Trivium - In waves Il faut vendre du CD... L'industrie est en crise depuis un paquet d'années et se paie des chutes parfois vertigineuses. Mais depuis peu les choses semblent pouvoir être contrées à certaines conditions évidemment, comme avoir un "gros" groupe sous contrat, un excellent disque (ou une réédition qui pique aux yeux), un packaging qui fasse baver les collectionneurs et une machine de guerre promotionnelle qui envoie la grosse artillerie. Avec Trivium, Roadrunner a tout ça en un seul coup et balance donc la sauce avec le nouvel album des floridiens débarqué massivement dans les bacs en 2 versions, l'une standard compilant quelques 13 titres, l'autre, CD/DVD collector blindée jusqu'à plus soif et gorgée de quelques dix huit torpilles metalcore qui avoinent.

In waves donc. Quelques 18 bûchettes audio à dépiler et une mise en joue avec "Capsizing the sea" qui annonce ce qui doit être la grosse baffe metal(core) de l'été. THE blockbuster américain armé jusqu'aux dents. En clair la grosse cavalerie qui dès le morceau-titre de l'album fait valoir ses qualités de single métallique idéal : c'est calibré pour démonter les cloisons, le refrain est taillé pour les stades et le groupe exécute tout ça à la virgule près. Prod' nickel chrome au poil, juste ce qu'il faut quand il faut, mélodies qui tirent sur la corde émotionnelle (parfois un peu trop cela dit) vs growls de coreux pas contents, maîtrise formelle implacable ("Inception of the end") et grosse mécanique réglée comme du papier à musique ("Dusk dismantled"). Et le pire, c'est que ça marche comme une grosse machine hollywoodienne à 100$ propulsée sur grand écran. En moins cher.

"Watch the world burn", "Black", "Built to fall"... Les titres défilent et le groupe semble pouvoir enchaîner à l'infini. La recette, standardisée, est imparable à telle point qu'elle en devient parfois un peu "facile". Niveau blast et double qui marteau-pilonne, ça va, riffing metalcore moderne de base, l'alternance chant clair/hurlements de rigueur aussi, le bémol réside dans le fait que le tout soit un peu trop propre. Trivium a la puissance de feu d'un croiseur, la précision d'un neurochirurgien et une efficacité apparemment inébranlable, sauf que sur CD, ça peut parfois lasser par moments sur la longueur. Heureusement, le groupe semble s'en être rendu compte par lui-même et accélère parfois la cadence ("A skyline's severance") avant de lâcher les chevaux sur "Forsake not the dream" ou l'excellent "Drowing in slow motion". Les inconditionnels de metalcore pur et dur seront aux anges. Les autres passeront le chemin. In waves est clairement conçu pour combler les attentes des premiers nommés... et s'acquitte de sa tâche avec un sens du devoir particulièrement affirmé. Même l'artwork arrache la gueule, c'est dire. Du travail bien fait...

... que le groupe poursuit en livrant une nouvelle volée de titres sur la version "extended" de l'album et notamment un "Chaos reign" proprement monstrueux de puissance, un massif et guerrier "Shattering the skies above" (en fait le single enregistré pour la bande-son du jeu "God of War III") et une reprise en forme de valeur sûre du cultissime "Slave new world" de Sepultura. Rayon DVD, on a droit à un live de quelques 8 titres captés en répétition, (à l'image des fameux live at Rehearsals de NIN) donc en qualité prod et plutôt sympa à s'enfiler après s'être rempli la panse avec l'album, quelques featurettes sur l'enregistrement de l'album (pas indispensables) et le clip du monstrueux single éponyme de l'album (plutôt bien foutu il faut l'avouer). On ajoute à cela que les menus sont drôlement bien fichus et le rendu final se révèle quand même plutôt pas mal du tout. A l'image du reste.