A l'heure de la sortie de leur nouvel et excellent album A farewell to dawn, c'est Julien, homme à presque tout faire (basse, guitare, chant, clavier) de 7 Weeks qui s'empresse de répondre à nos questions sur cette dernière production et l'avenir proche d'un groupe au sommet de sa forme.
C'est votre septième disque, est-ce que vous apprenez encore des choses en studio ?
Oui, on apprend toujours en studio surtout qu'on n'a jamais été deux fois au même endroit et avec la même personne. Avec Francis, on a découvert quelqu'un qui travaille un peu tout en même temps, il mixe déjà un peu dès les prises et masterise tout au long du mixage par exemple.
Comment vous avez choisi Francis Caste ?
On le connaissait de réputation et nos amis de Klone qui avaient mixé un disque chez lui nous l'avaient chaudement recommandé.
Vous sortez l'album sur votre label, F2M Planet, personne n'en voulait ? Ça ne marchait pas avec Klonosphère ?
On dirait un peu du Paris Match ta question ! (rires) Toutes nos productions sont sorties chez F2M Planet qui est notre propre label et producteur de tous nos disques. Ça marchait très bien avec Klonosphere mais on a été contacté par Overpowered Records qui nous a proposé un deal de licence. Cela implique par exemple que le label licencié presse les disques, prend en charge la promo, etc.... ce qui n'était pas le cas avec Klonosphere.
Pourquoi être passé par un EP entre les deux albums ?
A la fin de la tournée Carnivora, soit une centaine de dates en France et Europe sur 2013/2014, on avait besoin de breaker et on s'est retrouvé à répéter à Sédières en pleine campagne corrézienne où on s'est senti tellement bien qu'on a décidé d'enregistrer quelques titres avec un studio mobile pour le sortir à l'occasion de notre tournée en support de Triggerfinger fin 2015. Cet EP Bends qui a une touche plus bluesy et folk que les autres albums était une sorte de parenthèse, pas une évolution.
Est-ce qu'il y a des éléments d'ordre musical ou technique que vous vous êtes refusés de reproduire sur A farewell to dawn ?
Non, on ne se met plus de barrières depuis longtemps, on prend juste ce qui nous semble le plus cohérent une fois tous les titres rassemblés. Après, ce sont plus des envies sur le moment qui nous guident mais même ça, c'est assez subjectif puisqu'on était parti au départ sur un album plus dur et au final, il est très ambiant... Et dans le même temps, c'est notre album le plus heavy.
Étiez-vous totalement prêts en entrant en studio ? Ou avez-vous dû modifier certains titres ?
Oui, on avait tout maquetté de nombreuses fois, on savait exactement ce qu'on voulait et comment le jouer. Cependant, et c'est là la force de Francis Caste, on a vu certaines choses remises en question au moment de l'enregistrement et du mixage suite à des remarques ou propositions de Francis. Il a su ajouter sa touche et amplifier aussi bien les éléments les plus lourds que les plus légers.
A quel moment Shanka est intervenu ?
L'apport de Shanka a eu aussi cet impact, on recevait ses claviers par mail et c'était tellement riche qu'on retravaillait le morceau derrière et ce jusqu'au dernier moment puisque, par exemple, les claviers de "Ohka" ont été envoyés par François suite à un coup de fil en studio où je lui demandais de me faire des claviers à la "Johnny Favorite", le personnage de Angel heart car on trouvait que ça irait super bien. Ce qu'il a fait en 15 minutes chrono !
Écrire à deux, c'est plus facile ?
Non, mais décider à deux oui.
Comment vous faites pour choisir quel titre mettre en avant, ils sont tous bons, non ?
C'est vrai que pour ce disque on a eu du mal à choisir car il n'y a pas deux morceaux pareils, c'est une sorte de best of de ce qu'on sait faire. On savait que "Kamikazes" était un bon morceau mais sans une trop grande surprise, on l'a mis en premier single, puis on a sorti "The ghost beside me" qui prend un ton plus sombre, plus ambiant et enfin on a sorti "January" en clip car il a ce côté synthétique à la NIN qui peut surprendre certains fans de 7 Weeks.
Ce clip de "January" est super classe, ce sont vos idées ou vous arrivez à déléguer ?
Contrairement aux précédents clips, on a vu le résultat qu'une fois le clip terminé, on n'avait aucune idée des images scénarisées. On a été conquis direct. Donc oui, on a su déléguer et pour le meilleur, David et Pierrick sont des amis, c'est leur premier clip mais je crois qu'ils vont en faire d'autres car le résultat est top. On s'était juste concerté avant qu'ils tournent pour être sûr que leurs idées qu'ils avaient basées sur la musique uniquement étaient cohérentes avec le sens du texte.
Peux-tu nous présenter Lionel Londeix qui a réalisé votre pochette ?
Là encore, c'est un ami... On a voulu, pour cet album, s'entourer uniquement de gens proches de nous dans la région à qui j'ai confié quelques idées et images et qui a sorti cet assemblage assez barré et majestueux.
Les collectivités territoriales sont partenaires de l'album, en quoi ça consiste ? C'est uniquement des aides financières ? Vous assurez la promo de Limoges ?
La ville de Limoges aide notre label F2M Planet à hauteur de 600 €, le département 1000 € et nous sommes en conventionnement avec la région, c'était d'ailleurs encore le Limousin quand ça a été fait, pour une aide partagée avec d'autres partenaires qui tourne suivant nos activités autour de 2000 €. Ce sont pour la plupart des aides au projet.
On parle d'une tournée européenne, on peut en savoir plus ?
Le tourneur Base Prod travaille actuellement sur 2017 et l'Europe est bien sûr prévue pour ces dates. Le disque sortant en Allemagne/Benelux et en Angleterre en novembre, on espère avoir des dates sur ces pays-là, c'est actuellement travaillé.
Il y a des comparaisons qui vous énervent ?
Non, on nous dit souvent qu'on fait du QOTSA, soit c'est très flatteur pour nous, soit moins pour eux. A vrai dire on s'en fout un peu de tout ce qui peut se dire, mais sur cet album en plus on ne nous compare pas à grand-monde, la plupart reconnaisse notre singularité.
Y-a-t'il des groupes que vous jalousez ... positivement ?
Je jalouse toujours positivement un groupe qui, quand il monte sur scène, a l'air légitime. La création, la recherche artistique. Tout ça c'est très bien, mais ça s'adresse souvent à des niches, des esthètes, des jugements figés dans le temps. L'aura, le charisme, le fait de dégager suffisamment pour transmettre quelque chose, ça c'est autre chose. La musique doit être un vecteur, on l'oublie un peu aujourd'hui, on la sacralise alors qu'elle est consommée comme un vulgaire produit, on la "ulule", on l'intellectualise... Ce n'est que de la musique et c'est déjà pas mal. Donc quand je vois un groupe monter sur scène sans aucune prétention et qui dégage de la légitimité, ça ça me plait, ça me motive, j'ai envie de faire partie de ça.
7 Weeks dans la vie de tous les jours, c'est qui ?
C'est essentiellement Jeremy et moi, 2 mecs qui défendent ce projet depuis 10 ans, je ne pense pas qu'on soit au fond si différent dans la vie que sur scène, juste moins expansif, sinon ce serait épuisant !
Merci à Julien et 7 Weeks, merci également à Roger et Replica pour le relais ultra efficace.
Crédit photo : Ardonau