Victims - A dissident A dissident, soit treize torpilles hardcore-punk expédiées à pleine vitesse et en moins d'une petite demi-heure, le programme imposé par les suédois de Victims est de ceux que l'on aime s'enfiler en guise de défouloir après une dure journée de labeur, ou en guise de réveil-matin histoire de monter en pression dès la première heure. Si l'entrée en matière met déjà les compteurs dans le rouge ("Thef"), la suite, elle, vire carrément à la turgescence écarlate avec ces "Death do us part" puis "In control" qui défouraillent à pleins tubes. Le groupe met les enceintes en charpie et l'auditeur avec. Pas question de faire de prisonniers, ni de compromis, ici on cause D-Beat/crust/hardcore-punk catchy sans concession et ça les mecs l'assument aussi.

On arrive déjà à la quatrième piste et les suédois mettent un nouveau coup d'accélérateur avec un "Victims in blood Pt.6" qui lâche encore un peu plus les chevaux pour éparpille les décibels façon sport. Derrière, on s'accroche à peu près comme on peut, surtout que "Burning bridges" ne semble pas ralentir la cadence. Parce que faut dire aussi que Victims ne font clairement pas semblant. Quelque part entre un Discharge post-moderne et un Refused simplifié avec un gros zeste de Motörhead dedans, le groupe délivre ici un cocktail hautement addictif de hardcore/punk subversif dopé au gros rock'n'roll qui taille allègrement dans le gras. Toujours pas une seconde de répit à l'horizon, alors les spécialistes scandinaves de la castagne punk en rajoutent deux ou trois belle couches entre quelques éclairs de lucidité flagrants ("We are not the future").

Les titres sont de plus en plus nerveux et les mélodies, toujours aussi ardentes ("Lifetaker", "Broken bones"), le groupe va au charbon le couteau entre les dents pour compacter l'ensemble comme s'il était question de vie ou de mort. Peut-être que c'est ça leur truc en fait... Impulsif, hargneux et définitivement surpuissant (merci la prod' signée Nico Elgstrand d'Entombed), Victims poursuit son entreprise de démolition en alignant bruyamment les brûlots crust vs hardcore'nroll comme d'autres balancent joyeusement les parpaings contre des vitrines de magasin ("Nowhere in time"). La rage chevillée au corps et la fougue rock'n'roll bien catchy, le groupe qui en est tout de même à son cinquième méfait discographique n'a plus guère de chose à prouver et se fait donc plaisir. Sur "Ingorance bliss" par exemple comme avec "The egoist", il démontre qu'il a su évoluer pour ne pas se répéter comme tant d'autres avant lui, tout en restant toujours aussi incisif qu'à ses débuts, l'ultime préuve de cet état de fait étant apportée par "Waiting for shadows" au terme d'une ultime cavalcade enfiévrée.

Foudroyant.