Will Haven - Voir dire Voir Dire sonne le retour de Grady Avenell derrière le micro, évènement qu'attendaient les aficionados du groupe depuis le cultissime Carpe Diem en 2001, malheureusement le quartet qui a œuvré à la construction de ce monument ne sera pas reformé pour autant car c'est au tour de Mike Martin (bassiste depuis le début) de quitter (momentanément ?) l'aventure, remplacé au pied levé par un Chris Fehn qui devait en avoir marre de jouer le faire-valoir du clown (et on le comprend.) chez Slipknot. Autre surprise, l'arrivée de deux petits nouveaux : Anthony Paganeli à la seconde gratte et Adrien Contreras aux claviers, finalement seul Jeff Irwin n'aura jamais fait défaut en 6 albums, ce qui fait de lui la colonne vertébrale de Will Haven. Mais dès "When the walls close in" on sait qui en est l'âme tellement le titre semble sortir des entrailles de Carpe Diem, un retour de 10 ans qui éclipse un peu le pourtant réussi et efficace précédent album avec Jaworski.

Constat terrible mais il faut se rendre à l'évidence, jamais les compos ne seront aussi habitées et tourmentées qu'avec Avenell, il suffit d'écouter l'intro "Held to answer" pour que le décore soit planté : sombre, mystique et déchiré. Toujours paré d'un son incroyable et d'une dynamique de psychotique, le groupe peaufine davantage ses morceaux et en cela on peut y voir une filiation avec The Hierophant : "Urban agoge", "Midas secret", "Object of my affection" et "The siege" illustrent parfaitement l'évolution de Will Haven depuis 2007 , mais on franchit ici un pallier supplémentaire, plus ambiant encore que les précédents, le groupe met le paquet sur ce 6ème volet, plus mélodique également ( oui, enfin c'est relatif mais quand même.) Irwin distille au détour de riffs toujours aussi lourds et tranchants des accords retorses qui font mouche , au fur et à mesure des écoutes on se surprend même à penser à Vancouver, Unfold voire Impure Wilhelmina.

Mais la grande force des californiens c'est de ne jamais se perdre en longueurs inutiles, quitte à frustrer nos sens et laisser nos émotions en perdition comme sur le sublime "A beautiful death" ou encore sur "Harvesting our burdens" qui conjugue la lourdeur d'un The Abominable Iron Sloth à l'émotion d'un Deftones. Le complainte "Lost" achèvera un album intense à la hauteur des attentes mais certainement moins facile d'accès, Voir Dire se révélera après plusieurs écoutes à l'instar de "Lives left to wither" titre lourd et menaçant à l'atmosphère épique grégorienne finissant, après un crescendo alambiqué, par s'autodétruire ! Si certains ne juraient que par Carpe Diem, pensant que le combo de Sacramento était arrivé au sommet de son art, ils devront revoir leurs jugements car si Voir Dire ne surpasse pas ce dernier il l'égale en se renouvelant. Enorme !