Ufomammut - Oro: Opus Primum Consécration pour les italiens d'Ufomammut : après des années à ferrailler leur sludge/drone/doom psychédélique sur le vieux continent au détour de quelques cinq albums + un disque collaboratif produit avec Lento, les voici débarquant chez le prestigieux label Neurot Recordings (A Storm of Light, Ides of Gemini, Shrinebuilder, US Christmas...), fondé et dirigé par les membres de Neurosis en personne. Et pour "fêter" ça comme ils se doit, les gaziers livrent en 2012 non pas un mais deux albums présentés sous la forme d'un diptyque discographique bénéficiant d'une sortie en deux étapes, le premier de ces deux volets, intitulé Oro: opus primum envahissant présentement nos pages.

Débarquement sludge/doom/metal instrumental au psychédélisme halluciné, Ufomammut livre ici une quinte flush de titres s'étendant sur plus de cinquante et une minutes d'une musique qui rafle la mise avec une maestria proprement ahurissante. "Empireum" s'offre d'entrée de jeu une longue, très longue (trop longue) intro au minimalisme ascétique quelque peu ennuyeux alors même que l'on n'est pas encore entré dans l'album. Un bluff. Parce que par contre, une fois qu'on y est, on y reste, porté par cette musique en apesanteur qui défie littéralement les lois de la gravité pour mieux distiller son propos. Entre lourdeur puissamment aliénante (le jouissif bulldozer sludge qu'est "Aureum") et nappage drone/synthétique hypnotique de "Magickon", le groupe cisèle ces compositions à l'infini et parvient déjà à son sommet créatif alors que l'on n'a pas encore tout vu.

Habité par une conviction absolue en son oeuvre, Ufomammut lâche alors complètement les chevaux, à l'image de cet "Infearnatural" sur lequel il vient guerroyer, choeurs lointains à l'appui à la manière d'un Jesu qui aurait copulé avec Neurosis pour lester de plomb des textures ambient/shoegaze s'enfonçant désormais avec délectation dans les abîmes d'une mouvance doom/sludge cathartique et foncièrement addictive. La répétitivité érigée comme norme supérieure, cette emprise métallique aux riffs stoner de l'enfer qui ne semble jamais vouloir lâcher sa proie avant d'avoir complètement satisfait les besoins de la bête. En témoigne le cinquième et ultime titre de cet Oro: opus primum : "Mindomine" lequel fait de nouveau tomber la foudre sur les enceintes pour les ensevelir sous des kilotonnes de ce magma musical aussi prégnant qu'inextricable. Une conclusion pas aussi "ouverte" que ce que l'on redoutait mais déjà l'impression de s'être pris une baffe monumentale en travers de la figure.