Presque 10 ans après leur remarquable Objectif : thunes, les Ultra Vomit ont remis ça, il était temps ! La modif de line up (Pierre Jacou (Black Bomb A) laissant sa place de bassiste à Matthieu Bausson), les autres projets (Andreas & Nicolas, Justin(e)...) et les tournées à rallonge peuvent expliquer qu'ils ne soient pas aussi présents dans les bacs mais la principale excuse reste la qualité de ce qu'ils nous proposent parce que là encore les 22 pistes sont autant de pépites (même les petites). Et des titres aussi ciselés, réfléchis aux textes soignés et aux styles variés, ça se travaille ! Surtout pour atteindre un tel niveau de connerie hilarante.
Embarquement immédiat pour 40 minutes de sourires, de franche rigolade et de "putain, ils sont forts quand même" avec le générique des Looney Tunes brutalement métallisé ("Entooned" / Entombed), le premier vrai titre est "Kammthaar" et on se dit qu'on tient le méga hit de l'album (je divulgache mais en fait, y'en aura plein). Il faudrait faire le texte avec des non francophones mais même avec l'insertion de la tirade "yeux revolver", ça peut passer comme un inédit de Rammstein tant tout y est ! Forcément, quand on capte les textes, on ne peut que reprendre les paroles à la con et se rouler sur l'autoroute par terre de rire. Mate la classe du clip et tu comprends tout de suite à quel niveau Ultra Vomit se situe. Ça enchaîne (vite, trop vite car les titres sont courts, trop courts) avec "Un chien géant", clien d'oeil appuyé aux Tagada Jones dans le son et le ton plus que dans les textes ("Un chien géant, c'est comme un chien mais en plus grand", d'ailleurs, je vais y aller mollo avec les citations sinon, l'article va faire 4 pages). Autre grand moment de parodie, c'est "Takoyaki", la célèbre pieuvre grillée, spécialité d'Osaka, est chantée à la mode Babymetal et c'est bien plus drôle que l'original (qui est déjà marrant sans le vouloir). Après une escapade chez nos cousins québécois (quel accent !) et un titre qui parle de "sexe" en long plus qu'en large ("Hyper sexe"), on passe à table pour une première rasade de "La bouillie" (sauce Lofofora ou MetallicA ?). "E-Tron (Digital caca)" est un excellent morceau électro-scato-indus alors que "Le train fantôme" tacle la SNCF (et David Gilmour qui s'inspire de son jingle ?). Nouveau tube international avec "Calojira" qui comme son nom l'indique mixe Gojira (un peu de "Vacuity" mais aussi un peu de "Stranded" alors que Gojira l'a composé après !) et Calogero (qui semble avoir un sacré sens de l'autodérision si on écoute "Je fais de la musique"). Enorme. Nouvelle ration de "La bouillie", mêmes paroles mais cette fois-ci, l'écho cathédrale fait penser à du Ghost. On reste dans la culture religieuse avec "Jésus", un gospel marqué par la touche AC/DC. "Anthracte" (coucou Anthrax) permet de présenter le groupe comme les amateurs aiment le faire mais avec un effet vendeur de supermarché et des textes, encore une fois, rigolus voire rigolards et même rigolos même quand ça se bastonne et qu'intervient Fred Duquesne (à quand une parodie de Mass Hysteria ?). Hommage ensuite à Ken le survivant qui n'a qu'un seul idéal "boire de la Keken et se mettre minable" (avec de la 'Ken, il faut en boire quelques litres...), retour à la bouillie façon heavy puis c'est "Noël". Plage skate-core speedée avec Papa Noël au chant, pas la plus excitante. Le titre suivant est encore très évocateur : "Pink Pantera" où la Panthère Rose croise Pantera et le "Pink power" scandé tacle à la gorge Anselmo et ses délires facho. De la déconne et du message. Comme pour "La ch'nille" où le tube honteux est passé à la moulinette grind Cannibal Corpse et s'accouple avec la quatrième part de "La bouillie". Petit détour instrumental par des références cinématographiques ("Batman vs Predator") avant un nouvel élan scatologique ("Pipi vs Caca" qui pourrait parodier Kinito si le groupe avait eu un semblant de succès pour mériter ça). C'est déjà la fin mais Ultra Vomit ne nous lâche pas sans un dernier hit intergalactique : "Évier métal" : textes et musiques sont juste exceptionnels (encore) et pourtant, je n'aime pas le heavy.
Indispensable oeuf aux 22 petits jouets, Panzer surprise ! est tout en finesse même si semble un peu lourdaud de prime abord. (Oui, comme ta bite et toi).
Publié dans le Mag #29