Ufomammut - Ecate Après la doublette Oro: Opus primum et Oro: opus alter, Ufomammut délivre Ecate qui comme son artwork (superbe) l'indique, continue de labourer les mêmes terres bien que le trio délaisse encore davantage le côté psychédélique qui caractérisait son sludge à ses débuts. Place désormais à l'éloge de la saturation brute de décoffrage, rugueuse et qui va chercher les fréquences les plus graves pour nous procurer un maximum de sensations. Je soupçonne même les lascars de balancer des infrasons histoire de rendre sourdes les taupes, parasiter les discussions des girafes et à exciter les pachydermes.

Que les morceaux s'étendent sur une dizaine de minutes ("Somnium", "Chaosecret" et "Daemon") ou soient "expédiés" en deux temps trois minutes ("Plouton"), Ufomammut ressemble toujours à un rouleau compresseur qui chercherait à nous aplanir les oreilles. Il n'y a guère que sur "Revelation" que l'on sorte un peu la tête du trou, mais ce répit n'est présent que pour mieux balancer leur ultime titre à la rythmique diabolique ("Daemons") parce que oui, les Piémontais ont aussi le sens du groove, enfin si tu es DJ à tes heures perdues, ne t'attends pas non plus à enflammer le dance floor avec ce tube, ou alors faut mixer dans une soirée zombies où les faces terreuses des participants menaceraient de tomber à chaque secousse tellurique envoyée par les enceintes. Parce qu'au risque de se répéter, Ecate est gras, assourdissant et si tu as de quoi envoyer du son dans ton système hi-fi, une diffusion assez forte peut remplacer le traditionnel époussetage de printemps, les vibrations étant capables de faire décoller la poussière, même la pire, celle incrustée sur les boîtiers cristal qui protègent tes CDs. Un comble pour des riffs aussi crasseux... Avant de conclure, on peut s'interroger sur les prochaines évolutions du combo qui, sur la fin de l'opus laissent entrer plus de lumière, après l'intermède "Revelation", "Daemons" se montre assez aéré et plus brillant que le reste, et oui, je l'avoue, j'ai un gros faible pour ce morceau qui achève le disque sur une excellente note.

Ufomammut n'a plus rien à prouver à personne si ce n'est qu'ils savent enquiller les albums de grande classe les uns après les autres sans que l'on puisse rien leur reprocher, dosant avec un grand talent des touches qui montrent une évolution vers la perfection ultime.