L'attrait des splits est souvent double, d'un côté on a des titres "rares" ou "particuliers" qui ne trouvaient pas ou ne trouveraient pas leur place sur un album et de l'autre, on découvre assez fréquemment un groupe. Ici Verdun nous fait ouvrir les oreilles sur Old Iron. Du "vieux fer" qu'on imagine bien rouillé qui a sorti un premier album autoproduit en 2014 puis un deuxième chez Good To Die Records en 2017, un label qui comme le combo, est originaire de Seattle et ne s'est jusqu'ici que très peu exporté hors des Etats-Unis. Les amateurs de doom/sludge vont pouvoir ajouter ce nom à leur liste de groupes sympatoches quand il s'agit de faire vibrer les enceintes et de jouer avec une tonalité plus basse que terre. C'est rugueux, c'est obscur, c'est lent, c'est accrocheur, c'est vraiment très lourd, la première moitié de cet EP fait honneur au style, "Strix nebulosa" est vraiment chouette, il présente un large éventail des talents des Nord-Américains et ce seul morceau est une belle carte de visite pour mettre un pied sur un label européen pour leur prochaine sortie.
Si la production semblait très bonne, la troisième plage, "Narconaut" fait paraître les deux qui précèdent comme "moyenne" tant ça sonne. Les Verdun sont dans la place, ne nous voilons pas la face, c'est pour eux qu'on écoute ce split et le gimmick de guitare qui brille dès les débuts du morceau nous fait déjà plier le genou et hocher la tête. C'est l'âme de ce titre mais là encore, ne nous cachons pas, les fans dégoteront ce split pour la "rareté" que présente la cover de "Dawn of the angry", le morceau de Morbid Angel qui n'est initialement pas une promenade se retrouve aplati sur plus de 7 minutes par le rouleau compresseur montpelliérain qui fait de ce vieux morceau death un modèle de sludge (qui s'excite quand même sacrément en son cœur) totalement transformé. Pour l'occasion, les Verdun ont pris du renfort chez Mudweiser (Saïd et sa guitare) et chez Fange (Benjamin qui balance des samples et divers bruitages), histoire de maquiller parfaitement le titre, ils le chantent en français et le font agoniser durant plus d'une minute. Un régal.
Publié dans le Mag #49