Voice of Ruin Quand on est suisse, qu'on est hébergé chez un label baptisé Heimathome Records et que l'on s'appelle Voice of Ruin, forcément, on balance de bons vieux gros parpaings métalliques par pack de douze. Et ici, bah... c'est exactement ça. Soit un mélange sulfurique de hardcore et de trash metal(core) expédié dans la face de l'auditeur avec une furie peu commune, les Helvètes ne font pas vraiment dans la délicatesse ou la douceur satinée. En même temps, déjà les titres ("BDSM", "Free hate"...), hein !. On l'aura compris, VoR est clairement du genre à ne laisser aucune chance à sa victime, il punit sans avertissement, trépane les tympans façon "garçon boucher" et ne laisse que des miettes à celui qui n'aurait pas suivi le mouvement.
Parce que chez eux, on joue fort et on joue vite. Pas de quartiers. Vocaux d'aboyeurs, entre hurlements stridents et growls caverneux, riffing qui découpe à la scie sauteuse, la batterie qui marteau-pilonne jusqu'à plus soif, c'est primaire et bestial, jouissif et éthylique à souhait. Manque plus que les glaçons. D'autant que le mélange de la langue de Shakespeare et de celle de Voltaire fait plutôt son petit effet, le groupe maniant les deux idiomes sans ciller (à la différence de quantités de groupes français, suivez mon regard...) et surtout, son hardcore/thrash beatdown fait de sacrés ravages chez ceux qui survivent aux deux premiers titres de l'album, dont l'implacable "Show your respect". Là ça ne rigole pas et les anesthésistes suisses se livrent à une orgie métallique qui doit assurément déboîter un max en live ("Win or die"). Là déjà sur l'album, c'est une joyeuse boucherie. Brutal et sexuel qu'ils disaient sur le press-book.
En attendant, le groupe vomit sa haine dans les enceintes par le biais de titres tous plus dévastateurs les uns que les autres : double-pédale post-coïtale exaltée, les guitares qui (a)moshent les conduits et qui vrillent dans le rouge, un chant qui varie encore ses inflexions pour donner plus de souffle à l'ensemble, Voice of Ruin joue avec ses armes et exploite à fond son potentiel de destruction auditive (cf le massif "Give the reason"). Bref ça partouze dans tous les sens et ça y va "gaiement". Bien sûr on pourra se dire que la prod' aurait gagnée à être plus massive, que le petit zeste hardcore punk entre-aperçu ci-et-là pourrait être plus prononcé et que son tout manque quand même d'originalité, dans leur catégorie, les Suisses livrent quand même une sacrée démonstration de thrashcore frontal qui bûcheronne les membranes façon sport ("My obsession"). Et puis rien que pour le "Blowjob for a call girl" qui nous arrive en pleine face en fin d'album, on se dit que décidément, VoR ça poutre et pas qu'un peu.