Né en 2001 du côté de Bordeaux, Year of No Light fait ses premiers pas musicaux en s'inscrivant dans le lignage des Isis, Cult of Luna et autres Neurosis, classiquement cités lorsqu'il s'agit de catégoriser les frenchies. Pourtant, dès ses débuts, YONL fait montre d'une vraie personnalité musicale, qui va être mise en exergue en 2004 avec un premier essai sobrement baptisé Demo et paru via le (à l'époque) jeune label Radar Swarm (Caldera, Cortez, Omega Massif, Superstatic Revolution, Time to Burn...). Les premières critiques sont alors élogieuses mais c'est en 2006 lors de la sortie de Nord (toujours via Radar Swarm pour la version CD et Atropine Records/E-Vinyl pour l'édition vinyle), premier album du groupe, que Year of No Light explose à la face du monde. Critique et public sont à genoux et les bordelais s'imposent dès leur premier album comme l'un des groupes majeurs du mouvement post-hardcore hexagonal. En 2007, Nord fait l'objet d'une réédition sur le territoire nord-américain via Crucial Blast Records.
Infos sur Year of No Light
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Et ça tu connais ?
Rubrique :
Einna
Des Toulousains qui ont la hargne-core......
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My Own Private Alaska
Un trio post-classique/hardcore/rock inclassable mais brillant...
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Rosetta
L'une des plus fascinantes formations postcore US du moment......
Liens pour Year of No Light
- yearofnolight.free.fr: site officiel (354 hits)
- yearofnolight: MySpace (361 hits)
Year of No Light discographie sélective
lp :
Consolamentum
...
lp :
Tocsin
...
split :
Mars Red Sky | Year of No Light
...
split :
Thisquietarmy | Year of No Light
...
lp :
Nord [Deluxe Edition]
...
lp :
Live at Roadburn 2008
...
lp :
Ausserwelt
...
split :
YONL | Machu Picchu Mother Future
...
lp :
Nord
...
Year of No Light dans le magazine
Numéro :
Mag #48
Oui, on a mis du temps entre les deux derniers mags mais entre l'impression papier du 47, les vacances, des déménagements et la préparation de ce gros #48, ne va pas croire qu'on se soit reposé sur nos lauriers. Et on a un patron en couv' ! Yarol pour vous servir. Merci à lui et à tous les groupes qui nous répondu à nos questions et que tu retrouves donc en interview : Mira Calls, Shewolf, La Jungle, Troy Von Balthazar, Primal Age, We Hate You Please Die, Twin Souls, Mss Frnce, Crypta et Fauxx.
Liens Internet
- Glaz'Art : site officiel
- Prévention Audio : Prévention Audio
- Tomypunk : webzine punk emo ska punk
Métal > Year of No Light
Biographie > YONL
Review Concert : Year of No Light, General Lee à la cave aux poètes (nov. 2010)
Interview : Year of No Light, Interview of no Light (avr. 2011)
Year of No Light / Chronique LP > Consolamentum
Il y eut quelques années sans lumière et le noir est revenu.
Certains avaient pu penser que le tocsin s'était transformé en glas mais il n'en était rien, la grande maladie n'avait pas eu raison des Girondins, elle avait seulement ralenti leur retour. Leur rencontre avec l'océan en Germanie était écrite depuis leur naissance, comme la boussole indique toujours le Nord, les grands esprits finissent toujours par se lier. Après une longue gestation, cette union donne naissance à un assemblage (wisi)gothique qui vise la perfection comme le pardon chez ceux qui prônent davantage de simplicité et une vie hors des cadres établis. Le pardon leur est accordé.
Non seulement car on touche à l'absolu mais aussi car le consolamentum ne se discute pas. Il s'impose non seulement comme leur vérité mais aussi comme la vérité issue des entrailles les plus sombres. Empreints de spiritualités empruntées dans l'Histoire, les thèmes parlent d'eux-mêmes (et c'est tellement mieux ainsi). Soit ils ouvrent d'autres chemins de pensée soit ils nous enfoncent sous des idées aussi lourdes que ciselées mais c'est toujours perclus de sensations qu'on s'en extirpe pour finalement y replonger.
Ceux qui s'aventureront dans ces contrées sauront garder à l'œil un point lumineux, parfois il faiblit, parfois il grandit. Incandescent, il brûle à l'horizon comme à l'estomac. Cette lumière est viscérale, vitale, son combat contre les ténèbres est un paradigme, au plus fort des tempêtes, elle vacille et si elle finit par sembler faillir, on sait qu'elle rejaillira.
Pour l'heure, c'est une année sans lumière.
Le noir est là.
Omniprésent.
Omnipotent.
Brûlant.
Une année sans lumière.
Publié dans le Mag #48
Year of No Light / Chronique LP > Tocsin
On aurait pu croire qu'en rejoignant les rangs de la discrète (médiatiquement parlant) mais puissante écurie Debemur Morti Productions, plutôt orientée black-metal à la base (cf : Blut Aus Nord notamment), Year of No Light allait opérer un virage artistique l'emmenant sur des sentiers créatifs voisins de la ligne éditoriale de son label. Mais celui-ci s'étant ouvert ces derniers temps à un spectre artistique, disons plus large qu'auparavant (en témoignent les signatures récentes de Dirge ou Rosetta), il n'en est finalement rien. Quoique en fait si un peu quand même. mais pas comme on s'y attendait. On va y revenir plus loin.
Mais d'abord, avec sa griffe post-metal/doom/post-rock sentencieuse et transcendantale, YONL délivre un morceau-titre inaugural qui pose son univers. Introspectif, profond, immersif. résolument cinégénique (on connaît l'amour du groupe pour le 7ème art depuis le ciné-concert Vampyr). 13 minutes et des poussières d'une symphonie du chaos en un seul et unique mouvement. Suffisant à l'heure de faire étalage de toute sa classe. Car comme à son habitude, le six-majeur bordelais œuvre dans un registre post-metal/heavy-doom/shoegaze majestueux et immersif, proposant une mixture sonore à l'intensité obsédante comme à la noirceur claire/obscure palpable. On est ici en territoire relativement connu, l'inspiration constante du groupe faisant le reste afin d'en métamorphoser les contours. Et surtout magnifier sa puissance évocatrice en termes d'impact émotionnel.
On comprend à peu près où ils semblent vouloir en venir, puis surprise, les Year of No Light livrent avec "Géhenne" un morceau comme on n'en attendait pas de leur part. Surtout pas à ce moment de l'album. Pourtant, le résultat est d'une implacable efficacité formelle doublée d'une réelle créativité en termes de fond. Avec un titre qui lâche les chevaux, échappe à la grisaille pour s'en aller vers la lumière, emportant avec lui son auditoire dans un tsunami sonore au tempo enlevé mais à la densité toujours aussi saisissante qu'à l'accoutumée, le groupe n'hésite pas à oser casser un peu caractère potentiellement prévisible de son oeuvre. Une rupture de rythme et d'atmosphère pour un collectif qui revient rapidement à ses premières amours pour une musique (relativement) lente et ténébreuse ("Désolation"), des pièces-fleuves aux développements subtils qui semblent vouloir nous emmener vers une inexorable fin des temps musicaux ("Stellar rectrix").
Trois guitares, une basse, deux batteries et autant de possibilités infinies pour un projet en évolution perpétuelle, quelque part au croisement entre le sludge-doom à l'épaisseur lithosphérique, le post-metal onirique et le Hard originel, Year of No Light sonne avec ce Tocsin les premières mesures d'un éloge funèbre en forme de catharsis désespérée. Un dernier adieu enveloppé d'une mélancolie décharnée et d'une poésie aussi noire que vénéneuses ("Alamüt"), que les sorciers du doom et post-metal frenchy psalmodient en étant comme à l'heure habitude, littéralement habités par leur Art.
Year of No Light / Chronique Split > Thisquietarmy | Year of No Light
Sorti au printemps via Destructure Records au format vinyle LP et rapidement épuisé (ça c'est sans doute l'effet YONL), le split réunissant les postcoreux (mais pas que) bordelais et le one-man-band canadien Thisquietarmy a aujourd'hui droit aux joies d'une réédition CD par le biais du toujours excellent et très indépendant ConSouling Sounds (AmenRa, Alkerdeel ou encore Syndrome et Royal Talons...). Un programme forcément alléchant pour un ensemble de 4 titres présentant ce que les sphères indépendantes de l'underground ambient, postcore, sludge et doom hexagonal d'une part, drone/ambient/shoegaze canadien d'autre part peuvent offrir de mieux.
Titres fleuves (entre 8 et 12 minutes trente à chaque fois), atmosphères ombrageuses et sinusoïdes métalliques à tous les étages, Year of No Light comme Thisquietarmy délivre des pièces dont la lourdeur se veut oppressive, la noirceur saturée, la déviance auditive parfaitement assumée. Même si sur le premier titre du split, "Vous êtes un nada mort marchant autour du visible", les frenchies ne donnent pas tout de suite dans cette violence cendrée au nectar de sang qui a fait sa griffe musicale, avant de s'offrir enfin un climax à la lourdeur postcore baignant dans une mare doom aussi épaisse que prégnante. Le tout est parsemé de quelques éclairs post-rock lumineux et confère au morceau une majesté propre au talent de YONL. Lesquels confirment quelques instants plus tard leur forme olympique sur le divin "Une odeur que je capte quand leur yeux explosent".
Derrière l'arôme romantique mais glauque du titre (allusion à peine voilée au Parfum, roman culte de l'allemand Patrick Süskind) se cache la première des deux collaborations franco-canadienne avec le canadien Eric Quach aka Thisquietarmy. Une pièce qui au royaume évanescent des odeurs, explore avec saveur les affres d'un abîme sonore saturé par les effluves bruitistes de l'ambient/drone fleuve et narcotique des deux entités. Une expérience particulièrement immersive renouvelée pour le final de ce split avec "Langue de feu", languissant, littéralement incandescent de part sa densité sonore aussi organique que palpable et succédant à un "Aphorisms" mettant cette fois en scène un Thisquietarmy en solo. Pour un résultat aux textures drone expérimentales angoissantes laissant ses grésillements souterrains s'emparer de la psyché de l'auditeur dans un souffle presque morbide. Une danse macabre sentencieuse à l'image de ce split CD/LP collaboratif exhalant des senteurs aussi hypnotiques qu'obsédantes. Classe.
Year of No Light / Chronique LP > Nord [Deluxe Edition]
Il y a maintenant six années (ou quasiment) sortait Nord via Radar Swarm, réédité un peu plus tard pour le marché nord-américain par Crucial Blast et agrémenté d'éditions LP luxueuses pour un résultat qui aura permis aux bordelais d'exploser sur la scène post-hardcore (au sens très large) et de s'affranchir de leurs frontières natales pour s'imposer comme les nouveaux patrons de leur catégorie. Le seul inconvénient d'un tel succès pour YONL étant de voir tout ce qu'il sort rapidement épuisé. Et comme en plus, le groupe est du genre productif, difficile de s'y retrouver sans passer à côté de la moitié de ses enregistrements. Jusqu'aujourd'hui et cette réédition Deluxe 2xCD parue chez Music Fear Satan (Aussitôt Mort, HKY, Revok...), l'un des spécialistes sinon LE spécialiste hexagonal en hard expérimental de très haute qualité.
L'intérêt de cette réédition était donc double : rendre de nouveau disponible partout un album qui allait finir par être compliqué à trouver dans sa version originelle (on ne va pas en reparler ici, on l'avait déjà fait il y a quelques années) ; et dans le même temps compiler sur un deuxième disque la quasi intégralité des enregistrements produits par le groupe sur support vinyle. Le programme est de fait alléchant entre un "Cimmeria" et un "Metanoia", parus tous deux sur un 3-Way split partagé avec East of the Wall et Rosetta, massivement écorché vif pour le premier, cataleptique et abrasif pour le monumental second. Entre-temps, Year of No Light livre des interludes aérés avec "Le rire mauvais des enfants sages", "Ils te feront payer tes crimes en monnaie de cauchemar" avant de basculer de nouveau dans la démence sur un "Adoration" (qui figurait sur un 7'' avec Karysun paru chez Denovali Records) aussi fascinant qu'aliénant de par ses textures rock'n'roll/sludge/black metal féroces et d'une densité palpable.
YONL exploré sous toutes les coutures au fil de ses différentes collaborations, d'un "Ils te feront payer tes crimes en monnaie de cauchemar" à l'ambient désenchanté poussant l'auditeur au bord de son précipice émotionnel, à une reprise très lourde et oppressive, façon Justin Broadrick (Godflesh, Jesu...), de Joy Division ("Disorder"), en passant par l'énigmatique et hypnotique "Les mains de Nadja", qui comme son nom l'indique est le fruit d'un travail avec le duo ambient/drone/doom/sudge canadien Nadja, tout ce qui fait la qualité supérieure du groupe est dans ce deuxième disque. Même avec un petit flashback vers les débuts le temps d'un "Ils avaient des visages d'anges et des fusils automatiques" exhumé des tiroirs à vieilleries puisque datant de 2004, à l'époque donc de la toute première démo du groupe (et d'une intensité screamo/post-hardcore déjà foudroyante) ou l'imposante création, très expérimentale au demeurant, qui a lié les bordelais et le belge Dirk Serries aka Fear Falls Burning pour "The golden horn of the moon". Onze minutes quatorze secondes de tourments drone/ambient baignant dans les ténèbres avant qu'une reprise littéralement habitée du "The figurehead" des Cure ne viennent sonner le glas de cette réédition au contenu décidément digne de son appellation Deluxe. Classe.
PS : les Year of No Light vivent avec leur temps, donc cette réédition Deluxe est en écoute intégrale en source. On dit merci quand on est poli.
Year of No Light / Chronique LP > Live at Roadburn 2008
Il est parfois difficile pour nous autres, citoyens français, d'avoir le plaisir de découvrir en live des groupes que l'on a réellement apprécié sur CD, même s'il s'agit de compatriotes. La frilosité des programmateurs, le manque de culture (et d'ouverture) musicale dans un paysage culturel parfois, sinon souvent, sclérosé par un sectarisme forcené, la rareté du groupe en concert (il y en a aussi comme ça) et plus généralement le désintérêt croissant du public pour les musiques un tant soit peu "originales" (difficile de mettre de côté les considérations économiques...) font que tout le monde ne peut pas voir un groupe comme Year of No Light au moins une fois dans sa vie en concert. Alors pour peu que l'on réside dans une région culturellement sinistrée... on ne parlera même pas ici de la "difficulté" pratique que suppose le fait d'aller voir jouer le groupe au cours de la grande messe annuelle des musiques sombres et expérimentales (mais pas que...) de qualité qu'est le Roadburn. Distance géographique, planning chargé et autres détails sans intérêt ici, la simple idée d'avoir pour "palliatif" un objet témoignant de ce que peut être YONL en live... et qui plus est dans les meilleures conditions qui soient, étaient quasiment inespérée. Et pourtant après avoir vu le jour en LP+DVD, le Live at Roadburn 2008 de l'entité bordelaise est également disponible en CD via Burning World Records, autrement dit le label du... Roadburn. CQFD.
On a beau ne pas avoir l'image, la tension qui ressort de l'écoute de ce set de YONL est absolument palpable, la férocité d'un chant encore plus sur la corde raide ("Cimmeria") que d'ordinaire n'en est également que plus marquante. Et l'auditeur de découvrir que le groupe bordelais est également une sacrée machine de guerre en live : pas une seule fausse note à l'horizon, le sentiment permanent de se faire écraser par un rouleau-compresseur métallique ("Tu as fait de moi un homme meilleur"), une performance d'une maîtrise formelle incomparable pour un collectif de musiciens qui semble communier littéralement avec son art. Que l'on appelle ça "postcore", "metal" ou simplement "hard", ce que fait Year of No Light est d'un niveau de qualité rare, une constante qui plus est, surtout quand le groupe s'offre une "Traversée" complètement démente vers un "Metanoia" à la beauté noire suffocante, avant de se trouver en proie à "L'angoisse du veilleur de nuit d'autoroute". Solitude oppressive, errance introspective traversée par des éclairs psychotiques, un esprit tourmenté lentement mais inexorablement dévoré par ses démons intérieurs, on se laisse séduire par la bête, cette hydre métallique qui nous conduit au royaume des ombres, avant de nous laisser entre "Les mains de l'empereur", un (presque) épilogue élégiaque et abrasif de quelques douze minutes d'une symphonie du chaos, qui trouvera son climax dans un final à la fois épique et magnifique de noirceur saturée. Une apothéose... prolongée par un final dépassant le quart d'heure d'une collaboration entre YONL et Fear Falls Burning ("The golden horn of the moon"), parfaite alliance naturelle entre le post-core déchirant des uns et l'ambient/drone industriel monomaniaque de l"autre", le belge Dirk Serries (aka FFB). Indispensable pour les amoureux des musiques sombres et expérimentales... Et comme en plus l'objet est livré dans un élégant digipak, difficile de ne pas se laisser tenter, avant d'aller "réellement" (re)découvrir le groupe en live... en vrai cette fois.
Year of No Light / Chronique LP > Ausserwelt
4 titres : 48 minutes en immersion dans un océan postcore à nul autre pareil : après son Nord à juste titre acclamé de toutes parts, Year of No Light dépose entre nos tympans son deuxième album via la référence Conspiracy Records (Isis, Mono, Nadja... rien que ça). "Perséphone I & II" défient d'entrée de jeu les lois de la gravité émotionnelle, les frenchies y appliquent une musique instrumentale lestée de plomb, toute en verticalité progressive et corrosion post-hardcore respectant à la lettre les codes du genre... pour mieux s'en affranchir, en exploser les limites et en repousser les frontières. Ausserwelt sera ainsi donc tantôt lourd et massif, tantôt plus éthéré voire aérien et les quatre plages le composant (ne semblant du reste parfois ne former plus qu'une), s'ajouteront, se juxtaposeront, se complèteront afin de se saisir de ce qui apparaît ici comme l'essence même de la musique du groupe : le tourment originel.
Au coeur de ce volcan (c'est d'actualité...) en activité permanente, ces mélodies jaillissant au milieu des geysers et éruptions de lave saisissent l'auditeur par leur beauté noire et scintillante. Des éclats cendrés qui retombent de toutes parts, carbonisant les amplis, crescendo anxiogènes, guitares carnassières et section rythmique monumentale, Year of No Light assène chaque riff comme s'il s'agissait du dernier, sature l'atmosphère dans une déferlante sludge/postcore pour rendre toujours plus intense une musique que rien ne semble pouvoir arrêter ("Hiérophante"). La limite, c'est le ciel... et encore, les Bordelais pourraient trouver une parade pour y défier les cieux et redéfinir une dernière fois leurs propres limites. Ne cherchant nullement à brouiller les pistes, ou à révolutionner fondamentalement le genre en proposant quelque chose de jamais vu auparavant, YONL s'applique au contraire à s'inscrire dans une veine postcore assez classieuse sur la forme, mais terriblement dense et aboutie sur le fond. Là est justement toute l'intensité de cet Ausserwelt qui voit l'entité bordelaise (re)pousser son oeuvre dans ses derniers retranchements, la sublimant jusqu'à aboutir à "Abbesse", quatrième et ultime (c'est le mot idoine d'ailleurs) de cet album à l'intensité tellurique rarement égalée, au raffinement mélodie caché sous des kilotonnes de décibels mais, même sous la surface, toujours omniprésent.
Chronique Compil : Year of No Light, Dark 80's
Year of No Light / Chronique LP > Nord
On considère souvent Nord comme un monument de noirceur, un disque patiemment taillé dans l'ombre et à l'éclat illuminant de sa beauté ténébreuse des compositions qui s'égrènent encore et encore, jusqu'à nous plonger dans un état de transe méditative... A tort peut-on affirmer. Car le premier essai long-format de Year of No Light ne peut sans doute pas être réduit à ça... Car au-delà de ces simples et vaines considérations intellectualisantes, Nord est une oeuvre qui évolue en toute liberté à travers les genres. De passages hautement aériens ("Sélénites"), en moments bassement terre-à-terre ("L'angoisse du veilleur de nuit d'autoroute les soirs d'alarme à accident"), la musique des Bordelais trouve son essence dans les murs de saturation qui la composent pour faire naître chez son auditeur des émotions, au départ presque imperceptibles mais qui, au fil des écoutes, n'en deviennent que plus explicites. Limpide. Derrière l'harmonie, le chaos, l'éruption sous-durale, les veines qui éclatent et l'âme qui s'embrase sous les coups de riffs abrasifs et de hurlements écorchés vifs, Year of No Light se plait à confondre les genres et les nuances pour nous mettre face à nos paradoxes, nos contradictions les plus confondantes (une "Traversée" dantesque)...
Si humaine soit-elle, cette création sonore n'en reste pas moins d'une violence rare et malgré ses multiples degrés de lectures, se nourrit de cette férocité brutale pour mieux exister. Des tourments insondables qui la rongent de l'intérieur et qui explosent soudainement à la face de celui qui avait le tympan vissé à l'enceinte. Ambient, sludge, postcore, peut importe les étiquettes que l'on tentera en vain de coller à YONL, un groupe qui s'en affuble délibérément pour mieux les balayer d'un revers de main, sa musique crève les enceintes. Un "Librium" en apesanteur, "Les mains de l'Empereur" reprenant la maîtrise des évènements, le groupe pratique une incision dans notre cortex cérébral et y appose sa marque. D'une lourdeur peu commune (impressionnant "Somnambule"), il développe ici un riffing surpuissant qui, associé à des atmosphères pénétrantes et à une noirceur abyssale, n'en est que plus oppressant. Parfois noir, d'autres fois plus lumineux, Nord est un disque explorant les tréfonds de la psychée humaine, une oeuvre incroyablement torturée où les éclairs de démences de "Tu as fait de moi un homme meilleur" affrontent ces accès de rage brute qui cimentent les morceaux entre eux ("Par économie pendant la crise on éteint la lumière au bout du tunnel"). Year of No Light ne se cache pas. La mise en nu est peut-être abrupte, les mélodies fusionnelles qui se dégagent du magma monolithique déviant de "La bouche de Vitus Bering" n'en sont que plus majestueuses. Viscéral et addictif, le groupe domine son sujet, la démonstration de maîtrise est bluffante, l'intensité... incomparable. Un coup d'essai en forme de coup de maître...