Mieux vaut que les astres ne prennent jamais de repos, car si lors de leur shabbat, la Terre est en proie à ce que nous promet Verdun, on est mal. Leur doom poisseux s'abat sur nous après une courte intro qui serpente jusqu'à nos oreilles et amène derrière elle un mur de son gras et lourd. Guttural et ultra-saturé, le retour des Montpelliérains n'a rien de spatial ou d'extra-terrestre, il est plutôt sous-terrestre tant les forces en présence sont telluriques. La guitare comme la basse labourent, la batterie passe des coups de herse réguliers et le chant sème le désespoir. Si tu es enclin à la dépression et à l'hyperacousie, il faut impérativement passer ton chemin car ce n'est que le début d'approximativement une heure magistrale de métal sludge ténébreux. Étirés et matraqués, les riffs nous assomment, le côté répétitif de "Darkness has called my name" apporte une sensation d'enfermement qui éloignera les claustrophobes mais ravira les maso amateurs du genre. Le break épuré avec une petite guitare au cœur du titre casse l'ambiance mais ne nous sauvera pas. L'interlude "Интерлюдия" porte bien son nom, claire et courte, cette pause était nécessaire avant de plonger plus profondément dans l'opus. Même si le chant de "Venom(s)" est un peu plus léger, ça reste grave et ce qu'il perd en poids, le groupe le gagne en tranchant, avec un peu plus de nerf, on se rapproche des territoires post-hardcore et ça aussi, ce n'est pas pour nous déplaire... Et tant pis, s'il faut que la guitare nous lacère, on continue le chemin tortueux en leur compagnie, "L'enfant nouveau" est une promesse d'un avenir meilleur, non ? En fait, non. Verdun hache également menu la chair fraîche même s'il faut bien admettre que le groupe semble chanceler au moment d'asséner le dernier coup, une petite clarté venant brouiller les esprits. Le chant varie encore sur le final "Astral sabbath" distillant un petit zeste d'incantations et quelques souplesses mélodiques mais l'essentiel du propos et de la tonalité reste massif et impressionnant, le travail sur la voix, les rythmes et les distorsions, c'est juste pour montrer l'étendue de leur talent et s'assurer de nous mettre une claque monumentale.
Publié dans le Mag #40