Will Haven - The hierophant Six années que le spectre de Will Haven nous hante après un split en forme d'avortement dû principalement à un Grady Avenell soucieux de privilégier sa vie privée après une tournée pour Carpe Diem harassante. Frustré (mais pas fâché) le reste du groupe, avec le renfort de Cayle Hunter (Oddman et Armed Of Apocalypse), va développer deux nouveaux projets : Ghostride avec Rey Osburn (Death Valley High, Tinfed) et The Abominable Iron Sloth avec Justin Godfrey, qui donneront respectivement naissance à deux rejetons : l'excellentissime Cobra Sunrise et le non moins intéressant "éponyme", l'un étant une version stoner-metal et l'autre le pendant sludge du combo de Sacramento.

2006, retour aux affaires d'Avenell et donc de WH au complet... sauf que pendant la phase de composition des nouveaux morceaux, Grady (toujours lui !) se refait la malle, toujours pour les mêmes raisons, laissant la place à Jeff Jaworski (Red Tape) qui avait déjà donné de la voix sur WHVN (le morceau... "Jaworski"). Quatre titres sont déjà écrits et seront conservés, le reste de l'album sera écrit par le nouveau hurleur de service, ce qui lui donnera moins l'impression d'arriver comme un cheveu sur la soupe !
Derniers changements : la production est assurée par Chino Moreno (Deftones, Team Sleep, Crosses...), Shaun Lopez (qui s'occupe aussi de l'enregistrement) et le groupe lui même, exit donc Eric Stenman (producteur toutefois des side-projects mentionnés plus haut), on reste donc en famille et pour finir le skeud sort chez Bieler Bros Records et non plus chez Revelation Records !

Alors WH sans Avenell, est-ce encore le même groupe? Musicalement on ne va pas vraiment dire le contraire, on retrouve tout les ingrédients des géniteurs d'El diablo et Carpe Diem, derrière le micro ça (r)assure et ça respecte scrupuleusement le cahier des charges au point de ne pas choquer plus que cela, pire l'intérim apporte davantage de variation dans un chant que certains (pas les aficionados c'est sûr !) trouvaient un peu rébarbatif à la longue. Seulement Will Haven c'est aussi ce côté aliénant porté depuis le début par un frontman rageur et tourmenté souvent à la limite de la rupture, détail qui a son importance au final car il donne le "la" à une atmosphère pesante et souvent malsaine jouée par le reste du quatuor si caractéristique des albums précédents.
Moins possédé qu'à l'accoutumée donc, la rythmique se montre également moins lourde et massive, (sans perdre en efficacité cependant), tout comme les riffs d'Irwin qui s'érigent moins en mur du son, le tout se montre plus ouvert et démonstratif. L'aventure au sein de Ghostride et The Abominable Iron Sloth a forcément laissé des traces dans les compositions actuelles, toutefois en prêtant une oreille plus attentionnée à The Hierophant, des titres comme "Handlebars to freedom", "Singing in solitary" et "Sammy Davis Jr's One good eye", on retrouve davantage l'héritage de Carpe Diem et WHVN, ce qui n'est pas vraiment un hasard car ces titres ont été écrits par Avenell , la sauce prend sans problème avec les titres de Jarowski qui assènent quelques baffes au passage avec un petit goût de reviens-y : "Caviar with maths", "A Day without speaking", "Helena", "Landing on ice" et "King's Cross", en revanche "Firedealer" ne décolle pas et le lent et long "Skinner" casse un peu une dynamique qui avait été parfaitement installée.
On reste quand même sur une excellente impression, notamment pour le plaisir d'entendre à nouveau ce groupe singulier et sincère, mais avec ce petit détail en moins, cet ingrédient indispensable pour retrouver un plat à la saveur bien particulière et inégalable, en clair un album à mettre à part du reste de la discographie pour les puristes mais qui pour autant ne lui fait pas injure. Loin de là.