite (ou presque), une trajectoire météoritique entamée par une apparition sur la bande-son du bouleversant Je vais bien ne t'en fais pas et son magnifique "U-turn (Lili)", un premier album qui cartonne dans les charts en étant porté par une poignée de pépites pop comme touchées par la grâce ("Angel dust", "Strange fruit", "Le tunnel d'or"...) et des performances live éblouissantes... ne restait maintenant plus au groupe qu'à confirmer. En clair, le plus difficile commençait pour Simon & Olivier, les deux visages d'AaRON.

3 ans après leur premier essai discographique, les revoici avec sous le bras un Birds in the storm enregistré dans leur coin, sans faire de bruit et à l'abri des nuées médiatiques, un disque qui dès le premier titre ("Ludlow L.") désarçonne, un peu, avant d'enchanter inexorablement. Electro-pop un peu glaciale et légèrement old-school, des effets de style percutants, de l'intensité dans les arrangements et donc une entrée en matière assez inattendue là où pouvait s'attendre à une introduction pop doucereuse et satinée, qu'on se le dise, le nouvel AaRON n'est pas la simple séquelle de son prédécesseur. Les deux ont décidé de prendre des risques, de se mettre en danger. Cela étant, ils ne se posent pas de questions pour autant et nous servent sur un plateau d'argent le superbe "Rise" histoire de mettre les choses au clair. Deux titres et déjà un tube, une telle facilité en devient presque écoeurante, surtout quand les nouveaux dandys de la scène indie pop hexagonale enchaînent sur le même rythme avec le single qu'est "Seeds of gold"; tube radiophonique certes un peu facile mais toujours efficace.

Petit bémol... on ne peut s'empêcher de penser par instants à Coldplay (sur "Arm your eyes" surtout) et là où Artificial animals riding on Neverland était une collection de tubes mélancoliques, enivrants et toujours imparables, ce Birds in the storm semble un cran en dessous de son prédécesseur. Pour l'instant, le temps y fera peut-être son oeuvre, cet album ne semblant réellement se dévoiler que sur la durée. La faute notamment à deux ou trois titres en deça de ce sont sont assurément capables Simon et Olivier ("Waiting for the wind to come", l'éponyme "Birds in the storm"). Mais, le talent de ces deux-là ne s'est pas pour autant évaporé dans les limbes de l'industrie du disque et au final, entre le très dense "Inner streets" ou le plus intimiste "Song for ever", l'inspiré "The lame souls" et le minimaliste "A thousand wars" AaRON parvient une fois encore à nous faire frissonner sur disque comme il le fera forcément en live (sinon encore mieux). Last but not least : en guise de bonus-tracks, c'est là-aussi un peu entre les deux, entre un morceau à la trame mélodique trop vague pour réellement s'affirmer ("Passengers") et le sublime "Embers". Parce qu'au bout du compte, on dira ce qu'on veut, dans une veine pop romantique à l'élégance précieuse, on n'a que trop rarement entendu aussi bien.

[NB : l'édition collector digipak avec livret est quand même de toute beauté]