Rock Rock > 7 Weeks

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Sept semaines, c'est à peine plus que ce qui sépare la formation de 7 Weeks (fin avril 2006) de son entrée en studio (début juillet) pour y enregistrer sa première démo éponyme. Autant dire que le groupe est du genre pressé. Comme un accès de rage, 7 Weeks est né de l'envie de quatre musiciens évoluant dans la région de Limoges et désireux de mélanger l'ambiance de la musique stoner avec l'énergie du rock metal. En posant les bases de leur style sur un premier jet studio quelques semaines seulement après sa conception, le combo crée un répertoire alternant morceaux urgents aux ambiances lourdes et planantes avec des brûlots maîtrisés aussi rageurs que dévastateurs. La machine 7 Weeks, est sur les rails, la collision sonique ne tardera pas, le groupe préparant déjà son premier album (hiver 2006/2007). Nous voilà prévenus.
A l'été 2007, le combo limougeaud rentre en studio et enregistre quelques nouveaux titres, qui une fois couplés à ceux de la démo viennent compléter le tracklisting du premier EP du groupe B(l)ack days, qui sort au mois de septembre de la même année.

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7 Weeks / Chronique LP > Fade into blurred lines

7 Weeks  - Fade into blurred lines What's next ? s'interrogeait 7 Weeks après son sublime Sisyphus. La réponse, c'est Fade into blurred lines, une disparition dans des lignes floues ? Ça ne nous avance pas vraiment. La réalité, c'est que le groupe n'a pas choisi de direction, il les a toutes prises. Aussi bien celles qui nous emmènent vers un rock plus brutal que celles qui nous guident vers des rivages chaleureux proches des derniers titres unplugged de l'EP précité.

Le ton est donné avec "Gorgo" qui traîne son spleen le long d'une intro intimiste et devient vindicatif avant de laisser la place à un chant très clair qui peut faire penser à Chris Cornell (Soundgarden) ou Eddie Vedder (Pearl Jam) le temps que la guitare reste claire. Ensuite, on repasse en mode plus "stoner" revenant ainsi aux fondamentaux de 7 Weeks. La basse s'excite, la guitare plaque sa séquence répétée de gros riffs, seuls les mots et des notes venues de la 6 cordes nous permettent de sortir de la boucle avant de replonger dans ce refrain punchy. Que d'émotions et ce n'est qu'un seul titre ! "Up the pressure" connaît moins de variations, mais se fait remarquer par des sonorités électroniques qui semblent venir du futur mais se mélangent très bien à l'ensemble. Avec "Shimmering blue", la tension retombe, le travail réalisé sur les morceaux acoustiques a certainement marqué le combo qui tels les gros groupes ricains livrent ici une ballade électrique toute en puissance. La basse reprend de la vitesse et du groove pour "Blackhole your heart", titre plus linéaire, plus direct mais qui ne relance pas la machine qui ralentit de nouveau avec "Castaway". Le chant fait son chemin autour d'une guitare assez lumineuse, 7 Weeks va au bout de ses idées, les exploite sans se soucier de savoir si ça coche des cases ou rentre dans des tiroirs, le résultat est aussi fantasque que fantastique. Qu'est-ce qui vient après un titre doux ? Un morceau plus rentre-dedans évidemment, on est servi avec "Wax doll" et sa rythmique frénétique, ses effets soignés et sa ligne de chant pleine d'allant. Et quand ça accélère encore, c'est juste jouissif. Il fallait bien un "Mute" pour s'en remettre, encore une plage très intimiste, poignante, dominée par la voix de Julien, parfois renforcée de quelques chœurs, c'est simple et beau. En ajoutant du muscle, tu as l'intro de "Windmills", encore un titre qui fout les poils. Des "Moulins" avec un Don Quichotte métallique en artwork et héros de différents clips, on tient là, à n'en pas douter, l'un des titres phares de ce nouvel opus. J'adore tout mais un peu plus cette sensation de relief qu'ils donnent à la compo en variant les intentions et les sons. Fade into blurred lines aurait pu s'achever sur ce sommet mais on termine le voyage avec l'acoustique "Travellers" qui permet une redescente en douceur et aux dernières notes de disparaître dans ces lignes floues.

7 Weeks fait ce qui lui plaît, avec Fade into blurred lines, ils ne font pas les choses à moitié, peut-être qu'à être aussi tranchés, ils se couperont de certains, mais tant pis pour eux s'ils n'ont pas de cœur, ils passent à côté d'une sacrée aventure.

Publié dans le Mag #58

7 Weeks / Chronique EP > What's next ?

7 Weeks - What's next ? Les 7 Weeks ont commencé l'année en lâchant un taureau nommé Sisyphus qui a laissé des traces de sabots sur à peu près tout ce qu'il a piétiné tant on ne pouvait rien faire face à une telle démonstration de force. Comme les Limougeauds n'ont pas envie de laisser la COVID gagner 2020, ils terminent l'année en offrant une rallonge à travers un EP ironiquement appelé What's next ?. Oui, parce qu'à moins que le combo nous prépare un album acoustique avec des reprises pour la suite, c'est plutôt un ensemble de titres qui vivent en parallèle des premiers.

A-t-on assez précisé que l'album n'avait aucune faiblesse ? Qui en douterait peut simplement écouter les deux premières plages de ce six titres, ce sont deux morceaux inédits, "Intimate hearts" a été enregistré durant les sessions de Sisyphus mais va savoir pourquoi, il n'a pas été retenu dans la liste des neuf. Intro pesante, mise en place du riff vertébrale, mélodie poignante, notes saturées aiguisées, on plane et on s'agite en même temps dans ce titre assez personnel. "My valhalla" n'a pas la même chaleur mais il est enregistré à un autre moment dans un autre lieu, de facture plus classique, c'est un bon morceau qui coche toutes les cases de ce que sait faire 7 Weeks avec un solo de guitare peut-être un peu différent et un final trop abrupt pour se mêler aux autres compos... Pas le plus marqué par la guitare des titres de King Crimson, le "Cirkus" expérimental est ici repris pour devenir l'expression de grattes tortueuses qui remplacent les bidouillages originaux, la douceur de la voix assure la liaison avec l'original et nous laisse penser que quoi que décide de reprendre 7 Weeks, ce sera fait avec audace et classe. La deuxième face du petit format est intégralement dédiée à des versions acoustiques, ce sont les trois titres les plus calmes de l'album qui ont le droit à leur unplugged. On attaque cette série de sucreries avec "Gone", tempo délicat, guitare discrète, voix chaleureuse, comment ne pas succomber ? Ok, j'étais déjà accro avec les versions normales, la puissance du chant et la rondeur du son associées à des parties épurées me mettent définitivement à genoux, "Idols" comme "Sisyphus" jouent aussi sur la légèreté et c'est un régal. Si What's next ? est annonciateur d'une suite dans cette veine, je m'en réjouis.

Ce disque n'est pas qu'un petit bonus dans la discographie de 7 Weeks, c'est un indispensable, d'ailleurs comme tu aimes les beaux objets, tu as forcément besoin de celui-ci (en vinyle par exemple) car son artwork est au moins aussi sublime que celui de Sisyphus, et les deux, l'un à côté de l'autre, ça fait son petit effet...

7 Weeks / Chronique LP > Sisyphus

7 Weeks - Sisyphus Les 7 Weeks seraient-ils condamnés à toujours refaire la même chose ? Ecrire un album, l'enregistrer, le défendre sur scène puis tout recommencer et comme Sisyphe remonter leur boulet au sommet avant de, de nouveau, le voir dégringoler ? Ils n'ont pourtant pas défié la Mort (ou alors, ce serait les zombies qui voudraient se venger ?) et repartir de zéro pour chaque nouvel opus ne semble pas non plus être la pire punition pour les Limougeauds qui ont encore quelques idées derrière la tête d'ampli.

Après un phénoménal A farewell to dawn, ils reviennent donc avec ce Sisyphus (à l'artwork au moins aussi réussi), un album plus difficile d'accès et qui n'offre pas que des titres au pouvoir excitant instantané. Celui qui étudierait la moyenne du tempo de l'album le trouverait certainement moins speed que les précédents, ou alors, c'est que les deux premiers titres, "Gone" et "Idols" lancent la machine avec douceur (ça n'empêche pas de tomber en adoration devant le mariage basse/chant du deuxième), "Sisyphus" est plutôt cool, "Breathe" assez posé et "The crying river" plus pesant, on a donc plus de la moitié des compositions qui sont marquées par d'autres choses que leur rythme endiablé. C'est par exemple la distorsion de la guitare de "Breathe" ou le chant dédoublé de "The crying river" qu'on retient plus aisément. Si tu veux te déchaîner, il faut te contenter de "Solar ride" qui correspond tout à fait au cahier des charges du titre rock péchu qu'on kiffe dès la première écoute. "Magnificent loser" n'est pas aussi direct mais les relances et la rage sournoise qu'on perçoit font de ce morceau un titre à part. Le nerveux "Insomniac" n'est pas aussi jouissif que d'autres mais fait le job sans perdre de temps. Enfin, "667-off" offre de nombreuses variations dans les sons comme dans les rythmes, avec un large panel de ce que peut offrir le stoner comme 7 Weeks, la version studio est assez épique, sur scène, c'est le genre de titre à clôturer des sets où les compos incendiaires n'auront eu de cesse de faire monter la température.

Ils en sont où les gars avec leur rocher (leur rock en anglais) ? Ils le poussent ou ils vont le retrouver en bas de leur montagne ? J'en sais trop rien. D'ailleurs je ne sais pas non plus où j'en suis, avec le mode "répétition automatique", j'écoute Sisyphus en boucle sans plus trop savoir si je suis en montée ou en descente. Peu importe, les deux directions me plaisent.

7 Weeks / Chronique LP > A farewell to dawn

7 Weeks - A farewell to dawn Bends n'était qu'une parenthèse, avec ce A farewell to dawn, 7 Weeks revient au rock, peut-être pas aussi chaud que Carnivora mais au moins, si ce n'est plus, aussi tubesque. Parce que j'ai beau chercher, je ne trouve pas un seul morceau qui ne soit pas un hit en puissance. Si on est d'accord pour mettre de côté les titres sans chant comme "Ohka" (interlude) et "A farewell to dawn" (excellent morceau d'ambiances), il ne reste que des chansons qui font mouche et dont le pouvoir de séduction s'exprime en quelques secondes.

Pour commencer, rien de tel qu'un riff parpaing qui te tombe sur le coin de la gueule, t'as encore rien compris que "King in the mud" fait déjà couler le sang, et si le riff de guitare n'est pas suffisant, le chant (et ses petits ajouts samplés en écho) t'ensorcèlera dans les instants suivants, entre puissance et mélodie, Julien connait le dosage pour nous faire chavirer. Lancinant, traînard, à l'agonie comme son protagoniste, ce morceau d'intro se termine par des notes d'une clarté éclatante contrebalancées par des accords encore plus rageurs. La perfection. Et ça ne fait que commencer. Tout en douces cassures, "The ghost beside me" se pose tranquillement dans un coin du cerveau et le met en préchauffage, après des mesures brisées, le spectre s'épaissit, le titre trouve du liant, la mélodie est plus insidieuse, le clavier fait son petit effet et bien que l'ensemble soit très cool en terme de rythme, ça fonctionne. Soyons honnête, il n'y a pas que des hits sur cet album, il y aussi des bombes atomiques. Calibré pour toucher sa cible et la faire péter de bonheur, "Kamikazes" est imparable : rythmiques dodelinantes, gimmicks en piqués, explosion finale jouissive, un travail d'orfèvre. Plus brut, plus direct, "Broken voices" est là pour enfoncer le clou, il est trop tard pour faire machine arrière, la guitare s'énerve, la basse a pris du poids, c'est pas le moment de chatouiller les Limousins... D'autant que l'éponyme a préparé le terrain pour l'autre méga-tube : "January", 7 Weeks se mue encore en lézard qui serpente dans la rocaille pour approcher sa proie, laisse monter le suspens avec le clavier et attaque par l'esprit plus que le physique. Grande classe. Plus terrestre, plus marqué par les références (QOTSA même si c'est so cliched), "A well kept secret" pourrait faire passer les petits gars de Limoges pour d'authentiques cow-boys, et là encore, on est pris dans le tourbillon de poussières qui nous emmène jusque "Knots", dernière claque (et oui) de cette nouvelle galette. Elle démarre en trombe, ralentit, puis remet les gaz avec une disto phénoménale qui promet des concerts épiques.

Il faut te faire un dessin ou tu as compris que A farewell to dawn est le disque rock de cet hiver ?

7 Weeks / Chronique EP > Bends

7 Weeks - Bends Après un Carnivora caniculaire et grungy, 7 Weeks revient avec un EP de 5 titres qui fait honneur aux distorsions (Bends) plutôt qu'à Radiohead (The Bends) même si certains riffs trouveraient leur place sur OK Computer ("Sparks").

Car oui, cette nouvelle production est assez rock, on oublie les marqueurs stoner, grunge, métal et on se recentre sur la base, le rock. Et un rock où chacun trouve sa place, clavier et sonorités électroniques ne sont pas forcément au premier plan mais ils font leur trou plus ou moins discrètement. Les mélodies ont toujours été là, mais peut-être pas autant mises en avant que sur "Cry blue" et sa superbe montée en saturation. L'introductif "My own private limbo" (de facture assez classique pour les habitués du groupe) n'était donc qu'un leurre car les exercices de symétrie et donc de copie de ce qui existe déjà n'est pas dans l'ADN de 7 Weeks ou alors uniquement sur la pochette.

Ce trop court Bends est blindé de petits trucs qui font qu'on accroche autant à l'ambiance (entre résignation, indolence et mélancolie) qu'aux morceaux en eux-mêmes grâce à leur couleur de son (l'harmonie basse/guitare de "Turn away" par exemple) comme à leur structure finement agencée.

7 Weeks / Chronique LP > Carnivora

7 Weeks - Carnivora Route américaine bordée par un Motel au milieu de nulle part, bestiole étrange résultant du mixage d'un squelette de boeuf ailé avec des pattes d'insectes, titre annonçant la couleur (plutôt rouge) : Carnivora marque le retour de 7 Weeks dans le monde du rock désertique après une flippante escapade chez les zombies (7 Weeks plays Dead Of Night).

Et le premier riff nous remet directement sur la voie, petit grigri shamanique et le médiator déroule, ça accroche les oreilles, le rythme est donné, ça va rocker. Les premières mélodies et ralentissements donnent également l'impression que ça va également sacrément groover. Et ce ne sont ni les violentes attaques des guitares ou la place prise par la basse sur "Acid rain" qui viendront nous retirer ce sentiment de l'esprit : les 7 Weeks ont vite repris leurs habitudes stoner et envoient un rock bien gras qui puise ses références autant dans le "hard rock" des 70's (les chaleureuses sonorités de l'orgue Hammond) que dans le grunge des années 90 parce qu'on leur trouve parfois quelques accointances avec le style de chant de Chris Cornell (Soundgarden) notamment sur "High in heavenly places" ou le jeu de Stone Gossard (guitariste de Pearl Jam) pour "Year zero".

Et quand ça groove moins, que le tempo se calme, on se retrouve avec des balades désenchantées voire un nouveau lien avec le cinéma car je visualise assez bien les images du début d'Apocalypse now sur "Let me drown" je les imagine même avant d'entendre l'autre référence que sont The Doors (et leur "The end" pour cette scène mythique). Impossible que le groupe n'ait pas fait "exprès" cet hommage au Roi Lézard même si le chant reste très éloigné de celui de Jim Morrison. "Shadow rider", la piste suivante, est elle aussi plutôt calme, tout en retenue avec une voix flirtant davantage avec le blues, les 7 Weeks n'hésitent donc pas à intégrer de multiples sources d'inspirations dans leur rock et les dégustent avec délectation pour finalement et contrairement à la nature produire autre chose que de la merde.

Carnivora montre que 7 Weeks peut encore progresser, amalgamer plus largement des influences sans perdre ce qui fait leur identité, un stoner qui transmet de l'énergie mais sait aussi se laisser buriner par le soleil du parc de Joshua Tree. Un rock dur qui accepte de se faire griller quelques neurones pour mieux voyager et nous emmener au-delà des sentiers battus, à la poursuite d'une boule d'amarante...

7 Weeks / Chronique LP > 7 Weeks plays Dead Of Night

7 Weeks plays Dead of Night Après avoir écumé les scènes stoner de France et de Navarre avec un premier EP puis un album studio inaugural plutôt remarqué (en même temps c'était une sacrée baffe) et en attendant de conquérir le reste du vieux continent une fois son prochain effort long-format finalisé - c'est en cours à l'heure où sont rédigées ses quelques lignes -, 7 Weeks s'offre avec ce 7 Weeks plays Dead Of Night une sorte de "récréation" électrique en livrant la bande-son de son ciné-concert, enregistré pour le film "Dead of night" (une série B d'épouvante signée du regretté Bob Clark et datant de 1974, assez peu connue sorti des réseaux des mordus du cinéma de genre).

Du stoner-rock bien rocailleux et solaire sur un film de trouille, l'idée peu paraître drôlement casse-gueule, voire carrément mauvaise si bien que les 7 Weeks ont eu la jolie inspiration de ne pas donner dans ce qu'ils savaient, au départ, faire de mieux et ainsi de respecter le matériau de base en se donnant la peine de faire évoluer leur musique vers quelque chose d'aussi intrigant que réussi. Il en résulte une sorte de psycho-stoner-metal flippé, aux ambiances aussi lourdes que malsaines, pesantes et organiques. Un very bad trip musical, sans les images (sauf en live évidemment) dont le groupe distille les effluves sonores en explicitant plutôt très bien ce que l'on ne voit pas. Evidemment, sans scénario devant les yeux, on ne peut que laisser courrir notre imagination, guidé par un 7 Weeks qui sait parfaitement où il veut nous emmener et de fait, le résultat est assez saisissant.

Les Limougeauds livrent une partition parfaitement maîtrisée, sombre et tortueuse au sein de laquelle l'auditeur vient se perdre, attendant fièvreusement dans le noir qu'ils daignent enfin rallumer la lumière. Un faux album qui distille des images que l'on n'est pas forcément certain de vouloir voir en n'importe quelle circonstances et des morceaux qui sont autant de séquences d'un film où le frisson est un mécanisme réglé comme du papier... à musique. A l'image d'un visuel ne laissant guère augurer grand chose de très positif en termes d'atmosphères ce 7 Weeks plays Dead Of Night distille des lignes de basse aux ambiances étouffantes, quelques rythmiques puissantes appuyant les pics de tension et un psychédélisme macabre (appuyé par des dialogues samplés du film), vaguement dissimulé derrière le rideau d'un riffing stoner/rock métallique qui lui n'a par contre rien de Grand-guignol. Loin s'en faut.

Stupeur et tremblements au programme de ce film invisible mais pas inexistant (pour que l'on mette la main sur la DVD sorti sous le titre Le mort vivant en France) et surtout un album qui n'en est pas vraiment eux mais qui témoigne de la capacité de remise en question d'un groupe jusque là exclusivement estampillé "stoner-rock" et qui démontre par là-même que le genre est certainement moins cloisonné que ce que la conscience collective ne le laisse supposer. Et en prime, à l'instar de ce qu'ont pu faire Jenx, Sleepers, Zenzile ou Year of No Light ces dernières années ou même encore très récemment We Insist !, 7 Weeks s'offre le luxe de réduire encore un peu plus le spectre séparant le rock au sens large des sphères du 7e Art... Plutôt la classe quand même.

7 Weeks / Chronique LP > All channels off

7 Weeks - All channels off All channels off ou le parfait petit manuel de survie en territoire stoner rock hostile. Du genre qui t'apprend à tailler du gros riff qui déboise en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, ce, tout en conservant un niveau de groove caniculaire plus qu'acceptable. Si en plus on saupoudre le tout de quelques mélodies rock bien burnées et de chorus qui te font faire des bonds partout comme un damné, forcément tu accroches. Et ça c'est que le premier titre (l'éponyme "All channels off"). Pour l'info, il y en a encore 9 autres comme ça et donc largement de quoi se payer une bonne tranche de gros son qui va faire du bien à la tuyauterie. Niveau puissance de feu, rien à redire, c'est carton. Imaginez un sanglier bien énervé se lançant à l'assaut du radiateur d'une petite Clio de passage sur son chemin, vous aurez à peu de choses près une vague idée de la puissance d'impact d'un groupe qui veille à toujours rester droit dans ses bottes. En clair ? 7 Weeks est puissant et précis, charismatique et efficace : d'autant que le son que les Limougeauds au su se forger s'inscrit complétement dans la veine de ce qu'on su inventer les maîtres du stoner rock. En conséquence : les Kyuss, QOTSA et autres Fu Manchu ou consorts ne sont jamais très loin. "Loaded Burnt)" est à ce titre un appel au désert dans les plus pures règles de l'art ("Crash").
Et là prod dans tout ça ? Au poil, comme on s'y attendait de la part de Shanka et Bastien Burger (Destruction Inc.), les deux préposés aux manettes de cet album qui ronronne à fond les manettes, sent l'huile de moteur et la fumée de pots d'échappement à plein poumons ("Dust and rust"). Le groupe flingue à tout va, enchaîne les titres d'excellente facture et entre-temps, corrige l'auditeur en sortant de ses cartons une (énième) grosse tuerie rock'n roll aux accents métalliques et à l'efficacité immédiate. Peut-être moins frontal (encore qu'en live...) mais plus vénéneux que par le passé, le groupe varie les atmosphères, mais ne peut définitivement pas s'empêcher de faire parler la puissance des guitares. Tant mieux on n'en attendait certainement pas moins d'eux ("The wait", "On the run"...). Le crossover parfait entre les Foo Fighters, QOTSA et Fu Manchu ? 7 Weeks of course ma bonne dame ! Car ces mecs-là font cramer le bitume, taillent la route et envoient tout ce qu'ils ont dans le futal pour balancer du riff qui dépouillent en travers des enceintes. Et nous, pour désencrasser les cages à miel, on n'a pas encore trouvé mieux.

7 Weeks / Chronique EP > B(l)ack days

7weeks_black_days_ep.jpg "B(l)ack days", un titre éponyme, qui ouvre les hostilités avec un morceau "relativement" calme mais très rock'n roll dans l'âme, met d'entrée les choses à plat. La qualité de la première démo éponyme de 7 Weeks ne devait définitivement rien au hasard. Des groupes qui pratique un stoner rock/metal furieux, burné, nuancé et efficace, il y en a des tonnes, mais les quatre limougeauds qui nous balancent ce B(l)ack days en pleine tronche sortent assurément du lot. Un groove démentiel, une mélodie tubesque envoyée sans le moindre complexe sous un feu nourri de riffs sulfurique et d'une section rythmique qui mitraille, à peine quelques quelques minutes passées et l'entreprise de démolition 7 Weeks tourne déjà à plein régime et ne laisse que d'infimes miettes à ses concurrents. Une vraie tuerie power-rock.
Un refrain qui se visse instantanément dans la tête, un break monstrueux, une petite touche à la "QOTSA" sur les bords, le combo stoner envoie les décibels avec une aisance assez déconcertante. Véritable démonstration de force stoner hybride, entre rock incisif et metal alternatif, B(l)ack days, dynamite la scène hexagonale avec son "The pretender" lourd, ultra-mélodique et rentre-dedans. Metronomique, spontané et assurant l'ensemble avec une maîtrise remarquable, 7 Weeks a préparé son hold-up rock'n roll bien en amont et peut désormais fait parler son riffing imparable et son duo basse/batterie qui en impose avec classe et une matûrité étonnante venant de la part d'un groupe qui n'en est qu'à sa deuxième année d'existence. Le son est gras, le chant fédérateur, la machine parfaitement huilée et le combo navigue entre ses influences sans jamais céder au déjà entendu cent fois auparavant. 7 Weeks jongle les yeux fermés entre les Kyuss, Metallica, Soundgarden et autres Queens of the Stone Age tout en gardant cette énergie brute de décoffrage et cette griffe personnelle qui fait le bonheur de nos esgourdes forcément ravies d'être aussi bien traitées. Impérial. Julien Bernard (chant et basse), Jeremy Cantin-Gaucher (batterie), Philippe Blanchard (lead guitare) et Fabien Durand-Auzias (guitare rythmique) avaient composé d'excellents titres pour leur première démo éponyme, à l'occasion de ce B(l)ack days, il nous les remettent dans les tympans et c'est là l'occasion pour nous de redécouvrir (et pour les autres de découvrir tout simplement) des titres qui se bonifient avec l'âge, aussi tranchants que le phénoménal et jouissif hymne stoner rock qu'est "The score", direct et très "in your face" ou le plus sombre mais pas moins efficace "In the name of God". Entre temps et dans le genre : option boucherie "il y en a un peu plus je vous le mets quand même", les limougeauds font l'éloge de leur propre puissance avec un "Waiting for resurrection" ou "Down" déjà entendu sur la première démo du groupe et toujours aussi couillu et ravageur... comme une évidence pour un B(l)ack days qui se révèle être un vrai must, aussi puissant qu'inspiré et surtout terriblement efficace. A écouter d'urgence histoire de se préparer au choc, car la prochaine fois, on risque de ne pas s'en remettre...

7 Weeks / Chronique EP > 7 weeks


7_weeks.jpg Il faut le reconnaître, internet et notamment une plateforme comme myspace a (parfois) vraiment du bon. Parce si les gros groupes et certains webzines (dont le W-Fenec) l'utilisent comme un outil promotionnel, de jeunes formations encore relativement méconnues peuvent le faire également. Et si dans la masse des dizaines de milliers de formations qui naviguent aux quatre coins de la toile, on trouve à boire et à manger, il arrive aussi que l'on déniche un groupe qui vaille très largement le coup que l'on s'attarde quelques instants sur son cas. 7 Weeks est assurément de ceux-là. Après quelques titres découverts via un mail du groupe qui nous a orienté vers la page myspace (c'est bien il y en a qui suivent...) du groupe, la première démo éponyme signée 7 Weeks débarque quelques jours plus tard dans la boîte aux lettres du webzine à dents (pardons oreilles) longues. Et là, c'est le clash, la grosse mandale en pleine tronche, ce que l'on avait entrevu sur myspace explose sévèrement les enceintes sur CD.
Et pourtant, ce n'est "que" de l'autoproduit. Quand même, dès le premier titre "The Score", le stoner metal/ rock de nos compatriotes casse des briques à main. Le groupe semble avoir la gachette facile et comme il vise particulièrement bien, ses riffs atomiques font instantanément de gros dégâts sur la cible. Instrumentalement, c'est massif et puissamment jouissif. Entre section rythmique fulgurante et guitares furieusement abrasives, le groupe conjuge le feeling du stone brut à la lourdeur d'un metal alternatif solidement burné. Et comme le chant n'est pas sans rappeler les innénarables Eagles of Death Metal ou QOTSA, inutile de préciser que l'on en prend pour son pesant de cacahuètes. Plus taillé pour les stades, "Down" second titre de cette première démo, nous révèle l'autre face de 7 Weeks, celle d'un groupe capable d'accoucher de tube bétonné jusqu'à la moëlle et immédiatement fédérateur, à défaut d'être d'une inventivité démentielle. On enchaîne avec "In the name of God" et le groupe continue de nous jeter en patûre un rock racé (façon Kyuss et Motörhead) aux influences stoner et ambiances métalliques avec un seul but : primaire mais terriblement excitant : l'efficacité à tout prix. Convaincu que le rock est leur seule religion, les mecs de 7 Weeks laissent le feu sacré s'emparer de leur âme pour nous livrer ce morceau où ils se montrent capable de pondre des morceaux qui dépassent le simple cadre du tube rock. Basse surexcitée, lignes de grattes mouvantes et souterraines, instrumentations façon bulldozer metal, le combo frenchy aligne sur la platine un quatrième et dernier titre qui dévient définitivement enterrer nos réserves et confirmer tout le bien que l'on pense de lui. 7 Weeks est parvenu en quelques tires à la hauteur des plus talentueux espoirs hexagonaux du genre (avec Glowsun ou The Howling). La flamme du stoner rock brûle en eux ? Qu'il en soit ainsi. Amen.