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Biographie > In Wino veritas

Guitariste/vocaliste de plusieurs groupes de référence dans le milieu stoner-rock/doom-metal, en l'occurrence The Obsessed, Saint Vitus et dans une moindre mesure Spirit Caravan, Place of Skulls et The Hidden Hand, Robert Scott "Wino" Weinrich est personnage haut en couleurs. Une vraie personnalité doublée d'un caractère bien trempé, un talent taillé dans le gros son et une influence prépondérante sur ses contemporains, "Wino" est une figure incontournable du genre. Enchaînant les collaborations et participations (il a également contribué à des albums de Clutch, Sixty Watt Shaman ou Solace et au projet Probot...), l'homme s'est construit une discographie solide ponctuée de quelques moments de bravoure rock'n rollesque qui ont renforcé au fil des années et des albums l'aura qui l'entoure. En marge de ses nombreux projets, Wino se lance en solo début 2008 et met en boîte en quelques semaines un double album intitulé Punctuated equilibrium qui sort chez Southern Records aux premières lueurs de l'année suivante. En parallèle, il embarque, aux côtés d'Al Cisneros (Om, Sleep), Scott Kelly (Neurosis) et Dale Crover (Melvins), dans le super-projet Shrinebuilder.

Wino / Chronique LP > Songs of Townes Van Zandt

Songs of Townes Van Zandt Songs of Townes Van Zandt, c'est l'hommage le plus élégant possible rendu à un songwriter folk/country décédé en 1997 et quasiment vénéré par ses pairs, ce malgré un succès public finalement assez "confidentiel". Le genre à ne pas trop faire en sorte de plaire aussi, un solitaire, vivant dans sa caravane et pensant ses journées à jongler entre alcoolisme forcené et un goût prononcé pour l'héroïne comme les médicaments, le tout ajouté à un humour très noir doublé d'une sérieuse tendance à la dépression. En clair pas le type que l'on invite chez soit pour mettre l'ambiance la veille de Noël... et pourtant une quasi légende dans le milieu, à tel point que ce sont rien moins que Scott Kelly & Steve Von Till soit les deux compères de Neurosis ainsi que Scott Wino Weinrich (Saint Vitus, The Obsessed notamment) soit un cast de luxe qui s'y sont collés sur ce pour ce tribute album paru chez Neurot Recordings.

Le programme est d'une simplicité évidente : une petite dizaine de folk-songs crépusculaires et désenchantées, promenant leurs tourments au détour de mélodies brisées par les fantômes d'une vie sommes toutes assez triste ("If I needed you"), une country feutrée, habitée par des textes au cynisme acerbe ("St.John, the Gambler"), celui d'un artiste qui n'était clairement pas bien dans sa peau et n'a su réellement exprimer son mal-être qu'au travers de sa musique ("Black crow blues"). Townes Van Zandt vivait dans un chalet sans électricité ni eau courant lorsque le succès naissant l'embrassa. Mais celui-ci décida de l'ignorer pour continuer sa route sans varier d'un iota, refusant consciemment de bouleverser son quotidien partagé entre sa guitare folk, son whisky et ses paradis artificiels, pour mieux faire la seule chose qu'il savait faire réellement selon lui : se perdre de quelque manière que ce soit. Notamment dans sa musique, racée, plutôt brute de décoffrage et pourtant d'une classe incomparable ("Lungs", "Rake"), si bien que l'hommage ici rendu par trois monstres sacrés du hard/metal/rock/sludge/doom/post-hardcore des trente dernières années, en plus de faire (re)découvrir un artiste folk/country majeur du XXe siècle à ceux qui ne le connaissaient pas ou peu, se révèle être LE tribute-album de référence.

Un disque rare parce que précieux, porté par des musiciens à l'intégrité irréprochable et qui n'ont certainement pas fait un "coup" pour remplir leur compte en banque avec cet album. Mais au contraire pour s'offrir un vrai plaisir de songwriter reprenant les oeuvres d'un modèle, avec ce qu'il faut de maturité artistique pour ne pas dénaturer le propos originel tout en apportant ce petit "truc" en plus qui rend cet hommage difficilement dispensable. En témoigne la très belle et cendrée "Snake song", ou le minimaliste "Nothin" qui respirent la classe. Par contre dépressifs s'abstenir parce que sur un morceau comme "Tecumseh valley", on est quand même à deux doigts et demi de finir la chronique au bout d'une corde avant que "A song for" ne finisse de boucler la boucle sur ce sans-faute évident.

Wino / Chronique LP > Heavy kingdom

Wino & Conny Ochs Apparemment inarrêtable et définitivement toujours sur la brèche, Robert Scott Weinrich aka Wino, la cinquantaine fringante, enchaîne toujours les projets et collaborations à un rythme effréné. Entre les enregistrements solos (le dernier en date Adrift est sorti en 2010 et faisait suite à Punctuated equilibrium paru un an plus tôt), ceux de ses groupes (outre sa participation sporadique à Shrinebuilder, Premonition 13 a publié son premier album à l'été 2011) et les reformations de Saint Vitus puis celle, prochaine, de The Obsessed, l'ex-Spirit Caravan/Place of Skulls/The Hidden Hand a également trouvé le temps d'enregistrer un album de ballades folk/rock désenchantées avec le troubadour des temps modernes qu'est le pourtant assez méconnu Conny Ochs.
Heavy kingdom, soit une collection de titres tantôt ombrageux et tourmentés ("Somewhere nowhere", l'éponyme "Heavy kingdom"), tantôt plus lumineux, acoustiques et exhalant une classe incomparable ("Vultures by the vines", "Dark ravine"). Des morceaux où les lignes de guitare baignent dans des atmosphères d'arrière-salles de saloons enfumés, où les voix s'associent à merveille pour donner une tonalité brute, presque sauvage à une musique à la fois acoustique et rocailleuse portée par une mélancolie à fleur de peau ("Dust", "Traces of blood"). On peut penser aux folk-songs de Scout Niblett de part l'aspect intimiste assez minimaliste du travail du duo Ochs/Wino mais au-delà de ça, les deux songwriters semblent se plaire à décomplexer leur écriture ("Heavy kingdom jam", "Highway kind") pour retrouver l'essence même de l'émotion qui s'en dégage. Toute à la fois empreinte d'un classicisme du meilleur effet et d'une intensité feutrée ("Dead yesterday", "Here comes the siren"), elle confère ainsi à ce Heavy kingdom une élégance aussi rare qu'envoûtante.

Wino / Chronique LP > Punctuated equilibrium

Wino - Punctuated equilibrium Quand Scott Wino Weinrich, figure emblématique de tout un pan de la scène doom-metal/rock passe en mode solo pour sortir un album qu'il annonce comme différent de ses prods précédentes, on en frémit d'avance. Faut dire que le gusse à un sacré palmarès à son actif. Quand on lit qu'il s'est notamment entouré de John Paul Gaster (Clutch) pour l'occasion, on se dit que ça doit forcément valoir le coup d'oeil. Quand en plus de ça, on apprend que ledit album sort chez Southern Lord (Black Cobra, Burning Witch, Earth, Lair of the Minotaur j'en passe et des meilleurs...) là, il n'y a plus à tortiller, on fonce droit devant et on regarde après. Psychédélisme incantatoire, magie noire du doom, un rock âpre, old-school, acide, métallique et vénéneux auquel on appose ce grain de voix si particulier de Wino, Punctuated equilibrium est un disque complètement en phase avec son géniteur, normal en même temps, c'est lui qui l'a écrit (sic). Un groove à la The Hidden Hand, un mélange de punk sauvage, de jams psychédéliques sur lesquels Weinrich se laisse aller en toute improvisation, du rock enlevé qui arrache les guitares et surtout ce doom au feeling incomparable, marque de fabrique du gazier. L'éponyme "Punctuated equilibrium" en est le meilleur exemple, cet album solo est un plaisir personnel que s'offre l'ex-Saint Vitus et qui, malgré quelques longueurs, se laisse écouter non sans plaisir. Car au milieu de ses petits exercices de styles qui flattent son ego, le bonhomme se fend de quelques titres au groove bluesy ("Smilin' road") quand il n'appuie pas là où coup de riffs un peu plus heavy. "Eyes of the flesh" et "The woman in the orange pants", en deux titres, l'ex-Spirit Caravan (oui aussi...) démontre qu'il a encore ce petit "truc" en plus qui fait qu'avec lui, le heavy-rock, n'a pas la même saveur. Faut dire aussi que Wino a, au fil de sa carrière, notamment collaboré avec les Solace, Joe Lally et a jammé en compagnie des furieux d'Acid King, il n'est donc pas surprenant de retrouver toutes ses influences dans cet album très personnel où l'ex-leader de The Obsessed synthétise dans un même tube à essai tout ce qui lui passe à travers le manche de gratte. Et ça, rien que pour le fun, ça vaut quand même le détour.