AA Williams - As the moon rests Un de mes grands regrets musicaux de 2022 sera de ne pas avoir assisté au concert de A.A. Williams et Karin Park un dimanche soir dans la salle à la programmation très pointue de l'Empreinte à Savigny le Temple. Cette soirée était annoncée comme dark et les feed-back sur les réseaux sociaux n'ont fait qu'accroitre mon regret. L'artiste est apparue dans une newsletter d'un de nos labels référents, mais c'est surtout son concert avec Karin Park en ouverture qui m'avait poussé vers ce disque. Karin Park n'est autre que la moitié de Årabrot et a sorti cette année un excellent Private collection (Pelagic Records si tu nous lis, nous attendons le CD pour en dire du bien).

Revenons à A.A. Williams. Pour résumer ce disque As the moon rests, c'est comme si Lacuna Coil avait eu la charge de faire la BO d'un James Bond. Une pop gothique absolument magnifique. Pour vous donner une idée, elle joue également du violoncelle avec la non moins magnifique Jo Quail tout en s'étant produite cette année au Hellfest. Une sorte d'exception culturelle anglaise. Après un premier album, elle sort en numérique un album de covers enregistré pendant le confinement, sobrement intitulé Songs from isolation. Sur ce disque, nous pouvons lire à livre ouvert ses influences : The Cure, Deftones, The Smashing Pumpkins, Nick Cave ou encore Nine Inch Nails. Alors que l'exercice pourrait s'avérer périlleux, A.A. Williams excelle en nous faisant presque oublier les originaux.

Revenons au dernier disque en date sorti en octobre, dès le premier titre "Hollow heart", A.A. Williams pose son univers à la fois vaporeux dans les mélodies et les riffs sont lourds dans le refrain. Les chansons sont très cinématographiques. Le second titre, "Evaporate" vient confirmer cette impression. Le Mayfield Ensemble chargé de rendre symphonique cette pop heavy gothique réussi parfaitement à pousser les compositions à un autre niveau qui transcende la simple "pop music". Les textes sont noirs sans que cela ensevelisse l'auditeur. "As the moon rests", titre éponyme en fin d'album, est un réel voyage dans l'intimité de la chanteuse, les paroles semblent murmurées parfois, comme des confessions. Il ressort de cet odyssée musicale une certaine mélancolie froide. Nous sommes, pendant plus d'une heure, transportés par la voix et les mélodies de A.A. Williams et cela peut sembler une éternité, comme un écrin de noirceur dans lequel le temps n'a pas de prise et nous donne envie de replonger encore et encore.