Ufomammut - Eve Genèse 1.1 Au commencement, Ufomammut eut l'idée d'un album conceptuel ambitieux, une œuvre composée d'un seul et même morceau qui s'étendrait sur près de trois quarts d'heure, un "one-track record" par la suite découpé en cinq plages de durées différentes, pour en faciliter la compréhension globale. Plus qu'un défi : une épreuve de force.
Genèse 1.2 La page était blanche et sans âme : il y avait des idées à la surface de l'abîme et l'esprit du doom psychédélique se mouvait au-dessus des amplis encore éteints. Le calme avant la tempête. Le groupe pouvait entamer en toute quiétude son long périple dans les affres de la création.
Genèse 1.3 Les Italiens commencèrent à jammer et rapidement, le ciel s'assombrit et la cendre volcanique encercla le studio, forçant le groupe à repousser ses propres limites et à se retrouver plus loin encore qu'il n'était jamais allé.
Genèse 1.4 Progression infernale, depuis la sérénité intérieure vers les méandres d'un esprit torturé, les Ufomammut s'embarquèrent dans un périple musical où l'alpha et l'omega ne semblaient plus faire qu'un, un voyage jusqu'au bout de l'Enfer résolument tourné vers un indicible absolu : la quête d'un Graal musical symbolisé par la reconnaissance de ses pairs, la sensation d'être parvenu à une forme d'aboutissement artistique.
Genèse 1.5 Le trio chercha la lumière, la trouva. S'enfonça dans l'ombre, parcouru les ténèbres, toujours en quête de ce son doom/sludge psyché ultime dont il s'approchait toujours plus. Lentement... inexorablement.
Genèse 1.6 Les minutes défilèrent, la musique du groupe gagna peu à peu en intensité, atteignant même des sommets jusqu'alors inexplorés, poussant le jusque-boutisme métallique dans ses derniers retranchements en même temps que l'atmosphère se faisait de plus en plus irrespirable. Une puissance sonore défiant l'entendement, atmosphères de désolation et chœurs fantomatiques, les Italiens continuèrent leur ascension artistique, affrontant les éléments sans jamais dévier d'un iota de leur ligne directrice. Quand bien même le cyclone se rapprochait.
Genèse 1.7 Saturation maximale et lancinante, un mur de décibels se dressant face à lui, Ufomammut faisait désormais face à la Bête, dans son antre, pris au piège, mais toujours porté par cette inébranlable soif de création, d'expérimentation hardcore et d'abandon de soi. L'affrontement fit rage, les instruments se déchaînant, le groupe les martyrisant encore et encore jusqu'à ce que le résultat, baignant dans le pourpre, ne trouve enfin grâce à ses yeux.
Genèse 1.8 Nul chef-d'œuvre ne voyant le jour sans douleur, le groupe ne fit pourtant aucun compromis, s'octroyant seulement une petite respiration apaisante avant de s'en aller défier les cieux. Riffing d'une profondeur insondable, heavy psyché stoner adoubé par une guitare-basse pachydermique et des effets de synthés proprement diaboliques, Ufomammut atteignit enfin les rivages du doom cosmique... cerné tout autour de lui par un paysage sludge de désolation.
Genèse 1.9 Enfin les artistes du Malleus Rock Art Lab composèrent l'un de ses artworks dont ils ont le secret et confirent le reste à l'étrange crew de SupernaturalCat Records, spécialiste des musiques extrêmes du côté de la péninsule italienne, lequel en fit un usage des plus remarquables, livrant ainsi un album au contenant aussi inattaquable que son contenu.
Genèse 1.10 Ainsi, il y eut donc un concept, et il y eut un album, un objet, élégant et tangible, dense, explosif comme jamais. Et Ufomammut enfanta du disque de sludge-doom psychédélique parfait : Eve.