Touche Amoré - Parting The Sea Between Brightness and Me Alors celui-là, on ne pourra pas dire qu'il ne donne pas dans l'efficacité implacable. Impérialement ficelé, dominé par une hargne contaminatrice clairement affichée et quelques treize torpilles émotionnelles, le deuxième album de Touché Amoré est une fessée post-hardcore/punk particulièrement rougeoyante. Une grosse douzaine de balles dans le chargeur et pourtant une durée n'excédant pas les vingt et une minutes, les natifs de la Cité des Anges ne donnent pourtant pas dans le grindcore des familles et pourtant le résultat est évident. Les titres sont donc très courts et respirent ce sentiment d'urgence qui habite un groupe à la rage chevillée au corps malgré un côté "ultra-produit" qui confère à ce Parting the sea between brightness and me un aspect très propre sur lui.

Mais pas trop, car la vérité de Touché Amoré est ailleurs et c'est avec "~", "Pathfinder" puis "The great repetition" que celui-ci imprime sa marque. Car le quintet californien maîtrise parfaitement son sujet. Le propos est ultra-carré ("Art official") en même temps qu'il exhale un sentiment de désespoir particulièrement prégnant ("Uppers/downers", "Crutch"). Le groupe semble avoir scénarisé son album à l'extrême de manière à en affiner chacun de ses treize (courts) chapitres, twists et cliffhangers pour mieux appuyer ses effets. On passe la moitié de l'album ("Method act") et les californiens, malgré l'enchaînement haletant des titres, conservent toute leur verve : ce mélange de post-hardcore fougueux et de punk mélodique déchiré dont on retrouve parfois quelques éléments du côté de Caravels ou La Dispute, qui, après leur passage de No Sleep Records à l'écurie Deathwish Inc., a considérablement gagné en intensité.

"Face ghost", "Sesame", "Wants/needs", on met de côté le son brut de décoffrage limite DIY des débuts du groupe et on passe chez les grands avec un travail de producteur qui donne de l'amplitude aux compos en même temps qu'il leur enlève un soupçon de spontanéité. On ne peut pas tout avoir. Par contre niveau mélodies ardentes et conjugaison (post)hardcore à un propos résolument frondeur, punk, tumultueux et acerbe, Touché Amoré fait mieux que répondre présent. C'est qu'ils "cohabitent" avec les Converge, Blacklisted, Narrows et autres Trap Them au rayon label maintenant et tournent massivement sur le territoire nord-américain mais également depuis peu sur le vieux continent alors faut assurer le job. Et ça, le cinq majeur de L.A sait faire, avec un petit zeste de screamo décharné à la MOPA sur "Condolences" pour ralentir le rythme et faire parler la carte sensible avant de repartir au charbon, le couteau entre les dents avec "Home away from here" et "Amends", les ultimes cartouches bien rockin' hardcore d'un album qui décidément claque outrageusement bien dans les enceintes. Une jolie rouste.