Si les membres de Tool ont expliqué qu'ils avaient choisi ce nom de groupe, parce que leur musique était un outil pour travailler, creuser, rechercher, une espèce de catalyseur de l'esprit pour "trouver ce que l'on a besoin de trouver" (parmi d'autres explications au gré des interviews) ; les membres de Wheel pourraient très bien dire que la roue est le symbole même du déplacement, donc du voyage, un voyage initiatique permettant d'atteindre une autre dimension, une autre perception des choses. Après tout, pour atteindre une certaine illumination, on peut faire un travail introspectif, user de psychotropes, expérimenter des sciences occultes ou voyager, explorer l'inconnu, se retirer du monde. Tout ça pour dire que selon que tu préfères bricoler ou voyager, tu peux opter respectivement pour Tool ou Wheel, musicalement, tu ne seras pas décontenancé(e).
Car dans la continuité des précédentes productions du groupe (2 EPs et un LP Moving backwards - cf Mag #37), Wheel nous présente ce nouvel album de 7 titres, toujours avec une forte empreinte Toolienne. Le nier serait impossible, ne retenir que cela serait réducteur. Donc, j'arrête avec cette sempiternelle comparaison, et intéressons-nous à ces 51 minutes de rock progressif de grande qualité. Le premier track de 12 minutes met tout de suite dans le bain, avec cette longue introduction jouissive, débutant par quelques notes de guitare, la batterie s'immisce, puis la basse s'approche, la structure prend forme, la scène est posée et le chant complète alors l'ambiance. S'ensuivent des ponts, des phases éruptives, des plages de douceurs et on ressort rincé de ce "Dissipating" intense. Quand d'autres titres débutent sur un rythme plus soutenu, batterie et chant plus agressifs, basse épaisse, guitare elliptique, il faut s'attendre à des cassures de tempo, pour des finishs superbes ("Movement", "Ascend"), des bouquets finals explosifs ("Resident human"). Dans ce métal progressif dense et foisonnant, le quatuor finnois sait combiner les changements d'humeurs, même si il n'y aura ni joie, ni lumière. Une partie batterie démentielle, une basse lourde et assommante, des guitares tournoyantes génèrent un environnement oppressant duquel on tente de s'extirper en se raccrochant à la voix de James Lascelles qui ne semble finalement que vouloir te laisser perdre pied.
Wheel t'emportera donc loin, même si pour le dernier titre, afin que tu reviennes à une certaine réalité, c'est un épilogue instrumental d'un peu plus de 2 minutes qui viendra refermer l'album avec un simple piano qui vient mourir sobrement. A l'instar du groupe référence précité, Wheel saura t'emmener dans un univers tortueux et complexe, pour un voyage intense et cérébral. Allez en route !
Publié dans le Mag #47