Syl Wet Music / Artsonic Il y a 25 ans, Artsonic sortait Fake sur Wet Music, c'était une année chargée, non ?
Putain, 25 ans !! Chouette époque avec Dirk Verbeuren à la batterie qui avait mis sa patte dans pas mal de compos, notamment "Concept of life", avec son côté City de Strapping Young Lad dont on était fans.

Tu avais accès à Internet ?
Internet était à son tout début alors c'était clairement pas un truc très présent dans nos vies... On était encore dans un monde très analogique et c'était quand même pas mal du tout ! #vieuxcon (rires)

Quels souvenirs gardes-tu de cette époque ?
Ce qui me vient à l'esprit en premier lieu, c'est que le temps paraissait plus long. Il me semble qu'on avait le temps de faire plus de choses... C'est peut être une illusion. Également, je me rappelle d'une époque où on était bluffés par les sons de certains groupes comme Deftones ou Filter. Il y avait des albums qui avaient de vraies personnalités sonores et c'était très motivant d'essayer de trouver la bonne recette.

Wet Music a fait émerger de nombreux groupes, du quel es-tu le plus fier ?
Globalement, je suis heureux de la démarche qu'on avait, d'utiliser le label de manière assez égalitaire pour aider les groupes qui vendaient moins à avoir tout de même de l'exposition. D'ailleurs, ça ne plaisait pas forcement à tout le monde puisque les plus gros avaient l'impression de financer les plus petits. Mais avec le recul, je trouve que c'était la bonne approche pour tenter de peser et de représenter une force constante dans le paysage. Ça aidait aussi à dealer avec les médias. Mais évidemment ,c'était un peu utopique. Après, artistiquement, j'ai beaucoup de respect pour des groupes comme The Semitones ou Hare avec qui on a tourné en Suisse. Loudblast avec qui on a une relation de très long terme et beaucoup de choses en commun.

En 2000, on avait fait une interview où on évoquait MetallicA vs Napster, tu te souviens de cette affaire ? Ça semble tellement en décalage avec le monde d'aujourd'hui...
Oui, cette histoire préfigurait le changement qui était inéluctable. Je ne sais plus qui a écrit que lorsqu'une technologie existe, on l'utilise forcement. Même si elle mène au désastre. Concernant la musique, évidemment il y avait des arguments des deux côtés et l'attitude des industriels de la profession n'a pas toujours aidé les plus petits à émerger... Mais est-ce que la gratuité de la musique a changé la donne ? Pas sûr. En tout cas, quand je vois la moyenne d'âge des têtes d'affiche des gros festivals, je me dis qu'on vit encore une époque ou les dinosaures n'ont pas été remplacés par d'autres et que les carrières d'aujourd'hui sont souvent plus courtes. C'est peut être une conséquence de tout ça... Pourtant, le niveau et la qualité des groupes est en constante progression... c'est même très impressionnant !

Il y a 25 ans, lire une chronique était une évidence, aujourd'hui, ça a encore du sens quand tout est "streamable" ?
Une chronique est théoriquement écrite par quelqu'un qui a pris du temps pour écouter. Ce qui n'est pas forcement le cas quand on streame de la musique, souvent en faisant autre chose en même temps.... Donc pour moi, ça a du sens. C'est d'ailleurs en lisant une chronique du dernier Mastodon que je l'ai acheté sans même l'écouter avant... donc la réponse est oui !

Tu es en partie responsable de Savage Lands, ce n'est pas un projet "musical" mais la musique y joue un rôle important, c'est impossible de vivre détaché de ce monde-là ?
Savage Lands est un projet vraiment incroyable qui fédère beaucoup de monde. Mais en fait, c'est un hasard car j'étais à mille années lumières de reconnecter avec le monde musical. Aucun contact depuis 2004 et guitares à la cave depuis plus de 10 ans... Mais on avait prévu de se voir avec Dirk et on a parlé de ce que je faisais au Costa Rica et donc de la reforestation et l'idée est venue de monter cette ONG ensemble. Et en parallèle, je suis re-tombé amoureux de la guitare... Ne me demande pas pourquoi, je n'en sais absolument rien ! Aujourd'hui, il y a également un projet musical qui prend tournure au sein de Savage Lands avec un noyau dur de musiciens et des guests VIP. Plusieurs titres seront enregistrés dans le courant de cet hiver... À suivre !

En 1998, il fallait prendre les choses en main pour que ça avance, finalement, 25 ans plus tard, on en est toujours au même point... Tu arrives quand même à être optimiste ?
(rires) Je soigne mon pessimisme en étant actif. Et planter des arbres et les voir pousser est un excellent médicament. Mais honnêtement, la réaction du milieu metal et l'aide apportée par des personnes comme Andreas Kisser, Kiko Loureiro, Stef Buriez, Mario et Chris de Gojira, Thomas VDB, Laurent Karila, Sacha Dunable, Les Tambours du Bronx, Nils Courbaron, Eric Perrin du Hellfest et Olivier Garnier, Christian Lamet et d'autres que j'oublie surement, font réellement chaud au cœur et nous donnent de l'énergie !