Comment avons-nous pu rater Wuw jusque là ? La réponse est assez simple, leur précédent label (Prosthetic Records) ne fait pas de promo mais quand même, les deux frères ont joué ensemble dans Abrahma et Guillaume faisait partie de l'aventure précédente (Alcohsonic), on aurait dû être plus attentif et surveiller leurs activités ! Ok, il se passe plein de trucs tout le temps et on est souvent submergé par une montagne de disques mais, personnellement, ça me fait un peu chier de découvrir ce groupe uniquement avec son troisième album, que de temps perdu sans les connaître ! C'est aussi dommage pour eux car je ne suis pas le seul à les découvrir avec L'orchaostre.
"Orchaostre"... un néologisme qui est aussi tout un programme alors qu'ils ne sont que deux à composer ce groupe. Mais leurs qualités de musicien permettent de toucher à tous les instruments : Benjamin cogne (batterie, percussions) pendant que Colin gratte (guitare et basse), les deux s'occupent également d'arranger et habiller les titres avec des samples et du clavier. Ni l'un ni l'autre ne chante, les textes sont totalement mis de côté car l'opus est découpé en 5 parties toutes intitulées "Orchaostre" avec donc au cœur de tout le chaos. Pas forcément une surprise tant le post-métal aime fracasser tout ce qu'il construit avec délicatesse, c'est presqu'une obligation du genre. Avec des morceaux qui atteignent tous (sauf l'exception qui confirme la règle) les 8 minutes, Wuw prend le temps de s'installer, de faire traîner ses affaires et ses riffs, on navigue dans les sons troubles du doom avant d'enclencher quelques vitesses, c'est avec "Orchaostre 2" que nous sommes déstabilisés, des sons perçants, des rythmes plus hachés, la sensation de malaise monte, l'ordre est renversé. Le côté progressif du troisième volet permet de nous remettre les idées en place avant un titre plus court qui laisse présager une nouvelle tempête. Entre sludge-doom et post-hardcore, on est en effet de nouveau bien secoué pour la fin de l'album, on est pris dans le cyclone sans jamais en entendre l'œil, on peut reprendre une activité normale, souffler un peu et se dire qu'on a vécu une sacrée expérience. Comme disent les Anglais "wow".
Publié dans le Mag #55