tusk_the_resisting_dreamer.jpg Quatre titres pour un peu moins de quarante minutes de musique, incluant un titre long de plus d'un quart d'heure, The resisting dreamer promet d'être compact, intense et destructeur. Et c'est effectivement le cas, mais il faut alors ajouter "torturé", à la liste des adjectifs qualificatifs. Véritable plongée en apnée dans les méandres d'un esprit malade, "Coaxing the resisting dreamer : the everlasting taste of disguise" entrouvre la porte des rêves, pénétrant sans se retourner dans l'inconscient d'un esprit aux dysfonctionnements schizophréniques latents. Tusk trouble notre perception des choses, alliant les plages de post-rock tellurique à un mélange noise-hardcore aussi lunatique que desaxé. Ereintant mais fascinant, The resisting dreamer n'est sans doute pas à mettre entre n'importe quelle oreilles, mais les amateurs d'Isis, Made out of Babies ou Battle of Mice devraient largement y trouver leur compte. Le diptyque "Coaxing the resisting dreamer : cold-twisted aisle" poursuit son oeuvre analytique. Fiévreuses, les modulations harmoniques orchestrées par le groupe gagnent en intensité, en noirceur également pendant que les nuages d'électricité s'assombrissent et que les éclairs commencent à lézarder le ciel...
L'orage ne s'abattra finalement pas sur nous, la furie brute restant contenue, le groupe se contentant de faire planer la menace pour mieux développer ses ambiances... sombres et tourmentées. Riffing massif, rythmiques milimétrées et saturation permanente, surmontée de quelques hurlements désespérés, Tusk livre une oeuvre où délires psychotiques se disputent à la désagrégation de la personnalité. A la fois frontal et labyrinthique, The resisting dreamer est un disque étrangemment structuré, troublant et alambiqué en même temps que libérateur mais obsédant. Lestant ses guitares d'une demi-tonne de plomb à chaque riff, Tusk pose ses instrumentations sur des structures changeantes qui peuvent à tout moment faire voler en éclats d'obsidienne un ensemble à la fois fragile et destructuré, mais paradoxalement homogène (l'imposant "Lewdness and frenzy of surrender"). Si Pelican entrevoit maintenant la lumière bout de son tunnel musical, de son propre cheminement personnel, Tusk lui semble s'enfoncer inexorablement dans les ténèbres, au coeur d'un univers quasi inextricable, fait d'incertitudes et de douleurs. Un monde musical dont on ne peut ressortir indemne...