Trounce-The seven crowns Le verbe anglais "To trounce" peut être traduit par "foutre une branlée", voilà qui pourrait résumer l'histoire de ce supergroupe si elle n'était pas un peu plus complexe... Au départ, ce ne sont que des bouts de riffs mis de côté par Jonathan Nido (guitariste de Coilguns et cofondateur de Hummus Records), accompagnés d'un peu d'arrangements et de rythmiques numériques, ça a fait une démo... qui est arrivée jusqu'aux oreilles des responsables du Roadburn. Lesquels ont demandé à Jona de monter un groupe pour jouer ces titres lors d'un concert exceptionnel pour l'édition 2023 du festival, un petit concert à 14h pour lancer les hostilités sur la scène The Terminal le 21 avril, journée qui verra se produire Ad Nauseam, Deafheaven, Brutus, Oiseaux-Tempête, Portrayal of Guilt, Sierra, PoiL Ueda... Jona n'est pas allé chercher bien loin son équipe puisqu'il a fait appel à Luc Hess (batteur de Coilguns), Renaud Meichtry (chanteur de Kruger et collègue de Hummus Records), Lea Martinez (synthé et chant de Etienne Machine), Anna Sauter-McDowell (bruitages) et Naser Sulejmani (guitariste), tous deux issus de Yrre. Et pour faire le son, pourquoi ne pas demander à Kevin Galland (bassiste de Coilguns) ? En gros, c'est toute la famille du Nord-Ouest de la Suisse qui unit ses armes pour retourner le Roadburn.

Quelques mois plus tard, Hummus Records emballe l'album studio et la performance live dans un double digipak aux illustrations soignées pour une double raclée. Entre hardcore et black avec des rafales de riffs, des hurlements, un matraquage en règle et quelques bribes de chant clair déchirant le tout et qui donnent l'impression que la fin est proche, bienvenue dans le monde torturé de Jona Nido. Ça défouraille et ça s'égosille à tout va, parfois même sans savoir vraiment si ça valait le coup d'en balancer autant ("Faith, hope, love") et si le rythme retombe, l'ambiance doom plombe toute envie de se relever ("Stones") tant on sait qu'on va se faire défoncer par le titre suivant qui surpasse en férocité la grande majorité de la production métallique extrême actuelle. C'est simple, si Trounce était une émission de télé, elle aurait un petit signe "-18" signalant une "très grande violence". Seul "The circus" est un plus rock, offrant un peu de repos aux oreilles délicates.

Pour leur heure de show au Roadburn, le groupe débute en douceur avec un "Roadburn prologue" très aérien, l'oppression totale possible sur disque n'était pas au menu du concert qui propose deux passages tranquilles et instrumentaux ("Echoes", "Arias from the empty room") en plus de "The circus". Pour le reste, c'est la baston. Est-ce un choix ou la réalité du show, je ne suis pas fan du mixage, avec beaucoup de grave (la batterie est écrasée) et un chant qui semble détaché du reste. La déflagration devait être vécue in situ, les absents ont toujours tort.