En moins de 24 heures (les 7 et 8 décembre), entre Calais et Liévin, j'ai pu assister à deux soirées métal qui affichent "complet". Ça fait du bien, d'autant que ces salles sont grandes et que pour l'une des deux (l'Arc-en-Ciel), les bénéfices sont des jouets pour les enfants. Les trois prestations sont l'œuvre de trois groupes que j'ai déjà vus en live, dont je connais les albums par cœur et qui ne déçoivent qu'ultra rarement sur scène. Retour en mots et en photos sur cette distribution d'ondes positives.
Unswabbed
Ouvrir pour Ultra Vomit c'est l'assurance d'avoir un public prêt à répondre aux sollicitations, connaisseur et surtout nombreux car partout où les Nantais posent leurs amplis, on se presse pour passer du bon temps avec eux. Les régionaux de leur étape ont donc profité d'un Centre Culturel Gérard Philippe plein à craquer pour dire au revoir à 2018 (c'est leur dernier concert de l'année) avec un beau pogo, un gros wall of death, une heure de gros son et douze titres qui mixent nouvel album et vieux tubes. Un équilibre atteint mathématiquement (six titres pour les deux camps) pour un ensemble homogène même si le vieux fan que je suis aurait aimé entendre d'autres morceaux "cultes" comme "Encore sourire", "Si souvent", "Jusqu'à l'aube" ou "Addict" et pourquoi pas "Sans lendemain" ou "A l'envers" du dernier opus, bref, il aurait fallu que le groupe joue 30 minutes de plus... Il leur aurait aussi fallu garder de l'énergie parce qu'ils ont balancé tout ce qu'ils avaient en ce vendredi soir, arpentant la scène de long en large, se frottant au bouillant public, Séb' et les siens n'ont pas laissé beaucoup de temps morts et convaincu les quelques sceptiques qui pensaient qu'ils auraient du mal à s'éclater avant leurs chouchous Ultra Vomit.
Setlist :
D'amour et d'ivresse
La chute
L'équilibre
Sans faire de bruit
Paranoïaque
L'étincelle
Dans le chaos
Les nerfs à vif
De l'ombre à la lumière
Ma place
Sur la brèche
Si
Ultra Vomit
Les Ultra putains de Vomit sont des tarés. Leur show est millimétré du début à la fin, et même avant le début et carrément après la fin. Rien n'est laissé au hasard dans ce qui semble n'être qu'un joyeux bordel. Tout est prévu, certaines vannes ont été moisies en fûts de chêne pendant 18 ans pour être aussi contre-performantes et donc excellentes. Attention, y'a du spoiler si tu n'as jamais assisté à une de leurs messes ! Avant le début, y'a le line-check, la vérification que les instruments sont bien branchés et accordés, basse besogne laissée aux roadies, ceux d'Ultra Vomit ont de la chance, ils ont un sweat floqué qui claque et des lunettes de soleil, des vraies stars qui font bien leur boulot même s'ils cherchent un peu à s'accaparer la gloire du groupe en jouant quelques morceaux bidons ("J'ai du bon tabac" quoi), ça doit être leurs potes car je ne comprends pas qu'on puisse laisser des mecs autant piquer la lumière au groupe qui en mérite tant. Le temps d'accorder (pour de faux) la gratte et la basse, le groupe monte enfin sur scène pour y enchaîner méga-tubes, blagues et conneries en tout genre poussant le souci du détail et de la carritude à éviter les pains (malgré une excellente "Boulangerie pâtisserie") et à multiplier les ambiances métalliques. Les gars sont vraiment doués car passer d'un style à l'autre avec une telle aisance, c'est pas évident. Et puis il y a tous ces petits trucs qui font que c'est encore mieux que sur album (le micro plus haut pour "Quand j'étais petit" et le clin d'œil à Lemmy, les images projetées comme le batsignal sur "Batman vs Predator", la prononciation de "dollar" à la mode de Québec...). A Calais, il paraît que c'était la centième date, Fetus s'est senti pousser des ailes et a carrément demandé l'impensable à Flockos, ouais, à brûle-pourpoint il a réclamé, histoire de fêter ça dignement et un peu en mode "t'es pas cap" parce que bon, voilà quoi, c'était la putain de centième date, bref, le leader charismatique aux longs cheveux qui ne joue pas de batterie a défié son guitariste à crête et, l'impensable se produisit, le défi fut relevé, haut la main. Le public a lui aussi répondu présent quand il a fallu chanter "Une souris verte", faire "La ch'nille", organiser un wall of death scatologique sans écraser le mec sceptique au cœur de la fosse et a même eu le droit à "Je collectionne des canards (vivants)", un titre d'un vieil album qu'un gars a réclamé parce qu'il pensait que les Nantais ne rejoueraient pas ce vieux morceau. Et quand on croyait que c'était terminé, bah c'était pas tout à fait fini avec une ultime pitrerie qui était bien rigolote. Ahah, je m'en marre encore.
Setlist :
Darry Cowl Chamber
Les bonnes manières
Un chien géant
E-tron (digital caca)
Mechanical chiwawa
Je ne t'es jamait autans aimer
Mountains of maths
Calojira
Takoyaki
Boulangerie pâtisserie
Super sexe
Hyper sexe
Batman vs Predator
Une souris verte
Phoned to death
La ch'nille
La bouillie IV
Keken
Anthracte
Je possède un cousin
Like to vomit
Pipi vs caca
Outro
Je collectionne des canards (vivants)
Kammthaar
Quand j'étais petit
Evier metal
Mass Hysteria
Il se passe toujours quelque chose à un concert de Mass Hysteria. Ici, outre l'énorme prestation qui a amalgamé vieux titres et nouvelles bombes, je retiendrais qu'un certain Alexis a remplacé Yann sur un titre... Dès le début du concert (parti sur des bases plus que massives avec "Reprendre mes esprits" et "Vae soli"), Mouss repère un grand carton et surtout le message qu'il véhicule, un mec a appris "Plus que du metal" et voudrait le jouer avec eux. Fred et Yann sont chauds, c'est donc ok, mais ce sera pour plus tard, le suppléant d'un soir aura le temps de voir monter la pression... Pression qu'on trouve au bar mais la bière se boit aussi en bouteilles et alors que le vigile voulait faire son job en ôtant une canette à un spectateur, Mouss intervient "t'inquiète, c'est un public gentil, il les ramène sur scène quand elles sont vides, y'en aura une ou deux seulement ce soir", bon, en vérité, il y en aura plutôt 5-6 mais elles seront ramenées sur scène. Bon esprit, bonne ambiance, le vigile n'aura plus rien à faire ce soir, à part profiter du show... Parmi les vieux morceaux, on sent que l'actualité influe sur la setlist, "World on fire" permet déjà de placer un petit mot sur les gilets jaunes pacifistes et sur les révoltés, les sans-dents, les citoyens qui se bougent sans attendre les politiques ou les syndicats, les "Chiens de la casse" qui sont eux aussi de la partie ce soir. "Se brûler sûrement" et son break final était attendu, c'est désormais vérifié, on décolle grâce aux vibrations exceptionnelles de ce titre. "Chaman acide" enquillé derrière se défend bien aussi avant de provoquer, provoquer, la "Contraddiction", un peu plus un de mes titres préférés depuis ce samedi soir. Pour "P4", seul Mouss descend dans la fosse, le circle pit est gros, ça va vite, "Tout est poison" ralentit un peu le tempo mais c'est "L'Enfer des Dieux" qui permet un peu de repos et de recueillement. Grosse baffe avec "Nerf de bœuf", gros bisou avec "Derrière la foudre" et on se rend compte que le temps passe vite alors que les Mass quittent la scène. Pas de "We came to hold up your mind" en ouverture, pas plus en transition pour le rappel, on ne l'aura pas ce soir mais je me console avec un de mes nouveaux titres préférés à savoir "Arômes complexes", grandiose sur scène. Et c'est l'heure de gloire ou de malaise pour Alexis, Yann lui laisse sa guitare (il prend du coup des baguettes pour filer un coup de main à Raph) et le sample de "Plus que du metal" lance le morceau, le Cambrésien assure et profite de l'instant au maximum. On risque de le revoir le 13 avril au BetizFest... Pour la suite, rien de nouveau, les garçons et les filles peuvent danser et finir en fusion avec le combo qui aura quasiment joué 2 heures, distillant un max d'énergie et de sourires autour d'eux, offrant également plus de 1000 cadeaux à des enfants qui en ont besoin. Bravo aussi donc à l'organisation qui chaque année apporte du bonheur pour un soir à ceux qui sont au concert et pour de longues heures à ceux qui joueront avec les jouets offerts à la place d'un ticket d'entrée.
Setlist :
Reprendre mes esprits
Vae soli
Une somme de détails
Positif à bloc
World on Fire
Failles
Se brûler sûrement
Chaman acide
Contraddiction
P4
Tout est poison
L'Enfer des Dieux
Chiens de la casse
Nerf de boeuf
Derrière la foudre
Arômes complexes
Plus que du metal
Donnez-vous la peine
Respect to the dance floor
Furia
Merci à Elodie et Manon, merci à Verycords.
Photos : Oli
Publié dans le Mag #36