Ufomammut - Oro: opus alter Les meilleurs diptyques étant fatalement en deux parties, voici donc la suite et la fin de l'ambitieux projet Oro signé des brillants italiens d'Ufomammut, avec cet Opus alter sensé compléter et boucler la boucle initiée il y a quelques mois par Oro : Opus primum. Et dans ce registre là, pas de suspens puisque les nouveaux poulains de l'écurie Neurot Recordings maîtrisent comme à leur habitude le sujet sludge/post-doom psychédélique et métallique à l'excellence atypique qui a fait leur marque de fabrique depuis pas mal d'années maintenant.

Une longue transe à travers les confins du post-doom / hardcore / sludge, l'inaugural "Oroborus" fait tout de suite replonger l'auditeur dans l'univers âpre, prégnant, oppressif de la formation italienne. Les riffs sont tout aussi lourds qu'à l'accoutumée, les petites textures psychédéliques discrètement omniprésentes et l'ensemble est toujours gagné par un sentiment d'amplitude pesante. Une forme d'oscillation (post)métallique emmenant l'auditeur à s'immerger dans un magma sonore inextricable et aliénant. Faisant l'éloge d'une lenteur presque maladive ("Luxon"), tout en ménageant ses effets avec le sens aigu d'un minimalisme de façade derrière lequel se dissimulent des myriades de détails et nuances, Ufomammut ne fait rien moins que ce l'on attendait de lui.

Voire même un peu plus, portant son concept vers les extrêmes en laissant monter lentement mais inexorablement une pression sonore devenue au fil des minutes quasi asphyxiante. Jusqu'à aboutir à "Sulphurdew", titre-somme et morceau-fleuve à lui tout seul au cours duquel, les italiens laissent le libre cours absolu à leurs appétences créatives, douze minutes et dix-neuf secondes durant. On s'en doutait, le résultat est à la hauteur du défi proposé, notamment en termes de maîtrise formelle. Et si parfois, on regrettera d'avoir l'impression de se retrouver face à un exercice de style dévoilant une maestria sidérante, Ufomammut se garde bien d'oublier de créer, d'inventer...

... pour ainsi conclure de la plus belle des manières (le bien nommé "Sublime") un diptyque massif et diaboliquement envoûtant dont l'épilogue ("Deityrant") n'est finalement que l'ultime chapitre d'une odyssée musicale qui emmène progressivement l'auditeur aux confins du HARD. Avec sa bénédiction et la nôtre. Conclusion : la classe absolue made in Neurot Recordings, malgré quelques très légers moments d'égarement en chemin. La marque des grands ?