Si je prends du temps et cet espace pour évoquer Vigilante, ce n'est pas parce que j'ai été bluffé par l'album Opacities, j'y reviendrais, mais tout simplement parce que le Dr. V qui était derrière tout ça est fou. Et que les fous produisent des trucs parfois aussi géniaux qu'incompris. Et que, dans le doute, je ne voudrais passer à côté d'un truc qui pourrait être culte en 2357. Cette chronique rend donc hommage au travail, titanesque, du géniteur de ce double album (s'il vous plaît) qui prend un malin plaisir à tout faire "à l'ancienne" avec des synthés, des instrus, des micros mais certainement pas d'ordinateur, un truc de dingue qui s'étend sur près d'une heure trente ! L'ambiance mêle vocaux black, guitares thrash et rythmes industriels pour un résultat assez "particulier" que l'on collerait bien dans un film ou un jeu vidéo. La tonalité générale sonne parfois un peu trop "vieux synthé", et à moins d'aimer cette atmosphère un peu goth, ça risque de t'empêcher d'écouter l'intégralité de l'œuvre. Ajoutons les adjectifs "avant-garde" et "obscur" pour perdre les derniers indécis et ne me voilà plus qu'en compagnie d'aventuriers du son, avides d'expériences improbables et de trouvailles soniques qui pourraient apprécier les "Post scriptum" à leur juste valeur (ces 8 titres sont encore plus tarabiscotés mais portés par les instruments, ils peuvent aussi être plus accessibles à ceux que le chant rebute).
Hors du temps, hors des cadres, Vigilante s'adresse à une niche qui n'existe peut-être pas encore... C'est pas le genre de groupe à écouter non stop, il n'y aura pas de hit, pas de morceaux phares, juste une impression que la fin du monde se rapproche et qu'on n'est pas encore aussi prêt que le Dr. V.
Publié dans le Mag #51