Wino & Conny Ochs Apparemment inarrêtable et définitivement toujours sur la brèche, Robert Scott Weinrich aka Wino, la cinquantaine fringante, enchaîne toujours les projets et collaborations à un rythme effréné. Entre les enregistrements solos (le dernier en date Adrift est sorti en 2010 et faisait suite à Punctuated equilibrium paru un an plus tôt), ceux de ses groupes (outre sa participation sporadique à Shrinebuilder, Premonition 13 a publié son premier album à l'été 2011) et les reformations de Saint Vitus puis celle, prochaine, de The Obsessed, l'ex-Spirit Caravan/Place of Skulls/The Hidden Hand a également trouvé le temps d'enregistrer un album de ballades folk/rock désenchantées avec le troubadour des temps modernes qu'est le pourtant assez méconnu Conny Ochs.
Heavy kingdom, soit une collection de titres tantôt ombrageux et tourmentés ("Somewhere nowhere", l'éponyme "Heavy kingdom"), tantôt plus lumineux, acoustiques et exhalant une classe incomparable ("Vultures by the vines", "Dark ravine"). Des morceaux où les lignes de guitare baignent dans des atmosphères d'arrière-salles de saloons enfumés, où les voix s'associent à merveille pour donner une tonalité brute, presque sauvage à une musique à la fois acoustique et rocailleuse portée par une mélancolie à fleur de peau ("Dust", "Traces of blood"). On peut penser aux folk-songs de Scout Niblett de part l'aspect intimiste assez minimaliste du travail du duo Ochs/Wino mais au-delà de ça, les deux songwriters semblent se plaire à décomplexer leur écriture ("Heavy kingdom jam", "Highway kind") pour retrouver l'essence même de l'émotion qui s'en dégage. Toute à la fois empreinte d'un classicisme du meilleur effet et d'une intensité feutrée ("Dead yesterday", "Here comes the siren"), elle confère ainsi à ce Heavy kingdom une élégance aussi rare qu'envoûtante.