zombie eaters : bruitRiste Avec Loveherdose, les Zombie Eaters nous avaient déjà bien comblés, voilà qu'ils passent le cap d'un album au grand complet, avec Fred Foulquier en personne aux commandes, un mix et une production soignés, et des guests de taille. La production est lissé, le son clair, un cap est franchi. "Bruit(r)iste", commence l'album du même nom, un peu bruitiste, moins bruit triste, le titre est une marmite sonore, entre refrain très chantant, en fait très pop dans l'âme et des ponts, amalgames sonores très métals, qui courcircuitent d'éventuelles impressions trop légères. Le bruit, le vrai, Zombie Eaters le maîtrise sans consessions, sans à priori. Le chant comporte quelques originalités qu'il est bon d'entendre, la basse torture le fond de l'oreille, ça gratte, ça fait du bien, peut-être un peu trop saturée ? -Je ne supporte plus le silence-, c'est sûr qu'avec un titre comme "Bruitiste'" on s'éloigne du silence d'Or. "EZ28U" (Easy to hate you, pour les lents), ammène d'autres sentations, l'intro est syncopée, très soupçonneuse, mais rapidement enveloppée par une deuxième guitare qui joue son rôle délicat de wrapper, subtil et délicat cocktail, tout en saturation, en finesse, une troisième guitare se rajoute même, assez subtile production d'accords glissants. Le chant est haché, ciselé à la guitare d'une pointe accérée, entre cris primitifs et plaintes urbaines, les passages sont basiques, efficaces au possible, Zombie Eaters est arrivé à synthétiser la nature même inhérante du métal, cette saveur froide, cette sensation de coupure, cette densité volumique. L'espace est rempli sans difficulté apparente, fruit d'un gros travail au sein du groupe. Bob de Watcha en personne sur "Diatribe", le guest est de taille, la chanson également dense. Une basse qui martèle inexorablement, terrible travail de sape dans les bas fonds sonores, la petite contine est assassine, la batterie monte en force, la guitare fuse à tous va, influence un peu trop KoRn sur certains passages, mais le reste est du pur Zombie.
Zombie Eaters continue son travail acharné, rempli d'obsessions traumatiques, aidés des guitares très industries, fusions de vapeur périodiques, ou alors plus vastes et dégagées. Métal très soluble, qui s'ingère ave envie, "Soluble" comporte beaucoup des particularité de Zombie Eaters, leur touche particulière, la manière d'insérer d'autres voix, le groove guitare-batterie, cette basse abyssale, ce chant ubique qui ronge le cerveau.
Très majestueuse l'intro de "Chloé", piano + violoncelle, avec un craquement de vieux vinyl pour l'ambiance, part sur une influence légèreemnt plus indus, répétition plaintive, l'entrée de la guitare et du chant est impressionnante, entrant en résonnance avec le piano, après un coup de sang d'une croche, la voix est douce, chalereuse, puis la guitare redevient métal, très court passage violent, entrecoupé -Silence, Absence-, guitare qui résonne dans une boîte de fer, une basse qui se substitue à un violoncelle, le piano revient à brûle-pourpoint, la violence revient à la charge, encore plus électrique, la fin concentre les énergies, guitare puissante, basse saturé en appui, voix chargés, puis doucement s'évanoui dans un lent decrenscendo. "Chloé" est un merveilleux assemblage d'objets, de sons, de sonorités hétéroclites, mit en forme d'une main de maître, -elle vit parfois sans qu'elle y pense-, un piano qui trouve naturellement sa place dans cette compo très métal, des voix variés sensibles, vibrant en harmonies sur un lit de saturation acharné, même trois scratchs bien cachés. Si la Chloé en question existe, vue comment elle a inspirée les Zombie, je veux bien la rencontrer. Dur d'enchainer à un morceau comme celui-là, mais "F.N.M." se débrouille pas mal dans cette tâche, une basse très saturée, des voix très chantantes, un hurlement glaçant, des passages quasiment silencieux, chuchotés -La bouche embrasse la main, qui étouffe tes cris-. La facture du morceau est assez classiques, certains passages déjantés, pas mal d'influences de Faith No More. Une basse ronde qui fait son chemin, d'un pas assuré, une batterie qui claque le temps, une guitare en retrait, "Drugqueen" commence bien et continue encore mieux, syncope bien senti, balancement ternaire surprenant, un triolet de noires qui booste le refrain, le propulse sur des cieux métalliques, appuyé par une grosse caisse qui rebondit pile là où ça fait mal. Brouillard sonore, noeuds voix-guitares, "L'élément liquide" adhère à cette tradition des refrains très pop, mais beaucoup mieux senti ici, que chez certains groupes U.S., une guitare marteau-piqueur au ralenti, un son bien nourri, organique, bouillon électrique de sensations liquides, un goût salé dans la bouche. Dring, cette fois on entend bien le "Dick Laurent is dead", normal une fois qu'on sait ce qui se dit dans le film de David Lynch, déjà présent sur Lovherdose "Camereye" renvoie à des sons plus piquants, acérés, et toujours cette basse qui sait se faire indispensable, travailant ardamment à l'instauration d'une ossature solide. Intro volontairement faiblarde pour "Vice", le coup de bambou arrive après, plus introspectif, plus intérieur, tout le tourbillon du "Vice" est subjectif, très retenu, la pression interne monte, sans réellement exploser, pessismisme ultime. Guitare pop, folk, mais qui prends tout de suite plus de corps avec saturation, basse et double cliquetis de batterie, la suite est plus sombre, moins mainstream, aussi étrange, le refrain a son riff folk décalé qui trouble, une voix qui se déchaîne.
Zombie Eaters monte d'un cran sur l'échelle du potentiel, Bruit(r)iste est un album bien produit, avec des perles métalliques ("Chloé", "F.N.M."), un peu hétérogène parfois, mais fidèle à l'image des Zombie Eaters, assez déjanté quand il le faut (cf. la piste cachée, terrible coup de fouet aux 80's !), très maître de leurs compos, original et subtils parfois.