Metal Métal > The Walrus Resists

Biographie > La résistance du morse

S'attaquer à une biographie, même courte, de The Walrus Resists est un peu complexe, tant le groupe a changé de line-up depuis un peu plus de 10 ans... On va résumer en une histoire de potes qui sont au collège ensemble et qui s'amusent avec leurs instruments avant de franchir le pas d'être un vrai groupe, de devoir trouver un vrai nom, ce sera "morse" en anglais surtout parce que ça sonne bien quand on rajoute le côté résistant cher à Sepultura. Première démo (2006), premiers concerts, enregistrement plus sérieux d'un EP (Ysaereh en 2008) semblent appartenir à une autre époque aujourd'hui. Tout comme ce premier opus Staring from the abyss qui paraît en 2009 et permet d'enchaîner les dates. Weaksaw, Ultra Vomit, Nephalokia, Mindlag Project, Gravity, Betraying The Martyrs, Hypno5e, Lessen, Psygnosis, Dwail et de nombreux autres croisent la route des Montpelliérains qui, ralentis par d'éternels mouvements internes, attendent 2016 pour nous livrer The face of heaven. Tobby (chant), Kam et Clément (guitares), Den (basse) et Richy (batterie) ont autoproduit cet album et sont alors au meilleur de leur forme, bien mis en valeur par le mixage de leur pote Alex (guitariste de Gravity) et le mastering de Brett du Tower Studio (Megadeth, Hypno5e, Devin Townsend Project...).

The Walrus Resists / Chronique EP > J.Murdoch Odyssey

The Walrus Resists-J​.​Murdoch Odyssey Bien que passé par Send The Wood, on a raté Sons Of Gehenna en 2019 mais un nouvel EP permet de faire le point sur l'aventure The Walrus Resists. Avec Tobby et Kam toujours aux commandes, le combo a conservé sa base thrash/death mais l'a assez copieusement arrosé de prog et a épicé le tout avec une grosse poignée de djent.

Le résultat, c'est cette horrifique histoire spatiale que J.Murdoch Odyssey. Un gros EP qui nous raconte l'histoire d'un équipage qui quitte notre planète avant sa destruction mais ne sait pas trop où il va. Contrairement aux Montpelliérains qui savent très bien ce qu'ils font et dosent les moments où il faut calmer le jeu et ceux où ils n'hésitent pas à tout casser. Entre l'introduction (et un sample tiré de Mad Max 2) et la première grosse rasade de baston, il n'y a que quelques secondes, ça growle et nous assomme quasi sans prévenir puis le chant ou le riff principal se font alternativement plus doux avant de tout pulvériser de nouveau. Le monde se meurt mais pas la qualité pour amalgamer autant d'idées différentes en si peu de temps. Un énorme passage djent fait le break avec un autre plus électro où le sample du narrateur, froid, reprend pour quelques phrases imagées. "You gotta leave something behind" laisse moins de place aux silences et si j'accroche moins à quelques passages plaintifs, le titre offre une belle densité et des breaks encore ultra travaillés qui mettent sur orbite un refrain accrocheur. Plus cool, plus rock, plus prog, "All other considerations secondary" mélange davantage les genres en conservant une nature metal grâce au superbe son des guitares, le titre sort de l'ordinaire mais tout y est maîtrisé, c'est une belle respiration car après avoir invité une réplique culte issue de Predator (et le "Aiguise-moi ça" qui arrive plus tard et juste parfaitement placé !), on reprend les coups chaloupés de savate dans la tronche et on finit au sol dans une ambiance de musique de film de SF. L'opus aurait pu se terminer là mais pour revenir à la tranquillité du quotidien, The Walrus Resists livre "Wake up time to die", un instrumental ultra calme où les seules voix sont samplées, elles évoquent la prise de distance avec le monde connu, l'entrée dans un univers plus froid, plus sombre et totalement silencieux.

Ainsi s'achève l'odyssée de J. Murdoch, peut-être est-il le personnage principal de Dark city qui transpose là une de ses vies... Peut-être n'est-il pas lié au cinéma, ce qui est sûr c'est qu'avec lui, on fait un sacré voyage en terres métalliques.

Publié dans le Mag #55

The Walrus Resists / Chronique LP > The face of heaven

The Walrus Resists Si les adjectifs Thrash/Death sont les plus souvent mis en avant, The Walrus Resists touche un peu à tout et n'a peur de rien, surtout pas des comparaisons car ils osent s'aventurer dans des plans que des grands noms ont l'habitude d'échafauder (en gros, on va de Gojira pour citer ceux qui sont devenus la référence en France et même un peu ailleurs à Tool, oui, carrément pour certaines parties instrumentales). Avec ces deux autres groupes, tu auras compris que l'expérience The Walrus Resists est exigeante ! Il ne s'agit pas uniquement d'envoyer du gros riff et de beugler dans le micro, les Languedociens la jouent aussi ultra technique, construisent des morceaux sacrément bien réfléchis et détendent les atmosphères avec un petit chant clair qui fait de temps à autre des apparitions divines. Cela permet à The face of heaven qui est plutôt long (11 vrais titres, une intro et un interlude) de tenir sur la distance, de ne jamais tomber dans la routine et de satisfaire autant les amateurs de violence métallique abrasive que certains esthètes appréciant une beauté tranchante comme la technicité au service de l'oeuvre.

Avec ce métal très ouvert et qui ne se ferme aucune porte, explorant toutes les voies avec talent, The Walrus Resists impressionne. The face of heaven n'était pas spécialement attendu mais force est de constater que l'opus se place d'ores et déjà comme une des meilleures surprises de 2016. Bravo les gars !