What's next ? s'interrogeait 7 Weeks après son sublime Sisyphus. La réponse, c'est Fade into blurred lines, une disparition dans des lignes floues ? Ça ne nous avance pas vraiment. La réalité, c'est que le groupe n'a pas choisi de direction, il les a toutes prises. Aussi bien celles qui nous emmènent vers un rock plus brutal que celles qui nous guident vers des rivages chaleureux proches des derniers titres unplugged de l'EP précité.
Le ton est donné avec "Gorgo" qui traîne son spleen le long d'une intro intimiste et devient vindicatif avant de laisser la place à un chant très clair qui peut faire penser à Chris Cornell (Soundgarden) ou Eddie Vedder (Pearl Jam) le temps que la guitare reste claire. Ensuite, on repasse en mode plus "stoner" revenant ainsi aux fondamentaux de 7 Weeks. La basse s'excite, la guitare plaque sa séquence répétée de gros riffs, seuls les mots et des notes venues de la 6 cordes nous permettent de sortir de la boucle avant de replonger dans ce refrain punchy. Que d'émotions et ce n'est qu'un seul titre ! "Up the pressure" connaît moins de variations, mais se fait remarquer par des sonorités électroniques qui semblent venir du futur mais se mélangent très bien à l'ensemble. Avec "Shimmering blue", la tension retombe, le travail réalisé sur les morceaux acoustiques a certainement marqué le combo qui tels les gros groupes ricains livrent ici une ballade électrique toute en puissance. La basse reprend de la vitesse et du groove pour "Blackhole your heart", titre plus linéaire, plus direct mais qui ne relance pas la machine qui ralentit de nouveau avec "Castaway". Le chant fait son chemin autour d'une guitare assez lumineuse, 7 Weeks va au bout de ses idées, les exploite sans se soucier de savoir si ça coche des cases ou rentre dans des tiroirs, le résultat est aussi fantasque que fantastique. Qu'est-ce qui vient après un titre doux ? Un morceau plus rentre-dedans évidemment, on est servi avec "Wax doll" et sa rythmique frénétique, ses effets soignés et sa ligne de chant pleine d'allant. Et quand ça accélère encore, c'est juste jouissif. Il fallait bien un "Mute" pour s'en remettre, encore une plage très intimiste, poignante, dominée par la voix de Julien, parfois renforcée de quelques chœurs, c'est simple et beau. En ajoutant du muscle, tu as l'intro de "Windmills", encore un titre qui fout les poils. Des "Moulins" avec un Don Quichotte métallique en artwork et héros de différents clips, on tient là, à n'en pas douter, l'un des titres phares de ce nouvel opus. J'adore tout mais un peu plus cette sensation de relief qu'ils donnent à la compo en variant les intentions et les sons. Fade into blurred lines aurait pu s'achever sur ce sommet mais on termine le voyage avec l'acoustique "Travellers" qui permet une redescente en douceur et aux dernières notes de disparaître dans ces lignes floues.
7 Weeks fait ce qui lui plaît, avec Fade into blurred lines, ils ne font pas les choses à moitié, peut-être qu'à être aussi tranchés, ils se couperont de certains, mais tant pis pour eux s'ils n'ont pas de cœur, ils passent à côté d'une sacrée aventure.
Publié dans le Mag #58