Uneven Structure Après bien des mésaventures que nous ne relaterons pas ici, Uneven Structure débarque pas mal en retard dans nos colonnes mais comme une fois n'est pas coutume, nous n'y sommes strictement pour rien, on ne boude pas notre plaisir d'en parler... enfin. Pourquoi dites-vous ? Tout simplement parce qu'après une première démo relativement remarquée, (8, NDR), Februus, le premier effort long-format du sextet frenchy est une évidente claque, révélant assurément ce qui se fait de mieux dans l'hexagone en matière de metal technique, puissant, salvateur et inspiré. Une démonstration très long-format même puisque si le groupe a pris son temps pour sortir ce premier disque, il en aussi profité pour livrer un double-album aussi dense que soigné, à l'efficacité imparable.

Derrière le groupe, la mécanique du jeune label qui monte dans la sphère metal anglo-saxonne à savoir Basick Records (Aliases, Chimp Spanner, Visions...) et devant lui, un horizon dégagé autant qu'un potentiel technico-artistique dont la seule limite semble être le ciel... que l'on va régulièrement atteindre, on y revient. Pour l'instant, on se harnache solidement au siège, on appuie sur play et on laisse les trois premiers titres : "Awaken", "Frost" et "Hail", accomplir leur oeuvre. Une sorte d'introduction à l'univers d'Uneven Structure en forme de triptyque qui en dit aussi long sur les intentions que sur les capacités d'un groupe qui ressemble bien moins à Meshuggah que ce que l'on a pu lire ci et là. Bon quand même si, un peu... Mais surtout, ce collectif français parvenu à s'exporter avec Februus (tout arrive, youpi) délivre ici un intense et addictif cocktail de (post)metal/core/djent atmosphérique (rayez ou ajoutez la mention inutile ou supplémentaire) à la fois mélodique et burné, sauvage et maîtrisé... qui n'est pas sans rappeler ce que peut faire un Tesseract peut-être encore moins connu.

Rayon polyrythmies bluffantes, le groupe répond présent, niveau arrachage de tympans à la main puis à coups de hurlements abrasifs, tissage de la toile émotionnelle et autres séquençage de riffs à l'ADN metal technique scandinave... aussi (toujours cette petite référence à Meshuggah en filigrane quand on y repense). Un interlude ambient-metal (presque drone par moments) instrumental plus tard ("Exmersion") et voici qu'Uneven Structure relance la mécanique avec un "Buds" brutalement ravageur puis un "Awe" massivement destructeur. La sulfateuse métallique est de sortie et le groupe arrose copieusement les enceintes, de leur côté, les ambiances s'assombrissent et l'alternance chant clair/hurlements rageurs fait peser une certaine tension sur l'ensemble. Et c'est au moment-même où l'on sent qu'il s'abandonne à ses instincts les plus noirs que le groupe décide de changer de registre en optant pour ce qu'il avait plusieurs fois fait apparaître comme la dominante potentielle de son écriture, à savoir ce metal hyper technique certes mais particulièrement atmosphérique ("Plenitude") dans lequel il évolue avec aisance assez frapante. Comme si derrière la violence apparente de sa musique, Uneven Structure cherchait avant tout son paradoxe ultime, à savoir y insuffler une douceur certaine.

Dix titres de très grande classe pour un album à l'excellence, soyons honnêtes et pour une fois chauvins, rare, c'est donc un sans-faute pour les frenchies qui en rajoutent une deuxième couche avec un second disque composé de trois nouvelles pistes, lesquelles vont beaucoup plus loin dans l'exploration du côté "atmosphérique" de la musique du groupe puisque consistant en des travaux ambient aux textures parfois shoegaze. On oublie le metal et on s'immerge dans ces trois morceaux fleuves, assez différents du contenu présent sur le premier disque et marqués par un minimalisme vaporeux certain, quelques longueurs aussi, mais surtout une impression de détachement qui sied parfaitement à un Uneven Structure qui a donc clairement décidé de ne pas faire grand chose comme tout le monde avec ce premier album... décidément (très) Classe.

NB : l'objet, livré dans un digipack 2xCD au look plus qu'étudié, est esthétiquement en parfaite osmose avec son contenu.