Metal Métal > Vesperine

Biographie > Rien à voir avec Vespertine

Dans les années 2000, Rémi (chanteur), Pierre (guitariste) et Aurélien (batteur) jouent ensemble au sein de Capsule ODC, leur rap métal fait du bruit dans la région lyonnaise mais ce qui nous intéresse aujourd'hui, c'est la suite qu'ils donnent à cette aventure à partir de 2011 et qui prend le nom de Vesperine. Ils sortent une première démo (2 titres) en 2013, changent quelque peu leur line-up avec les arrivées de Jéremy (bassiste) en 2013 puis de Loïc (guitariste) en 2014. Aguerris sur scène aux côtés d'Asidefromaday ou Impure Wilhelmina, c'est avec l'aide de ses fans que le quintet enregistre les trois titres de Parmi les autres qui n'est pas vraiment un EP puisqu'il atteint presque la demie-heure de musique... Produit par Fabrice Boy (Stereotypical Working Class, Young Cardinals, Lodz...) au printemps 2015, cet album à l'artwork lumineux (vraiment très classe) sort le 21 septembre chez Send The Wood Music.

Interview : Vesperine, Vesper interview (juin 2019)

Interview : Vesperine, Vesperin'terview (nov. 2015)

Vesperine / Chronique LP > Espérer sombrer

Vesperine - Espérer sombrer A l'occasion de la découverte de leur superbe premier effort Parmi les autres, j'écrivais "le noir si présent n'est pas une fatalité, la lutte avec la lumière risque d'être sauvage. C'était il y a 4 ans et il semblerait que je puisse ouvrir une ligne de téléphone surtaxée et m'acheter une boule de cristal car les Lyonnais jouent plus que jamais sur l'affrontement des couleurs et des éléments. Dès l'artwork ou la lecture du nom des morceaux, on sait à quoi s'en tenir ("Clair-obscur", "Nous, si photosensibles", "Mille couleurs", "L'immensément noir", "Crépuscule et aube"...). L'opposition est tout autant sonique avec une autre constante, la capacité pour le groupe à sublimer les parties épurées et délicates comme celles les plus lourdes et déchirées.

Le reste de la chronique peut également être repris tant la qualité d'écriture (des textes comme de la musique) témoigne d'un travail mûrement réfléchi et que les intentions comme la réussite absolue restent les mêmes. La seule différence notable, c'est du côté de la production qu'il faut aller la chercher puisque c'est Amaury Sauvé (The Prestige, Birds in Row, As We Draw, Bison Bisou...) qui s'en est chargé cette fois-ci, plus de grain, davantage de travail sur les basses, un ajout de percussions, les changements sont subtils et ne dénaturent pas l'essence de Vesperine. Avec un chant clair toujours exceptionnel et de beaux progrès du côté obscur (qui n'est jamais très loin), le groupe nous transmet ses émotions à travers les mots (Que la douleur est belle, Le jour toute trace d'espoir s'efface, au travers de ces deux extraits, tu comprends que l'espérance n'est pas franchement au programme) et leur compréhension aisée accentue le malaise quand les guitares et la rythmique se déchaînent "avec une magnifique violence" (pour citer "Mille couleurs", un de mes titres préférés). A l'aise avec les constructions qui s'étendent (3 morceaux dépassent les 9 minutes), le quintette n'hésite pas à bousculer les codes et partir de zones ombragées pour y amener un peu de lumière ("Celui que l'ombre pénètre") pour finalement ne laisser vibrer que quelques cordes de basse et ramener la paix.

Puisqu'il ne faut pas résumer cet album à un combat et que je ne veux pas choisir un camp plus qu'un autre pour le décrire, je vais opter pour un seul mot que tu peux comprendre dans plusieurs sens, leur post hardcore est ... éclatant.

Avec le Sick Sad World sorti quelques semaines plus tôt, on tient là deux excellentes galettes dans un même genre, ne boudons pas notre plaisir de se faire malmener, ça n'arrive pas si souvent.

Publié dans le Mag #37

Vesperine / Chronique LP > Parmi les autres

Vesperine - Parmi les autres Vesperine commence par la "Fin" et donc avec un petit peu d'humour, alors que ces textes sont assez sérieux et pessimistes, en français (et plutôt audibles pour du post hardcore), ils sont bien écrits et valent la lecture (en voilà d'ailleurs quelques lignes Se ranger derrière la même cause / Se ranger dans la même case / Et perdre l'envie / De connaître autre chose / Ainsi l'esprit s'élève s'il ose se délivrer des vertiges de la pensée close). Ces paroles ne sont pas assez souvent mélodieuses (dommage car le chant clair semble plus naturel que sa version lourde), elles servent surtout à tendre et alourdir une atmosphère pourtant déjà bien saturée en stress métallique. Parce qu'avec des morceaux étendus entre 7 et 12 minutes, les Lyonnais ont le temps de faire monter la pression et ainsi de faire honneur à un de leurs groupes favoris (Cult of Luna). Les ambiances inquiétantes passent aussi par un riffing entêtant (celui au coeur de "Le métamorphe") et la menace omniprésente de se prendre un mur de son sur la tronche. Tel un ciel noirci par un orage en formation, Vesperine installe un sentiment permanent d'anxiété puisque l'on sait que cela va finir par craquer sous le poids de ce climat lourd et malsain.

La vague de couleur du superbe artwork (signé Corto Rudant) et ce sublime bleu du disque risquent de t'emporter si tu te lances dans l'écoute de Parmi les autres, le noir si présent n'est pas une fatalité, la lutte avec la lumière risque d'être sauvage et peu importe qui sort vainqueur car c'est ce combat infini qu'on écoute avec délice.