7 Weeks plays Dead of Night Après avoir écumé les scènes stoner de France et de Navarre avec un premier EP puis un album studio inaugural plutôt remarqué (en même temps c'était une sacrée baffe) et en attendant de conquérir le reste du vieux continent une fois son prochain effort long-format finalisé - c'est en cours à l'heure où sont rédigées ses quelques lignes -, 7 Weeks s'offre avec ce 7 Weeks plays Dead of Night une sorte de "récréation" électrique en livrant la bande-son de son ciné-concert, enregistré pour le film "Dead of night" (une série B d'épouvante signée du regretté Bob Clark et datant de 1974, assez peu connue sorti des réseaux des mordus du cinéma de genre).

Du stoner-rock bien rocailleux et solaire sur un film de trouille, l'idée peu paraître drôlement casse-gueule, voire carrément mauvaise si bien que les 7 Weeks ont eu la jolie inspiration de ne pas donner dans ce qu'ils savaient, au départ, faire de mieux et ainsi de respecter le matériau de base en se donnant la peine de faire évoluer leur musique vers quelque chose d'aussi intrigant que réussi. Il en résulte une sorte de psycho-stoner-metal flippé, aux ambiances aussi lourdes que malsaines, pesantes et organiques. Un very bad trip musical, sans les images (sauf en live évidemment) dont le groupe distille les effluves sonores en explicitant plutôt très bien ce que l'on ne voit pas. Evidemment, sans scénario devant les yeux, on ne peut que laisser courrir notre imagination, guidé par un 7 Weeks qui sait parfaitement où il veut nous emmener et de fait, le résultat est assez saisissant.

Les Limougeauds livrent une partition parfaitement maîtrisée, sombre et tortueuse au sein de laquelle l'auditeur vient se perdre, attendant fièvreusement dans le noir qu'ils daignent enfin rallumer la lumière. Un faux album qui distille des images que l'on n'est pas forcément certain de vouloir voir en n'importe quelle circonstances et des morceaux qui sont autant de séquences d'un film où le frisson est un mécanisme réglé comme du papier... à musique. A l'image d'un visuel ne laissant guère augurer grand chose de très positif en termes d'atmosphères ce 7 Weeks plays Dead of Night distille des lignes de basse aux ambiances étouffantes, quelques rythmiques puissantes appuyant les pics de tension et un psychédélisme macabre (appuyé par des dialogues samplés du film), vaguement dissimulé derrière le rideau d'un riffing stoner/rock métallique qui lui n'a par contre rien de Grand-guignol. Loin s'en faut.

Stupeur et tremblements au programme de ce film invisible mais pas inexistant (pour que l'on mette la main sur la DVD sorti sous le titre Le mort vivant en France) et surtout un album qui n'en est pas vraiment eux mais qui témoigne de la capacité de remise en question d'un groupe jusque là exclusivement estampillé "stoner-rock" et qui démontre par là-même que le genre est certainement moins cloisonné que ce que la conscience collective ne le laisse supposer. Et en prime, à l'instar de ce qu'ont pu faire Jenx, Sleepers, Zenzile ou Year of No Light ces dernières années ou même encore très récemment We Insist !, 7 Weeks s'offre le luxe de réduire encore un peu plus le spectre séparant le rock au sens large des sphères du 7e Art... Plutôt la classe quand même.