Unearthed Il y a des pochettes d'albums qui attirent l'oeil bien malgré elles, un rectangle noir à bord gris sur fond noir, un monochrome de Klein n'aurait pas fait mieux, et un mot "Unearthed". Pour autres infos des titres aux noms peu évocateurs et somme toute assez cryptiques et un label Rage of Achilles. 99 pence pour cause de déstockage, ça vaut la peine de prendre le risque.
Première écoute et premier choc, des cris, des guitares destructurées, des compos à rallonges, une énergie vicérale, Unearthed ne fait pas les choses à moitié. Tool passe pour un ancêtre commercial. Vampirisme de l'artwork au profit des paroles et de la musique, 9 titres pour 66 minutes et 39 secondes, la moyenne est impressionnante. Enregistré à Sacramento, Unearthed n'as heuresement rien à voir avec un ressucé de Deftones.
"Silence and Mirror" se perd en écho, en réflection, en voix lointaine, -hollow echoes chanting in rythmic waves-, explose sur une pointe chauffée à blanc, la grosse caisse débale, s'emballe, ondes sonores métalliques, ruminements intérieurs, violences auto-destructrices. L'ambiance de Unearthed est sombre, sauvage et primale, la basse gronde, ronge les fondations avec une rage séculaire, un appétit vorace, les riffs surgissent dans une brutalité à peine cachée sous la saturation, une rage sous-jacente qui se trouve masquée, appaisée par des passages instrumentaux voluptueux, pour autant que celà puisse s'appliquer à Unearthed, "Deepest Regrets" alterne ainsi cette primalité sombre et un passage plus calme, presque aérien, voix lente et torturée, abattue à coups de mélodies malsaines et efficaces.
Difficile de rester de marbre à l'écoute d'Unearthed, passage calme, étouffé, une saturation lente qui décoche lentement ses notes, pour finir sur "the primate exhibit" plombé jusqu'à la moelle, certains émo-kids vont se faire du mauvais sang et ferais pas mal d'apporter un soin particulier aux paroles, -we are told that we are free-, montée sur une mélodie anaérobique. Déconstruits et construits, par forces de guitares, de mélodies bancales et accérées, les titres de Unearthed prennent toutes leurs dimensions sonores grâce à la dimension temporelle, "the primate exhibit" aura du mal à l'infirmer.
Mélodies brodées et assemblées avec attention, avec un soin particulier, contrastant avec l'orage magnétique usuel, "wandering", "invisible lab rats" et "horizon" dévoilent les différentes facettes du groupe, comme également les intros au crescendo lent et consiencieux de "melted plastic faces" ou "my glorious martyr". Les échos de "an anatomy of failure" virent punk, émo, voile la face caché du monde, et les slides de basses de "melted plastic faces" lacère le caisson de basse, font monter la tension d'un cran, surtout quand le groupe entier s'y met.
"My glorious martyr" est déchiré après une lente intro solemnel, cris perçants, mélodie qui fait bloc tel un marteau-piqueur.
A l'image de cet album, difficile de faire court pour décrire Unearthed...