Xnoybis

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XNB, trois lettres, Xnoybis, un tout petit peu plus et une double influence dans le patronyme. Celle bien connu de Godflesh, "Xnoybis" était le titre d'un morceau figurant au tracklisting de Selfless (sorti en 1994), lui-même inspiré d'une oeuvre du compositeur italien Giacinto Scelsi, auteur prolifique de plus de 150 opus expérimentales connues pour leur approche particulière du travail sur le son (pour les plus curieux, Google est là...). Né en 2002, Xnoybis (le groupe cette fois) est le fruit des désirs musicaux de trois spécialiste en recherche acoustique : Benoît Courribet (basse, voix), Romain Leblanc (guitare, voix) et Julien Tardieu (batterie) qui ne cachent pas leur goût pour une certaine mouvance post-hardcore/noise. Après l'enregistrement, en répétition, d'une première démo, courant 2004, les trois se lancent dans un projet studio ambitieux. Quelques mois d'écriture plus tard, ils s'enferment au printemps 2006 dans un studio isolé, situé au Pays Basque et enregistrent en prise live, leur premier album, sous la houlette d'Alexandre Garacotche. Intitulé Solace, celui-ci paraît en décembre de la même année.

Xnoybis / Chronique LP > Meanwhile

Xnoybis - Meanwhile Après un premier album qui prenait la forme d'un véritable coup de massue assénée sur les cervicales de la scène hard hexagonale, bien que resté trop confidentiel (on est indé ou on ne l'est pas), un split LP partagé avec les garçons bouchers de Pord, voici que Xnoybis fait son retour discographique avec un nouvel enregistrement composé de 5 titres et ne dépassant que péniblement les trente-cinq minutes. C'est court certes mais en même temps, le groupe a, avec ce Meanwhile sorti chez l'excellent Prototype Records (Chère Catastrophe, Sofy Major, Stuntman...) et dans un digisleeve cartonné plutôt bien foutu, compacté ses riffs sur une durée limitée pour leur donner encore plus de puissance d'impact. Et ça marche...
Noise metal pyromane, dense, aride ("Maybe next time"), on oublie les influences des débuts à aller chercher du côté de Godflesh pour se concentrer sur l'essentiel. Intensité [vs] technicité. Ici, on a les deux pour le prix d'un et des titres comme "Faceplant" qui fusillent l'auditeur sans prévenir, des morceaux incendiaires qui mêlent maîtrise ébouriffante et sauvagerie crue à n'en plus finir, structures labyrinthiques et fougue hardcore punk en appui. Parce que quand c'est hargneux, c'est encore mieux. "Sleepless" maintenant, au troisième titre on pause un genou à terre. Grésillant et vénéneux le bombardement noise-rock acide auquel le groupe nous soumet détonne au sein de la production actuelle, pourtant déjà bien fournie (tant en termes de qualité que de quantité), mais Xnoybis va plus loin, frappe plus fort, jongle en permanence entre complexité et efficacité, en témoigne le final, alerte et cinglant de ce troisième titre.
On avait mis de côté l'influence de Godflesh sur les premiers titres de l'album, voici la cultissime formation anglaise qui vient de nouveau planer sur la musique des frenchies qui, le temps de quelques dix minutes trente d'un "Three of four shades of grey" monstrueux d'âpreté sonore, fait saigner les tympans en même temps qu'il sature l'atmosphère de quelques hurlements bien sentis. Joie. Un morceau qui fait donc le lien entre Solace et Meanwhile, ce dernier apparaissant comme une "suite" d'une logique effroyable et confirme donc largement tout ce que l'on avait pu dire sur le groupe... qui se plaît à en rajouter une couche avec le salvateur "Picardian fight song", dernier acte d'une sacrée démonstration signée de l'un des tous meilleurs représentants de la scène hexagonale. Pas le plus connu, mais c'est aussi pour ça qu'il fait aussi mâl(e).

Xnoybis / Chronique LP > Solace

Xnoybis - Solace Xnoybis, entité hors-normes pour qui le travail sur le son, l'expérimentation acoustique est comme une seconde nature, l'essence même d'une musique qui dès les premières secondes de ce Solace détonne de par sa production unique, semblable à... pas grand chose de connu. De par son mode d'enregistrement "live", sa volonté exacerbée de captation d'un son "au naturel", le trio démontre qu'il a une personnalité artistique déjà très affirmée pour un premier album. En l'état, c'est plutôt une excellente chose, ne reste plus qu'à démontrer sa capacité à tenir la distance et à savoir dépasser le simple aspect original de la prod. Décryptage.
En un seul mot, on dira que Xnoybis est immersif. Se nourrissant des paradoxes émotionnels que suscite sa musique, il est puissant mais sans être réellement agressif, hardcore sans pour autant nous jeter sa violence au visage. Certes, la rage brute est là, mais le groupe semble vouloir garder une certaine distance avec elle, afin de privilégier le soin porté aux atmosphères explorées ici avec une minutie toute particulière ("A strategy for soul survivor"). Car malgré des structures plutôt répétitives, un chant qui se fait assez rare et un un son très âpre, la musique du trio fourmille de détails et autres innombrables subtilités, lesquelles sont habilement dissimulées derrière un minimalisme de façade qui ne demande qu'à voler en éclat ("Arise inside"). Derrière le voile, Xnoybis prend tout son sens. Entre lamentations post-hardcore fiévreuses à la Neurosis, magma indus dissonant inspiré par Godflesh et vibrations noise-metal façon Unsane, le groupe livre avec Solace un disque, en forme de monolithe métallique taillé dans le marbre, asphyxiant (sublime "Tabula rasa") et sans artifice, se mouvant par à-coups dans les méandres d'un esprit torturé.
Oeuvre à double tranchant, à la fois dense et épurée, entre éclairs déchirants et instrumentations mélancoliques, XNB se laisse guider par ses tourments, quitte à flirter de très près avec les affres de la dépression ("Anamnenis"). Le groupe ne cherche pas à convaincre, il laisse l'auditeur venir à lui avant de partager avec lui ses douleurs, ses espoirs, tout ce qui a attrait à l'intime. Basse vénéneuse qui ondule le long de "Ideal", tension émotionnelle palpable sur l'oppressant, "Prisonself", le groupe se libère au fil des minutes, sa musique se révélant en parallèle de plus en plus éruptive. Sursauts hardcore noise, crescendo telluriques, on pourra certes évoquer les ombre de Godflesh, Isis, Neurosis et autres Cult of Luna à l'écoute de ce disque, mais il ne fait déjà guère de doute que Xnoybis a su se démarquer des figures incontournables du genre pour imposer ici son approche musicale singulière. Et de fait, il y a dans le magnétisme glacial de Solace quelque chose de fascinant, de salvateur, qui une fois passé l'écueil de cette production si particulière, ne lâche plus notre psychée du regard...