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Biographie > Trivium vivra(t)

Formé en 2000 du côté de sa Floride natale (aux USA pour les nuls en géographie), Trivium est une formation évoluant dans un registre metal/trash/core qui fait ses premiers pas discographiques en 2003 avec Ember to Inferno mais restera dans l'ombre jusqu'à son troisième album studio The crusade (2006). Entre-temps, le groupe a sorti Ascendancy (2005), sans pour autant réellement se démarquer de leurs compatriotes hors du territoire nord-américain... où ils ouvrent entre autres pour As i Lay Dying ou Machine Head. L'année 2006 marque donc un tournant dans la carrière du groupe qui prend avec The crusade un tout autre statut, lui offrant notamment d'ouvrir sur la tournée mondiale d'Iron Maiden. Puis de s'offrir des tournées internationales en tête d'affiche (c'est désormais des groupes de la trempe de Gojira qui ouvrent pour eux).
Shogun, qui sort en 2008 puis In waves (2011), les quatrième et cinquième albums du groupe ne feront alors que renforcer ce constat : Trivium est désormais un poids lourd de la scène metal(core) planétaire.

Trivium / Chronique LP > Vengeance falls

Trivium - Vengeance falls Véritable tent-pole de la scène metalcore planétaire, Trivium est devenu au fil des années (et des albums) la tête de file du genre, un véritable blockbuster qui fait les choses en mode bigger than life avec une production de patrons, un artwork tout droit sorti d'un film de SF hollywoodien à budget colossal et une petite dizaine de titres - dans le cas présent - taillés pour faire sauter la banque et par conséquent concasser les charts (US notamment) comme pas deux. Alors fatalement, calibré, ça l'est, musclé, évidemment, mélodique, pas mal aussi et bien entendu d'une efficacité plutôt redoutable (à défaut de mieux conviendront/objecteront les âmes chagrines).

L'inaugural "Brave your storm", l'éponyme "Vengeance falls" puis le très mainstream "Strife" défilent sur la platine et sans grande surprise Trivium fait à la virgule près ce que l'on attendait d'un album tel que celui-ci... En gros du metalcore aux mélodies fédératrices et qui bénéficie d'une production aussi propre que solide. Net et sans bavure, avec en bonus quelques breaks sulfuriques histoire de bien nettoyer les enceintes après leur passage et une technique, un brin démonstrative certes, mais qui démontre que les gaziers ont un savoir-faire qui ne se réduit pas au service minimum. Par contre, d'un point de vue créatif, ça ne va pas bien loin, en témoignent des titres du calibre d'un "No way to heal" ou d'un "To believe" qui recyclent à l'envie ce que le groupe sait faire de mieux...

Un détail qui ne trompe pas, aucun morceau en dessous de 4'10 ou au-dessous de 6 minutes (ce qui est convenons-en une durée tout à fait raisonnable). Mais également la preuve que tous les titres signés de la main de Trivium se ressemblent tant du point de vue de leur forme que de leur fond. Mais à la manière d'une major du septième art, les Américains donnent à leur public ce que celui-ci leur demande. Sans déroger une seconde à leur ligne de conduite, quitte à empiler des morceaux dont aucun ne ressort jamais du lot, ni génial, ni médiocre, d'une constance à toute épreuve mais refusant la prise de risque comme s'il s'agissait d'une maladie vénérienne ("At the end of this war", "Villainy thrives"). Et s'il apparaît sans la moindre aspérité, bien que très lourdement armée (merci les deux petits torpilles que sont "Through blood and dirt and bone" et "Incineration : the broken world" logées vers la fin de l'album), Vengeance falls ne cherche jamais à dépasser ses propres limites.

S'il est conçu dans les moindres détails comme un produit destiné à cartonner les charts, ce nouveau Trivium n'en demeure pas moins clairement en deça de leur précédent opus In waves, malgré cette puissance de frappe toujours assez redoutable et une jolie envie d'en découdre. Ne reste plus qu'à y aller franchement niveau "songwriting" la prochaine fois.

PS : l'artwork est par contre méchamment classe...

Trivium / Chronique LP > In waves

Trivium - In waves Il faut vendre du CD... L'industrie est en crise depuis un paquet d'années et se paie des chutes parfois vertigineuses. Mais depuis peu les choses semblent pouvoir être contrées à certaines conditions évidemment, comme avoir un "gros" groupe sous contrat, un excellent disque (ou une réédition qui pique aux yeux), un packaging qui fasse baver les collectionneurs et une machine de guerre promotionnelle qui envoie la grosse artillerie. Avec Trivium, Roadrunner a tout ça en un seul coup et balance donc la sauce avec le nouvel album des floridiens débarqué massivement dans les bacs en 2 versions, l'une standard compilant quelques 13 titres, l'autre, CD/DVD collector blindée jusqu'à plus soif et gorgée de quelques dix huit torpilles metalcore qui avoinent.

In waves donc. Quelques 18 bûchettes audio à dépiler et une mise en joue avec "Capsizing the sea" qui annonce ce qui doit être la grosse baffe metal(core) de l'été. THE blockbuster américain armé jusqu'aux dents. En clair la grosse cavalerie qui dès le morceau-titre de l'album fait valoir ses qualités de single métallique idéal : c'est calibré pour démonter les cloisons, le refrain est taillé pour les stades et le groupe exécute tout ça à la virgule près. Prod' nickel chrome au poil, juste ce qu'il faut quand il faut, mélodies qui tirent sur la corde émotionnelle (parfois un peu trop cela dit) vs growls de coreux pas contents, maîtrise formelle implacable ("Inception of the end") et grosse mécanique réglée comme du papier à musique ("Dusk dismantled"). Et le pire, c'est que ça marche comme une grosse machine hollywoodienne à 100$ propulsée sur grand écran. En moins cher.

"Watch the world burn", "Black", "Built to fall"... Les titres défilent et le groupe semble pouvoir enchaîner à l'infini. La recette, standardisée, est imparable à telle point qu'elle en devient parfois un peu "facile". Niveau blast et double qui marteau-pilonne, ça va, riffing metalcore moderne de base, l'alternance chant clair/hurlements de rigueur aussi, le bémol réside dans le fait que le tout soit un peu trop propre. Trivium a la puissance de feu d'un croiseur, la précision d'un neurochirurgien et une efficacité apparemment inébranlable, sauf que sur CD, ça peut parfois lasser par moments sur la longueur. Heureusement, le groupe semble s'en être rendu compte par lui-même et accélère parfois la cadence ("A skyline's severance") avant de lâcher les chevaux sur "Forsake not the dream" ou l'excellent "Drowing in slow motion". Les inconditionnels de metalcore pur et dur seront aux anges. Les autres passeront le chemin. In waves est clairement conçu pour combler les attentes des premiers nommés... et s'acquitte de sa tâche avec un sens du devoir particulièrement affirmé. Même l'artwork arrache la gueule, c'est dire. Du travail bien fait...

... que le groupe poursuit en livrant une nouvelle volée de titres sur la version "extended" de l'album et notamment un "Chaos reign" proprement monstrueux de puissance, un massif et guerrier "Shattering the skies above" (en fait le single enregistré pour la bande-son du jeu "God of War III") et une reprise en forme de valeur sûre du cultissime "Slave new world" de Sepultura. Rayon DVD, on a droit à un live de quelques 8 titres captés en répétition, (à l'image des fameux live at Rehearsals de NIN) donc en qualité prod et plutôt sympa à s'enfiler après s'être rempli la panse avec l'album, quelques featurettes sur l'enregistrement de l'album (pas indispensables) et le clip du monstrueux single éponyme de l'album (plutôt bien foutu il faut l'avouer). On ajoute à cela que les menus sont drôlement bien fichus et le rendu final se révèle quand même plutôt pas mal du tout. A l'image du reste.