Within Temptation - Resist La dernière fois que j'ai vraiment écouté Within Temptation, ça devait être au début des années 2000, à l'époque de leur apparition sur la scène internationale avec l'album Mother earth et le clip halluciné de ce qui reste un de leurs plus grands tubes à savoir "Ice queen", même si le morceau éponyme n'était pas mal non plus. A cette époque, le groupe a déjà largement conquis les Flamands et a compris que le show était aussi important que la musique et que c'était une façon comme une autre de se distinguer de la référence The Gathering. Et alors que le groupe d'Anneke van Giersbergen abandonne de plus en plus le métal pour sonner plus pop puis se retrouve sans sa charismatique frontwoman (2007), Within Temptation devient le fer de lance (avec Lacuna Coil car Epica n'en est qu'à ses débuts) d'une scène orpheline de deux de ses fleurons (Nightwish a viré Tarja Turunen en 2005). Depuis 2004 et The silent force, les Hollandais enchaînent albums et tournées avec en gros 3 ans entre chaque opus, je n'y ai plus prêté d'oreille attentive car tous les combos cités ont beaucoup perdu de leur côté progressif/aventureux (j'adore Mandylion et Nighttime birds) pour s'orienter vers les choix plus rentables des mélodies aguicheuses. Tout ça pour dire que je n'étais pas aussi impatient d'écouter ce Resist que les hordes de fans pas rassasiés par l'album solo de Sharon den Adel (My Indigo) et qui patientaient donc depuis Hydra (2014).

Resist est une ode à la résistance mais pas de sujet historique, politique, citoyen ou climatique ici, on évite les prises de position en se plaçant dans un monde futuriste qui est moins engagé que le scénario de Half Life, c'est une bonne excuse pour trouver un thème directeur et de jolis visuels, ça sera décliné pour les concerts, c'est donc un sujet multi-usage. En plus il justifie le côté grandiloquent des nappes de synthé et l'ambiance "faisons lever les foules" de certains morceaux. Les guitares et la rythmique n'assurent que la décoration (oh le beau solo tout mièvre et pas attendu du tout), le cœur de cet opus est bel et bien la voix et les arrangements qui enrobent le tout quitte à parfois sonner trop électro ("Supernova"). On s'ennuie ferme pour ce qui est de la surprise et de l'inventivité et on devine quels conflits pouvaient animer le groupe il y a quelques années... mais il faut bien payer la maison alors on range son ego et ses plans goth/prog/folk et on se met au service de la reine. Certainement conscients de la faiblesse de leur production, les Within Temptation (ou leur label ?) sont allés chercher ailleurs un peu d'intérêt. Un tout petit peu avec le chant lourd de Jacoby Shaddix (à qui pourrir Papa Roach ne suffit visiblement pas) sur "The reckoning", un peu plus avec les tonalités plus élevées d'Anders Friden (chanteur d'In Flames) sur "Raise your banner" et la douceur de Jasper Steverlink (chanteur et guitariste d'Arid) qui donne à "Firelight" une dimension pop atmosphérique qui serait sympathique si on n'attendait pas des titres bien plus métalliques de la part du groupe.

Alors qu'on leur promettait le trône de The Gathering/Nightwish, Within Temptation s'est bel et bien transformé en chaînon manquant entre le métal à douce voix féminine et Evanescence, et plus les années passent, plus l'écart s'agrandit avec les espoirs des débuts. Je me remets sur pause, vous me ferez signe dans 20 ans pour leur énième album, à moins que d'ici là, leurs comptes en banque soient assez garnis et qu'ils refassent la musique qui leur plaisait quand ils ont décidé d'en faire.