I, leur... premier album avait été une jolie découverte il y a un peu plus de deux ans de cela, c'est avec sa suite, logiquement intitulée II, toujours sortie au départ via Aloud Music puis Basement Apes Industries un peu plus tard, que Toundra va d'abord dérouter, puis rassurer avant d'enfin confirmer tout le bien que l'on pensait de "lui". La faute à un "Tchad" inaugural timide et sans la moindre saveur, laissant présager le pire alors que le morceau qui lui succède ("Magreb"), voltige près de onze minutes durant dans des sphères post-rock tourmentées distillant une intensité très "rock" aussi fulgurante qu'inattendue.
Il est alors clair que les espagnols ont décidé de faire complètement évoluer leur musique à l'heure de composer ce deuxième album. Loin des sphères où l'on appréhende le post-rock toujours de la même manière, les Toundra impriment une dynamique résolument noise et en même temps rock à des schémas "post-quelque chose" jusqu'à sortir de la norme et livrer une oeuvre à la fois ciselée et déstabilisante. Du moins lors des premières écoutes, parce que par la suite, la logique du travail des ibères se fait naturellement jour. Et envoie ce II tutoyer des sommets de maîtrise ("Zanzibar"). Sans pour autant respecter une ligne directrice clairement définie, en témoigne la tentative folk/americana sur "Völand", pour lequel le groupe joue encore une fois avec la géographie pour faire voyager l'auditeur aux quatre coins de sa musique.
On l'a vu au travers des précédents titres, chaque pièce de l'album porte le patronyme d'un lieu et l'addition des morceaux transporte ainsi le mélomane en divers endroits du globe. En prenant le parti de varier clairement les ambiances également. Toundra passe ainsi du spectre post-noise à quelques chose de plus folk on l'a dit, avant de revenir à ses amours pour les longues plages post-rock avec "Danubio" et ses sept minutes et quelques d'errance apaisée avant un final tout en explosivité noise. Lequel final voit le groupe enchaîner directement, et sans respirer, avec une suite immédiate ("Koschei"), sur laquelle il laisse parler les aspects les plus ombrageux de la musique. Les éléments se déchaînent peu à peu, emportant avec eux l'auditeur et ce n'est qu'au terme de "Byzantium" avec au milieu un climax en forme d'apothéose émotionnel que le calme finira par revenir de nouveau. Un épilogue de toute beauté pour un album qui, malgré un début raté, finit par combler un peu plus l'auditeur à chaque nouvelle écoute.
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Liens pour Toundra
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Liens Internet
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- musik-industry.com : webzine rock/métal/ciné
- Lords of Rock : webzine pop rock suisse
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Toundra / Chronique LP > II
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Il faut bien l'admettre : en matière de post-rock/metal/hardcore, la scène métallique helvétique a certainement une belle longueur d'avance sur ses voisines. Et si l'on ne compte plus les formations suisses dynamitant chacune leur tour le genre avec une régularité frisant parfois le surnaturel, on a régulièrement des surprises originaires d'autres contrées. Le continent nord-américain est par exemple assez peu avare en formations post-machin/truc de qualité, tandis que les pays scandinaves, culture du gros son oblige, s'en sortent évidemment avec les honneurs. A noter que l'hexagone n'est (pour une fois) pas toujours en reste. Du côté de nos voisins ibères, hormis Zul puis Pupille c'était un peu le désert. jusqu'à Toundra. Espagnol comme son nom ne l'indique pas forcément, ce quatuor découvert par l'inlassable défricheur musical qu'est Basement Apes Industries (General Lee, Membrane, Purse Snatcher, Time to Burn entre autres...) débarque dans nos tanières avec sous le bras un disque en forme de sacrée claque assénée au genre (pour peu qu'il n'y en ait ici qu'un seul...).
Artwork très classe, le support est particulièrement soigné, à l'image de ce que recèle le disque qui, une fois déposé sur le lecteur, laisse les espagnols embraser la platine. A ce jeu-là "Bajamar" est une pépite au classicisme enivrant et à l'élégance instrumentale puissamment évocatrice. Un premier titre tout en crescendo ascensionnels : léger et aérien au début, puis plus massif par la suite avant de finalement accélérer progressivement le rythme en laissant la part belles à ces guitares aux riffs inflammables. Le calme après la tempête, "Pleamar" dévoile son post-rock épuré et sa délicieuse mélancolie berçant les arpèges de guitares, avant que "Medusa" ne réveille bruyamment l'assistance à coup de riffs percutants et de section rythmique à l'avenant. Puissance et maîtrise sont ici les maîtres mots d'un groupe qui sait ce qu'il fait mieux que personne et a parfaitement les moyens de se hisser à la hauteur de ses ambitions. Bien qu'assez conventionnel dans l'approche artistique d'une musique toujours exclusivement instrumentale et qui prend bien soin de varier climats et atmosphères pour emporter l'auditeur dans son univers ("Génesis"), Toundra parvient à fait naître l'émotion brute de ses compositions, savamment ciselées pour nous attirer, nous faire céder à la tentation et ne plus jamais nous lâcher. La mécanique est parfaitement huilée ("Orbita", "Jauria") et vire même à la sévère empoignade post-metal menée de main de maître par un groupe qui démontre ici qu'il sait déjà tout faire. Une véritable démonstration de classe.