A Very Old Ghost Behind the Farm - Bareste Au coeur de l'hiver, Lundi Galilao (le pseudo est l'anagramme de son vrai nom mais on s'en cogne un peu), décide de monter un nouveau projet musical en solo. Lui qui oeuvre déjà dans Dead Mountain Mouth et NoPlaceForMan veut alors mettre en musique les légendes rurales et autres croyances ancestrales qui peuplent les déserts un peu paumés des campagnes désolées. Il compose alors une petite dizaine de titres et les couche sur bande afin de proposer un album entier, complètement auto-produit, home-made total. Le résultat ? Rock, metal, sludgy, doomy, acide, rugueux et empreint de mysticisme sombre.

La décadence sludge rock/metal à l'état pur, l'errance solitaire au cœur des marécages boueux chers à God Damn ou Addicted, le groove complètement enfumé d'un Electric Wizard, le ton rocailleux des cultissimes Down et les effluves haineuses d'un EyeHateGod... Sur ce premier méfait sonore, A Very old Ghost Behind the Farm flirte avec le côté obscur du sludge et se laisse porter par ses influences en même temps qu'il affirme une personnalité peu commune sur la scène hexagonale. Groove aride, cargaison de riffs à tendance old-school et grosse section rythmique : les titres s'enchaînent ("A possessed man", "Wheel of Satan", "Cross the skull river"...) et exhalent ce sentiment quasi palpable d'en avoir jusqu'aux genoux.

Atmosphères poisseuses des sables mouvants du doom, changement de rythmes typiquement sludge, guitares lestées de plomb et chant braillard, A Very Old Ghost behind the Farm (sans déconner, il n'y avait pas moyen de faire plus court ?) prend le risque d'être un peu répétitif mais paradoxalement y gagne en impact. La production, DIY colle parfaitement à l'objet, heavy rock plongé dans un bain de sludge metal corrosif et distorsion bien grasse, Lundi Galilao fait tout lui-même et de fait en maîtrise tous les paramètres, domine son sujet. On pourrait croire que Bareste nous vient d'un quelconque bayou de Louisiane, terre natale d'une certaine idée du sludge mais non, le disque nous arrive tout droit de la campagne française mais n'a pas grand chose à envier à ses lointains cousins...