Participation au Hellfest, Christian de Gojira en guest sur "Childish anger", deux clips de fort belle facture, Yarotz frappe fort avec un premier opus et, après de multiples écoutes, mérite largement tout ce qui lui arrive !
Si ça va aussi vite, c'est que le trio est initié par deux vieux briscards (Fabien et Vincent, tous deux ex-General Lee, actuellement dans Junon, auxquels on ajoute Enzo à la batterie) qui savent y faire quand il faut nous retourner l'estomac avec des riffs, nous égratigner la cervelle avec du chant ou nous pilonner les genoux avec des fûts. Beaucoup de rage, un peu de lumière (quand même), l'idée de vengeance et de châtiment, un peu de cœur, beaucoup d'obscurité et un hardcore parfois post, souvent chaotique qui tient de Converge comme de Neurosis. Outre les qualités exceptionnelles des musiciens et le soin apporté à chaque élément (de l'enregistrement à l'artwork en passant par les titres ou les clips), ce qui marque, c'est l'incroyable énergie noire qui se dégage de ces quelques morceaux d'une densité folle... alors qu'ils ne sont que trois !
Erinyes impressionne par son ampleur et sa noirceur, je le déconseille fortement à ceux qui ne sont pas trop en forme ou traînent une petite migraine parce que la saturation risque d'attaquer le cerveau qui ne pourra plus rien faire, happé par la puissance des titres. On est vite aspiré par leur musique, elle accapare toute l'attention, elle obstrue les autres champs de perception, elle s'enfonce en nous et on s'enfonce en elle. Si on peut parfois en abuser, l'adjectif qui sied le mieux à ce que propose Yarotz, c'est certainement viscéral. Non seulement parce que le mot renvoie à quelque chose d'organique, de vivant, mais aussi parce qu'il a ce côté sale, sanglant, repoussant qui peut provoquer des hauts-le-cœur rien qu'à son évocation. Voilà, c'est ce genre de sensations que provoque Erinyes, un malaise hypnotique vers lequel on retourne car il est la vie bien plus que la mort.
Publié dans le Mag #51