Rémi officie au micro chez Vesperine, il endosse ce même rôle de porte-parole quand il s'agit de répondre à nos questions sur l'évolution du groupe et la sortie de son premier album particulièrement réussi.
Quatre ans se sont écoulés depuis Parmi les autres, pourquoi nous avoir fait attendre ?
On a composé dur pour pouvoir fournir environ 50 minutes de musique. On voulait avoir le temps de faire les choses bien. L'album a été composé sur une période de deux ans et demi / trois ans, entre les dates un peu partout pour promouvoir notre premier E. P Parmi les autres et nos vies professionnelles et familiales respectives. De plus, une fois enregistré, nous avons attendu presque un an pour qu'Espérer sombrer sorte.
Comment s'est opéré le changement de label ?
Notre partenariat avec Send The Wood concernait uniquement Parmi les autres. Nous avons cherché autre chose, simplement, pris des renseignements sur les labels qui nous semblaient potentiellement intéressés et qui pouvaient nous aider.
Qu'est-ce qui a fait que votre choix porte sur Apathia Records ?
Nous cherchions un label qui était vraiment amoureux de l'album et qui s'implique beaucoup. On a eu des propositions en Allemagne et en Angleterre mais Apathia Records nous a proposé le meilleur deal, tout en admettant que c'était plus simple pour nous car on pouvait se rencontrer sur place pour discuter. Nous étions d'accord sur quoi faire de cet album et c'était cool humainement aussi, ce qui aide à faire un choix.
Vous soignez les sorties physiques avec du LP et du digipak, vous connaissez la part des ventes numérique/physique ?
Pas spécialement. L'enjeu pour nous, c'est d'avoir le plus bel objet possible, qui représente au mieux notre état d'esprit et ce que l'on fait ressentir via notre musique. Les considérations des ventes numériques / physiques, c'est justement plus pour le label qui nous dirige vers telle ou telle chose selon nos envies et nos possibilités. On essaie de trouver avec lui un compromis entre un objet super premium à fort coût et un objet qui peut se vendre mais qui est classe quand même. Le vinyle est une bonne solution. Quant au digipak, ça reste aujourd'hui un passage presque obligatoire. En tout cas, nous sommes attachés à l'objet.
L'affrontement des ambiances revient jusque dans les titres des chansons, c'est une sorte d'obsession ?
Oui, l'obsession de conceptualiser. On veut tout lier, offrir un package complet quand on s'attaque à un sujet. On veut traiter la chose le plus précisément possible et on utilise donc tous les outils, dont les titres des morceaux, pour ce faire. Notre objectif est de plonger le plus profondément possible l'auditeur dans l'univers créé.
Peut-on conseiller l'écoute de l'album à des dépressifs ?
Bien entendu. Je pense que ça devrait être même conseillé. Si l'aspect, le contexte de l'album paraissent très sombres voire obscurs, il est en fait porteur d'espoir. Tout ce qui est dit se rapporte au fait que dans les ténèbres, dans ses propres ténèbres, on peut trouver la lumière. Il suffit de les embrasser. Le noir n'est pas forcément synonyme de désespoir. C'est notre postulat de base.
Vous avez enregistré avec Amaury Sauvé, pourquoi l'avoir choisi lui ?
Plein de raisons à cela. La première est que nous aimions ses productions et que nous avions que des échos super positifs sur son travail. Ensuite, nous cherchions à nous éloigner de notre sphère de confort, nous voulions que l'enregistrement d' Espérer sombrer soit une aventure, que ça nous bouscule, qu'on s'enferme une semaine à ne penser qu'à ça. Amaury et son studio The Apiary remplissait parfaitement toutes nos requêtes. Après un coup de téléphone avec lui pour se décider, c'était clair : c'est avec lui que ça se ferait.
Et du même coup, pourquoi ne pas avoir retravaillé avec Fabrice Boy qui est assez proche de vous...
Pour les raisons évoquées juste avant. On voulait une parfaite immersion. Rester sur Lyon en studio ne nous intéressait pas. D'une manière plus générale, notre volonté est de ne pas refaire les mêmes choses. Ne pas emprunter les mêmes chemins. On aime se mettre en difficulté, les défis qui vont nous obliger à nous remettre en question. Nous pensons que c'est plus que bénéfique pour notre art.
Le chant lourd est nettement plus assuré que sur l'EP, ça a été travaillé ou c'est juste l'expérience qui l'a bonifié ?
C'est un ensemble de choses : du travail, de l'expérience mais aussi un traitement en production différent. Nous avons pris le temps de faire des choix pour la voix et sélectionner ce qui convenait le mieux au grain du chanteur.
Vous avez joué en Allemagne, comment vous avez été reçu par le public ?
Très bien. Ils sont enthousiastes, les Germains.
Vous y avez eu des remarques sur le chant en français ?
Ça représente déjà une surprise encore sur notre territoire alors hors de nos frontières, ils font les gros yeux. Mais ça fait partie du truc. Ce genre de réactions nous plaît.
On peut avoir une anecdote sur la tournée avec Sunstare et Zapruder ?
Ces fripouilles de Zapruder ont planqué un bout de fromage dans le coffre de notre van au début de la tournée. Pendant les voyages, on se demandait qui puait autant, on se regardait tous d'un air "putain, va te laver sérieux !". On est tombé en panne de van deux jours plus tard donc on a changé de véhicule en laissant le fromage dans le van pété. Un mal pour un bien au final.
On peut avoir des infos sur "L'Immensément Noir Part. II" ?
C'est en train de se monter. On va voir ce qu' on peut faire. Ce sera sûrement deux, trois week-ends de trois dates entre octobre et décembre 2019 un peu partout. Italie, Belgique, Sud de la France peut-être.
Vous faites beaucoup de kilomètres pour des concerts pas forcément "rentables", vous gardez la motivation ?
Oui, sinon on arrête tout de suite. On essaie de trouver des plans qui nous coûtent au minimum rien. Mais on sait très bien que c'est pas pour gagner de l'argent qu'on se déplace pour l'instant. On a très faim de concerts donc on se donne les moyens. C'est un investissement sur lequel on se rembourse en plaisir même si nous avons eu de bonnes surprises au final.
Votre musique est très "visuelle", à quand un clip ?
C'est en préparation justement. Ça devrait arriver fin 2019 au plus tard. Clipper 9 minutes, c'est loin d'être simple et ça coûte très cher. Donc ça prend du temps pour réunir les idées et les fonds.
Merci Rémi et les Vesperine.
Merci Aurelio et Domino Media.
Publié dans le Mag #38