Zatokrev - The bat, the wheel and a long road to nowhere Un début parcours chemin d'embûches au sein de l'industrie du disque ? Oui, Zatokrev a eu (un peu) de mal à sortir ses premiers disques, pourtant de grande qualité (cf : biographie). Encore plus à les diffuser de manière à ce qu'ils reçoivent l'intérêt qu'ils méritaient pourtant assurément. Mais ça, c'était avant... Parce que maintenant, le groupe suisse a pour partenaires de labels Emperor, Corrosion of Conformity, Orange Goblin ou encore Vision of Disorder (rien que ça) et que c'est donc chez Candlelight Records qu'il sort son troisième opus long-format avec The bat, the wheel and a long road to nowhere. Une oeuvre riche et abondante à ranger entre entre post-core érodant, sludge apocalytique, doom des cavernes, post-rock discret et black-metal méphistophélique, qui pousse le groupe dans ses derniers retranchements artistiques.

Parler ici de "long-format" relève de l'euphémisme. Parce que Zatokrev a mis les petits plats dans les grands et dépoussière les enceintes dès la première piste avec un "Goddam lights" intense et bestial qui "n'est que" la première partie d'un ensemble s'étendant tout de même sur près d'une heure et quart de musique. En fait, le groupe a mis tout ce qu'il avait en lui dans cet album et cela se ressent dès les premiers instants. Intro post-rock métallisée, éclairs screamo/hardcore aux relents black-metal, pont ambient/post-rock velouté et murailles postcore/black érigées en fin de morceau histoire de briser les dernières velléités de résistance de l'auditeur face à la déferlante suisse. Un tsunami émotionnel mis en scène à la quasi perfection par un groupe qui sait exactement où il va et surtout comment y aller... quitte à jongler avec ses propres émotions et démons intérieurs.

Empruntant les sillons d'un sludge/doom épais sur "9" pour mieux écraser son auditeur, le groupe s'offre par la suite un "Rodeo with snakes" en raccourcissant singulièrement le format ("seulement" 4'45'' pour ce qui sera le morceau le plus court de l'album). Zatokrev en version "light", ce n'est pas vraiment naturel sur cet album alors les suisses remettent rapidement les gaz sur un "Medium" dépassant cette fois la dizaine de minute. Même cause, mêmes effets que sur les deux premiers titres. Les vagues postcore/doom viennent s'écraser sur les enceintes et le groupe atomise littéralement la platine, l'enterrant sous une chape de plomb, s'offrant dans la deuxième partie du morceau un road-trip en territoire black/drone caverneux et horrifique, avant de basculer dans des courant prog-metal légèrement old-school sur un "The wheel" pas particulièrement heureux dans ses entrelacs mélodiques. Une digression stylistique un peu poussive (?) vite compensée par une rage retrouvée sur le dyptique "Feel the fire pt.1" et "Feel the fire pt.2". Intense oui, cathartique surtout. Plus en tous cas que sur "The bat" qui traine sérieusement en longueur, surtout pour "dire" ce que le groupe a déjà exprimé par ailleurs au sein d'un album se révélant au final un peu trop dense bien qu'intelligemment aventureux, avec notamment ce final ("Angels of cross") frayant à souhait avec le Malin.

Un peu long donc avec quelques redites et deux trois coupes à effectuer sans doute, mais un album qui fait la jonction parfaite entre tout ce que le groupe a su produire avant lui et écrire aujourd'hui. Un disque-somme formant la clef de voûte d'une discographie qui mériterait un autre sort que celui que l'on lui a trop souvent réservé. Une oeuvre majeure du genre (ou des genres) ? Presque... en tous cas, on n'en est pas passé loin. Mais le Zatokrev ultime, c'est une évidence. Pour le moment.