A l'occasion de la découverte de leur superbe premier effort Parmi les autres, j'écrivais "le noir si présent n'est pas une fatalité, la lutte avec la lumière risque d'être sauvage. C'était il y a 4 ans et il semblerait que je puisse ouvrir une ligne de téléphone surtaxée et m'acheter une boule de cristal car les Lyonnais jouent plus que jamais sur l'affrontement des couleurs et des éléments. Dès l'artwork ou la lecture du nom des morceaux, on sait à quoi s'en tenir ("Clair-obscur", "Nous, si photosensibles", "Mille couleurs", "L'immensément noir", "Crépuscule et aube"...). L'opposition est tout autant sonique avec une autre constante, la capacité pour le groupe à sublimer les parties épurées et délicates comme celles les plus lourdes et déchirées.
Le reste de la chronique peut également être repris tant la qualité d'écriture (des textes comme de la musique) témoigne d'un travail mûrement réfléchi et que les intentions comme la réussite absolue restent les mêmes. La seule différence notable, c'est du côté de la production qu'il faut aller la chercher puisque c'est Amaury Sauvé (The Prestige, Birds in Row, As We Draw, Bison Bisou...) qui s'en est chargé cette fois-ci, plus de grain, davantage de travail sur les basses, un ajout de percussions, les changements sont subtils et ne dénaturent pas l'essence de Vesperine. Avec un chant clair toujours exceptionnel et de beaux progrès du côté obscur (qui n'est jamais très loin), le groupe nous transmet ses émotions à travers les mots (Que la douleur est belle, Le jour toute trace d'espoir s'efface, au travers de ces deux extraits, tu comprends que l'espérance n'est pas franchement au programme) et leur compréhension aisée accentue le malaise quand les guitares et la rythmique se déchaînent "avec une magnifique violence" (pour citer "Mille couleurs", un de mes titres préférés). A l'aise avec les constructions qui s'étendent (3 morceaux dépassent les 9 minutes), le quintette n'hésite pas à bousculer les codes et partir de zones ombragées pour y amener un peu de lumière ("Celui que l'ombre pénètre") pour finalement ne laisser vibrer que quelques cordes de basse et ramener la paix.
Puisqu'il ne faut pas résumer cet album à un combat et que je ne veux pas choisir un camp plus qu'un autre pour le décrire, je vais opter pour un seul mot que tu peux comprendre dans plusieurs sens, leur post hardcore est ... éclatant.
Avec le Sick Sad World sorti quelques semaines plus tôt, on tient là deux excellentes galettes dans un même genre, ne boudons pas notre plaisir de se faire malmener, ça n'arrive pas si souvent.
Publié dans le Mag #37