Jusqu'à présent le nom d'Aalborg était lié dans mon esprit à cette ville danoise dont le club de foot était connu pour ses campagnes européennes. Et puis, récemment, Araki Records m'a envoyé une pile de disques assez sympas dans laquelle figurait un groupe clermontois du même nom. Les membres de ce quatuor ne sont pas tout à fait inconnus car présents dans des formations musicales dont on a déjà plus ou moins parlé dans nos pages (Niandra Lades, Birmingham, Untitled With Drums). And this is how..., leur premier album sorti en début d'année 2021 avec l'aide des labels Araki Records et Atypeek Music, et de la structure management/organisation de concerts Juggernoise, est un concentré de post-rock et de slowcore d'une délicatesse mélodique très affirmée mais qui sait aussi faire monter les décibels en faisant rupter les guitares assez magistralement dans des moments de climax intensifs.
Alors, dit comme ça, j'en vois certains déjà m'envoyer un : "Ah ouais, grosso-merdo, c'est un mix entre Slint, Mogwai, Codeine et Chokebore !". Ça aurait pu, mais ce n'est pas le cas du tout. J'ai d'ailleurs essayé de trouver des équivalences regroupant à la fois ce type d'arrangements, ces structures et cette voix si terne et non engageante voire totalement dépressive, j'en suis arrivé à la conclusion qu'Aalborg est unique. Certains plans d'arpèges, des manières de chanter, de faire monter la sauce ou de casser le rythme, me font évidemment penser de manière instinctive à des formations (et pas forcément dans les mêmes rayons musicaux), car cette dimension onirique qu'essaie d'attendre Aalborg avec son And this is how... est assez familière finalement. C'est plutôt le résultat de ce travail qui me séduit, d'autant plus qu'il a la particularité de se bonifier au fil des écoutes, comme s'il ne livrait pas tous ses secrets dès le départ. Cet album est doux, ombrageux, vif, attractif, dense et contient plein de détails, comme son éblouissante pochette signé Martin, le bassiste de la troupe.
Publié dans le Mag #49