YOG - Half the sky Il y a des jours comme ça où l'on se lève avec l'impression d'avoir passé la nuit avec la tête dans un étau et que le reste du corps a fait connaissance avec le sanibroyeur des water... Half the sky de YOG fait un peu le même effet. Non en fait il fait "pire"... plutôt du genre à donner le sentiment de sortir du lit avec un casque allemand à pointe porté dans le sens généralement déconseillé. Cela dit, reconnaissons au moins que l'intro du titre inaugural de l'album n'incite pas à l'hyper-violence corrosive. Par contre le reste... Une fois passées les petites douceurs protocolaires de bases, les suisses enclenchent la marche avant pour que "Needle in black" délivre toute la sève math-metal sulfurique requise afin de carboniser les enceintes. On préfère prévenir de suite : ça va faire mâl(e).

"92%" (de violence épidermique) se présente sur le lecteur et voit les YOG envoyer tout ce qu'ils ont dans les chaussettes, le temps d'une déflagration particulièrement hargne-core, soit façon Converge vs Dillinger Escape Plan vs Napalm Death en mode helvète. Les ruptures de rythme sont légions, les lignes de "chant", complètement décharnées, le groupe se plaisant à varier les plaisirs masochistes afin de se libérer ses fantasmes créatifs. Autant de chimères métalliques qui célèbre le règne du blast comme principe fondamental et le déluge de riffs qui nous arrivent par rafales. Une batterie qui frappe à 6,000 coups minute, des lignes de basses outrageusement insaisissables, une technicité de pointe mise au service d'un savant cocktail distillant allègrement rock, hardcore, math-metal et grind des familles pour un résultat parfaitement déviant ("Solar nature") évoquant (on ne peut pas ne pas les citer) les cultissimes Nostromo. On ajoute à cela une prod' très sèche, presque aride, qui rend la séance de trépanation ici imposée... encore plus écorchée vive et on sert ça brûlant. Plaisir subversif garanti.

Le genre d'album qui vient te rouler dessus comme une une division de panzers en mode "blitzkrieg", sauf qu'en fait, bah tu aurais préféré que ce soit réellement le cas. Half the sky aligne les titres les plus turgescents ("Calculate the plan and escape", "Stones"...) sans jamais perdre de cette verve corrosive emmenée par un chant des plus viscéral. Tout est dans les titres ou presque : "Fist fuck on the way home", "I shall scream a beginning" ou "Plastic child", on retrouve cette folie décapante et les incessantes ruptures de rythme caractérisant les travaux de DEP et en même temps une forme d'énergie hardcore punk assez propre aux tueries made in Deathwish Inc.. Quelque soit la tentative de comparaison que l'on propose, YOG s'asseoie dessus et poursuit son entreprise de démolition que l'on classera dans la catégorie "math-grind". Hystérique, chaotique et en même temps salement violent ("Ugly liars behind baby masks"), l'album réserve quelques moments de folie pure que rien ne semble décemment pouvoir entraver ("Breaking the spell"). Et c'est tant mieux tant le groupe y va gaiement dans le démembrement auditif histoire de nous claquer une jolie fessée qui laisse l'arrière-train bien écarlate.