Il fait froid, on se prend un petit crachin continu sur la tronche, le tout associé à un vent qui ne sait pas trop dans quel sens aller et comme il fait nuit vers 19h, c'est le moment idéal pour aller visiter une maison hantée ou un manoir oublié en espérant y trouver quelques esprits, non ? En tout cas, c'est le moment pour moi d'évoquer Witchfinder, un des rares groupes à être signé sur le label créé par Mars Red Sky (Mrs Red Sound où on trouve aussi Dätcha Mandala, Baron Crâne, Red Sun Atacama...). Actif depuis 2016 et sa fondation à Clermont-Ferrand, le trio devenu quatuor est rapidement devenu une valeur sûre du rayon "doom sludge" avec quelques touches de psyché et de stoner pour parfaire le tableau.
Enfonçant les portes ouvertes du genre à grands renforts de riffs lourds et lents, les Auvergnats apportent un peu de chaleur à ceux qui ont froid (une tradition chez eux), le son englobe tout, sature l'atmosphère et ne laisse plus rien passer si ce n'est le chant plaintif, lancinant, filtré, ça plombe davantage l'ambiance mais on se sent en terrain connu (sans Casabianca donc). Si on apprécie la pesanteur, le temps qui passe au ralenti et les titres qui semblent infinis alors Witchfinder nous comble, on se sent bien à leur écoute. Plus qu'avec l'apport final de Haldor Grunberg (producteur et musicien suédois avec qui le groupe a enregistré en Pologne) et son chant d'outre-tombe, "Marijuana" se démarque par un groove plus appuyé et quelques accélérations bien senties. C'est un clavier lumineux puis une guitare étincelante qui viennent montrer le chemin à suivre pour parcourir "Lucid forest", tout n'est pas si sombre autour de Forgotten mansion même si on reste assez près du climat de la forêt de Blair Witch... Plus vindicatif, "Ghosts happen to fade" casse le rythme et quelques codes pour se tourner vers le soleil des rockeurs sudistes, en variant les intensités, Witchfinder évite de tomber dans la facilité d'un doom qui pourrait lasser à force de se répéter.
Publié dans le Mag #55