Will Haven 1996, un petit groupe de Sacramento sort un EP 7 titres sans faire de bruit médiatique..en revanche en ce qui concerne nos tympans c'est une déflagration sonore : la rage d'un Vision Of Disorder, l'émotion viscérale d'un Deftones et la noirceur d'un Neurosis, rien que ça ! D'ailleurs d'entrée une intro inquiétante nous fait craindre le pire, on s'accroche sans savoir vraiment à quoi s'attendre et c'est un "Choke" frontal : martèlement de la batterie comme si cette dernière voulait nous ouvrir tout simplement le crâne, riffs syncopés et tranchants comme la lame de Jack l'Eventreur, c'est à la fois tendu et oppressant, la voix à la limite de la rupture nous submerge d'émotions : il aura fallu moins de 4 minutes pour nous arracher le cœur et libérer nos plus douloureux souvenirs, noires pensées et rage primaire.
Grady Avenell est le chirurgien en chef menant l'équipe chargée de nous opérer à cœur ouvert. Au scalpel : Jeff Irwin et sa gratte qui le démange, aux pinces Mike Martin et sa basse inflammable et pour éponger tout ça, Wayne Morse derrière les fûts. Pas moyen de s'enfuir de la salle d'opération : chaque riff d'Irwin nous blesse profondément et résonne singulièrement : les yeux fermés ont reconnaît ses coups, et pendant ce temps, derrière ça assure : la basse de Martin plombe l'atmosphère et nous impose un rythme cardiaque pour pas que le cœur ne lâche, Morse à la batterie dresse un mur sonore et réduit encore plus l'espace pour respirer.
Les compos de WH ne laissent pas indifférentes, les mélodies sont présentes de manière retorses et sinueuses ce qui donne à l'auditeur ce plaisir coupable d'écouter une musique malsaine. On assiste à la genèse du groupe car même si l'ensemble peut paraître un peu rébarbatif , des titres émergent singulièrement comme "Rut" version brute d'un Deftones période Around the fur, "Fisk" carré et puissant comme un futur titre de Carpe diem, "Asking" comme "Choke" très emblématique du Will Haven des débuts : basse marteau-piqueur, riffs de psychotiques et un Grady qui vomit sa rage jusqu'à son dernier souffle mais c'est "Both ways" qui retient le plus notre attention et laisse présager de l'énorme potentiel émotionnel du combo de Sacramento, le break emmené par Irwin nous touche, nous hypnotise, on baisse alors la garde et dés la reprise c'est le K.O ! Will Haven à deux visages : à la fois metalcore et post-hardcore moderne, leur musique s'écoutant autant qu'elle se ressent.