Metal Métal > Tool

Biographie > l'histoire de l'outil

L'instigateur Maynard James Keenan est aussi chanteur, Adam Jones est guitariste, Danny Carey est batteur géant, Justin Chancellor a, à la basse, remplacé Paul D'Amour parti en 1995. Et oui, Tool, ce ne sont que 4 hommes qui par le biais de leurs instruments et de leurs compositions ont insufflé une nouvelle vie au métal. Des Américains artistes plus que rock-stars.
Leur métal est un Art, leurs clips sont des oeuvres d'Art, leurs concerts sont des happenings, Tool est vraiment un groupe à p'art...
Tu as entendu parler de Tool, vu les clips de "Sober", "Prison sex", "Stinkfist" ou "Eulogy" mais tu ne t'es pas plongé dans les albums ? Alors tu ne sais pas ce qu'est la musique de Tool, car Tool ne s'écoute pas, ne se comprend pas le temps d'un clip. L'atmosphère créée par leur musique ne s'installe pas en quelques minutes. Il faut s'immerger dans la musique de Tool pour ressentir, pour vivre ce qu'elle est réellement. Se laisser aller à l'écoute des albums est le meilleur moyen de la découvrir. (Oli, 1998)

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tool Fin 1988, un certain Adam Jones quitte le foyer familial de son Illinois natal, et débarque à Los Angeles, Californie. Diplômé d'une école de cinéma, c'est tout naturellement que celui-ci se décide à prendre la direction d'Hollywood, dans l'espoir d'y travailler sur des tournages de films. Il deviendra alors concepteur d'effets spéciaux, et collaborera aux chefs-d'oeuvre (?) que sont Terminator 2, Predator 2 ou bien Jurassic Parc.
Passionné par l'art, et ce quelque soit sa forme (de la peinture à la sculpture), le sieur Jones traîne sa carcasse dans le milieu undergound de L.A. et y rencontre un beau jour un dénommé Ronald P. Vincent, écrivain, et auteur en 1948 d'une oeuvre unique, A joyful guide to lachrymology, qui l'amena à fonder une philosophie/religion, la lachrimologie, où il affirmait que le seul moyen pour être un être humain, de progresser et de se développer passait par l'exploration et la compréhension de sa douleur, physique et morale.
Une véritable révélation pour Jones, qui, gratouillant aussi de temps à autre, décide de former un groupe dont la musique serait un outil (= Tool) pour aider le public à la compréhension de la lachrimologie. Vincent mourrant quelques mois plus tard d'une cirrhose du foie, Jones va étudier sans relâche A joyful guide... pendant 2 ans, ce parallèlement à son boulot à Hollywood.
Entre temps, celui-ci fait la rencontre d'un très singulier personnage répondant au doux patronyme de Maynard James Keenan. Le gaillard, qui vient de quitter l'austérité de son école militaire dans le Michigan, possède quelques notions de chant et va alors s'associer à Adam dans cet étrange projet. La paire est vite rejointe début 90 par le bassiste Paul d'Amour, rencontré sur un tournage par Jones, et le batteur Danny Carey, (ex-Pygmy Love Circus et Green Jelly), présenté au même Jones par l'intermédiaire de son vieux pote Tom Morello, le guitariste de RATM (Maynard apparaîtra d'ailleurs sur le premier LP de Rage sur le titre "Know your enemy").

Tool est donc né, et se taille rapidement une réputation qui entraînera alors une signature avec Zoo Entertainment en novembre 91. Début 92 sort un premier EP, Opiate, mélange de compos studios et lives. Musicalement, Tool pratique un metal sombre, hypnotique et somme toute assez indescriptible, encore impopulaire en ces terres californiennes où règnent en maîtres les permanentés de Mötley Crue, Ratt et autres glammers fardés.
Bénéficiant cependant d'un bon accueil critique, Tool part en tournée et sillonera tout le continent, en particulier avec le Rollins Band, qui marquera le début d'une longue amitié avec Henry Rollins et qui permettra au groupe d'améliorer son impact scénique qu'il juge primordial pour toucher le public. Mais il est maintenant temps pour Tool d'enregistrer un album digne de ce nom, ce qui sera chose faite avec Undertow qui est commercialisé aux USA en avril 93 (et qui sera marqué par la présence de l'ami Rollins sur "Bottom").
Alors qu'on pensait que le rock US avait atteint le paroxysme de la noirceur avec les formations Seattliennes Alice in Chains ou Nirvana, Tool pousse le bouchon encore plus loin - l'album, jusqu'à son incroyable packaging, défiant les limites de l'obscur. Du timbre très spécial de Keenan aux riffs ténébreux de Jones, l'auditeur est comme entrainé dans une spirale infernale, à la musique oppressante et réellement originale, à mille lieux des lamentations grungy qui régissent le marché américain. En effet, Tool se veut moins accessible, axant davantage son discours autour de la torture mentale et critiquant sévèrement son environnement qu'il juge irrécupérable, Undertow étant ponctué ici et là de clins d'oeil sarcastiques à l'éducation baptiste qu'a reçu un Maynard à l'esprit apparemment bien compliqué. Des concepts encore inédits que se permettra d' "emprunter" plus tard un certain Marilyn Manson pour son Antichrist superstar, injustement porté aux nues.
Relayé par des performances à l'atmosphère indescriptible, l'album devient immédiatement disque d'or en se forçant une entrée dans les charts US. Vient alors une tournée européenne au printemps 93 comme support-band de Fishbone, qui sera d'ailleurs l'occasion pour nos 4 garçons dans le vent de s'unir à Living Colour et RATM pour un festival spécial au Zenith de Paris le 7 juin.
Au même moment sort le premier single extrait de Undertow, le magnifique "Sober", dont la vidéo à l'atmosphère déchirante (conçue comme une animation de pâtes à modeler, confectionnée par Adam) fait véritablement prendre conscience du phénomène Tool et de ses moeurs décalées.
Adam : "La chanson et la vidéo sont inspirées d'un mec que nous connaissons et qui est au maximum de son potentiel artistique quand il vient de se faire un fix. Beaucoup de gens lui donnent de la came pour cela...".
Bien loin de faire l'apologie de la drogue, Tool, dans sa soif inextinguible de créativité, ne refusera cependant pas l'apport de cetaines substances illicites "qui amènent à voir les choses suivant une perspective tellement différente...". Mais aux antipodes des déclarations fracassantes de certains artistes qui affichent aussi ouvertement leur consommation, Tool condamne la dépendance qu'il considère comme une faiblesse d'esprit et une entrave à la libre pensée.
De retour sur son continent, le groupe participe au festival itinérant Lollapalooza durant juillet/août et ce derrière la crème du rock US, de Alice in Chains à Primus en passant par les potes de RATM. Programmé à l'origine sur la seconde scène, Tool va vite en venir à jouer sur la scène principale, devenant par la même occasion l'attraction/révélation du festival, sa musique halluciné hypnotisant littéralement les teenagers yankees qui se prennent en pleine poire l'onde de choc Tool.

La fin de l'année 93 sera aussi l'occasion pour le groupe de récolter moultes récompenses pour la vidéo de "Sober", chose dont il n'a absolument rien à faire. En effet, aucun des membres ne se déplacera pour venir chercher ces trophées, entretenant par la même occasion l'aura mystérieuse qui entoure Tool et se façonnant une image très spéciale, volontairement "anti-fashion".
Maynard : "Il y a ces groupes qui font beaucoup de presse avant que leur album ne soit sorti, qui ont leur clip prêt pour MTV, qui font des millions de sessions photos (...). Ce n'est pas du tout le cas de Tool. Nous ne rentrons pas dans le trip 'rock-star', nous n'avons pas d'approche marketing, tout est très spontané et nous ne forçons jamais notre nature."
C'est en février 94 que nos gaillards se décident enfin à débarquer sur notre beau continent en tête d'affiche, ce qu'ils feront d'ailleurs en prenant en ouverture de leurs shows les californiens de Failure. Cependant, n'ayant pas encore pris de véritables vacances, le groupe apparaît alors complètement épuisé et se montrera sous un jour particulièrement mauvais le 11 mars à l'Elysée Montmartre de Paris. Statique, crispée, la prestation est largement en deça du formidable potentiel du groupe, ce qui aura pour cause de lui valoir les critiques les plus acérées de nombreux détracteurs, en particulier en ce qui concerne Maynard, en qui ceux-ci voient un frontman trop limité et manquant trop de ressources pour pouvoir tenir une scène.
Cette tournée coïncide avec la sortie d'un deuxième simple, "Prison Sex", qui semble autobiographique. Maynard ne s'étant pas gêné pour clamer tout haut à la presse les mauvais traitements que lui a infligé son beau-père, et la vidéo, dans le même esprit que "Sober", soutient largement cette théorie en illustrant un véritable malaise qu'il semble ressentir. Après les classsiques festivals d'été, où les performances du groupe seront très inégales, Tool va alors disparaître du circuit pendant presque deux ans, ne donnant absolument plus aucune nouvelle de vie, ce qui aura pour conséquence l'alimentation continue de rumeurs diverses, toutes plus délirantes les unes que les autres.
Et c'est dans le sud de la France que le groupe s'en ira composer son prochain album, plus précisemment dans un château de Montségur, près des Pyrénées, "un endroit très spirituel et très puissant".
On apprend néanmoins que Paul d'Amour quitte le navire en septembre 95 pour cause de divergences artistiques (il s'en ira monter Lusk), rapidement remplacé par Justin Chancelor, un ex-Peach, groupe anglais ayant ouvert pour Tool quelques années auparavant, et qui n'était au départ pas franchment partant pour rejoindre les trois compères. "Peach venait de splitter six mois auparavant, et j'étais en train de former un nouveau groupe avec le guitariste, qui est un de mes meilleurs amis et avec qui je jouais depuis mes 14 ans. Mais j'ai réalisé que je ne pouvais pas laisser passer une telle opportunité".
Octobre 96. Alors qu'on ne l'attendait plus, sort le troisième album de Tool. Nom de code de la bête : Aenima. Le groupe semble à l'apogée de son art, en effet, jamais une formation à connotations métal n'aura approchée de si près la perfection. Sublime, magistral, les mots manquent pour décrire ce chef d'oeuvre d'intelligence et d'originalité, complexe mais néanmoins accessible, puissant sans forcer la dose, Tool rallie tout le monde à sa cause, et son entrée à la deuxième place des charts US le confirme bien.
Aenima, édité en vinyle tout comme ses prédecesseurs, est aussi commercialisé dans une superbe version (limitée) hologramme, révélatrice de l'incroyable créativité artistique de ses concepteurs qui continuent à condamner l'apathie qui gagne les States (et dans une moindre mesure le reste du monde), et qui prêchent plus que jamais l'indépendance intellectuelle ('Beliefs are dangerous, So believe in nothing'). Adam : "Penser par soi-même est quelque chose d'important pour nous (...). Nous essayons d'étendre nos esprits, pas forcément d'une manière intellectuelle, mais nous sommes conscients de ce qui nous entoure au niveau social, spirituel, sublimal ou surréaliste".

Tool enchaîne une tournée triomphale de 40 dates à travers les States, et décroche la première place des charts, jarretant par la même occasion une Céline Dion qui squattait sans vergogne le Billboard en compagnie d'autres miêvreries insipides.
"Stinkfist", le premier single, est l'objet d'une vidéo étonnante, interprêtée par de 'vrais' acteurs et qui, malgré son caractère un tantinet malsain, passera en 'heavy-rotation' sur MTV qui encensera littéralement le groupe, ce malgré le mépris qu'affichent nos quatre compères à son égard.... L'Europe attend patiemment son tour, et la prestation parisienne du 14 Février avec Lodestar fait vite oublier l'échec de la précédente venue de Tool. Car c'est cette fois une Elysée-Montmartre sur le cul qui "subit" une invraisemblable décharge sonore et visuelle d'un groupe décidemment à part et qui semble se bonifier avec le temps. On ne lutte pas avec la machine de guerre qu'est Tool.
S'ensuit une nouvelle tournée américaine avec les compagnons de route Melvins, et l'été 97 sera l'occasion pour nos petits gars de refaire un Lollapalooza moribond, cette fois en tête d'affiche et avec Korn (qui ne fera pas long feu, le guitariste Munky chopant malencontreusement une méningite), Prodigy et Tricky. Maynard abandonne d'ailleurs sa très saillante panoplie de Schtroumph (celui-ci apparaissait sur scène le corps peinturluré de bleu) au profit d'un déguisement de prostituée, ce qui aura pour effet de faire grincer les dents de certaines institutions d'un pays qui ne sait décidemment plus où donner de la tête, la tornade Marilyn Manson ravageant tout sur son passage et provoquant par la même un bordel des plus jouissifs !
Puis jusqu'au printemps 98, le groupe enchaînera vacances/composition et tournée mondiale où il atomisera littéralement l'Australie ou bien le Japon, le père Keenan arborant par ailleurs les traits d'un télé-évangélsite déglingué, signe de l'éternel combat qu'il mène contre la bêtise des institutions chrétiennes (américaines) et de leurs dogmes grotesques qu'il assimile à un lavage de cerveau : "La religion est quelque chose de merveilleux qui, malheureusement, peut-être exploitée de façon négative, comme avec ces connards de catholiques qui sont sous le contrôle du Vatican." Voilà qui a, hum..., le mérite d'être clair !
Fidèle à son habitude, Tool, loin des frasques romanesques et des mondanités les plus soporifiques, restera ensuite totalement silencieux et ina(e)nimé. On l'apercevra pour la dernière fois sur l'affiche du Ozzfest'98, bizarrement placé aux côtés de groupes comme LimpBizkit, Soulfly ou Coal Chamber, ce qui aura comme principale conséquence pour le groupe d'affirmer une fois de plus sa fulgurante originalité, et son détachement continu des modes musicales qui déferlent sur les States au fil des ans.
Aux dernières nouvelles, le groupe arrivant en fin de contrat avec Zoo Entertainment, aurait signé chez SonyMusic. Son prochain album devrait normalement voir le jour durant le premier semestre 99, et sera à n'en point douter un des disques les plus atttendus de l'année, soit par des fans suppliant désespéremment son retour, soit par des curieux qui se demandent si Tool parviendra à surpasser la bombe qu'est Ænima.
Vu l'intelligence musicale du groupe, on peut dès maintenant, et ce sans grands risques, engager les paris.

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plus proche de nous (Oli, 2001) :
S'il a en fait fallu attendre le printemps 2001 pour que Tool sorte son nouvel album (chez Zomba / Volcano / Jive), c'est que MJK s'est embarqué avec un vieil ami dans un side project devenu plus que sérieux puisqu'il s'agit d'A Perfect Circle. Pour calmer les fans, en décembre 2000, la maison de disques a sorti un coffret CD + DVD ou VHS intitulé Salival, le CD offre des titres live hallucinants dont une version de "Push it" qui défie l'entendement et une reprise live de "No quarter" (Led Zeppelin) au-delà de ce qu'on peut rêver. A côté, quelques perles sont disposées dans un bel écrin comme la suite du message à Harry Manback, un délire incompréhensible sur "Maynard's dick" et les clips du groupe réalisés par Adam Jones sur le DVD. Enfin, en mai 2001 Lateralus est disponible à travers le monde, la tournée programmée par Tool pour accompagner l'album est sold out dans les secondes qui suivent la mise en vente des billets, Tool continue d'écrire l'histoire du Rock.
Mai 2006, 10,000 days, Tool continue de repousser les limites du rationel.

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de nos jours (Oli, 2019) :
Après des années de rumeurs, d'attente, d'interrogations, Tool livre Fear inoculum, repoussant encore du même coup les limites du "disque". Pas d'animation visuelle en bougeant un truc, pas de lecture 3D avec des "lunettes" mais une boîte audio/video... qui coûte un peu cher... mais désormais la musique est numérique, non ?

Review Concert : Tool, Tool à l'Olympia (2002)

Review Concert : Tool, Tool au zenith (juin 2001)

Interview : Tool, interview TGV de Tool (2002)

Tool / Chronique LP > Fear inoculum

Ceci n'est pas la chronique de l'album mais l'édito du Mag #39.

tool - Fear inoculum En mettant autant de temps entre deux albums, chaque sortie de Tool marque forcément son époque et une évolution dans le monde de la musique. Au début des années 90', le groupe reste assez méconnu, le clip de "Sober" marque les esprits mais c'est avec l'album Aenima que le groupe s'impose au monde comme un monstre à part. Le CD vit alors son apogée, 80% de la vente de musique passant par ce support, Tool se démarque avec une édition originale qui joue avec l'artwork et le boîtier. Le W-Fenec n'existe pas encore, on ne fait notre apparition qu'au début de l'année 1998, déjà fans de Tool mais encore étrangers au monde du disque. A cette époque, les labels travaillent à fond leurs sorties, les chargés de promotion sont surtout des passionnés et les liens avec la presse sont très étroits, entre les stages et les CDD, les maisons de disques s'échangent presque leur personnel, tout le monde connaît tout le monde ou presque, de toute façon, il n'existe que quelques mags papier et les webzines sérieux se comptent sur les doigts d'une main. On reçoit donc le magnifique Lateralus au printemps 2001, le 15 mai pour être exact, quelques jours avant sa sortie, si je m'en souviens, c'est que c'est le jour de mon anniversaire... Un très beau cadeau surtout que le web de 2001 ne permet pas encore de télécharger rapidement et a plutôt une mauvaise image, le combat Metallica / Napster s'étalant partout. Je suis invité au concert du Zenith de Paris, c'est la première fois que je vis Tool en live, c'est encore un très bon souvenir. En 2002, le groupe repasse par Paris et petit miracle, le W-Fenec est un des 4 medias français à pouvoir l'interviewer. L'équipe qui assure la promotion aime le zine et nous le rend plus que bien. Ils prennent même quelques risques pour nous car on déclare être un mag papier, le management américain exigeant uniquement de gros poissons. Le même management qui fait la chasse aux photos volées lors du concert et demande aux photographes accrédités le premier quart d'heure de quitter la salle du concert ensuite. Hérésie corrigée par l'équipe du label qui prête ses badges all access aux quelques photographes pour les faire rentrer après la prise des clichés. Les gars sont fans et se démènent pour d'autres fans. Le CD est encore à la mode en 2006 quand sort 10,000 days mais il faut déjà faire plus qu'un beau digipak, Tool joue la carte de la vision stéréoscopique avec des lunettes intégrées, c'est rare, c'est bizarre mais l'objet vaut le détour et de mémoire, il n'était pas vendu plus cher qu'un album classique.

13 ans plus tard, le monde a changé, la valse des labels a concentré la puissance au sein de quelques majors qui se battent pour être écoutées sur internet, repressent des vinyles et se désengagent massivement de la promotion, laissant à des sous-traitants cette tâche qui demande beaucoup de travail pour des résultats pas toujours visibles. L'équipe des années 2000 a disparu, RCA a repris les rênes, les gars gèrent Black M, Kyo, Christophe Willem, Miley Cyrus, Shakira, Britney Spears, Justin Timberlake, Mariah Carrey, Michael Jackson, des dizaines d'autres et Tool. Aucun n'a besoin de la presse indé pour exister, même si on peut le comprendre, on aurait aimé que l'équipe d'Emmanuel Perrot (ou lui-même) nous le dise par retour de mail ou en décrochant ne serait-ce qu'une fois leur téléphone (nous rappeler étant encore plus compliqué), après tout, c'est leur boulot, non ? A leur décharge, Tool semble aussi se foutre un peu de la gueule du monde (et donc pas seulement de celle de Taylor Swift ou Justin Bieber) avec un objet OVNIesque à 80 €uros qui semble un peu profiter de leur position divine. Encore qu'une version promo "basique" nous irait bien quand même. Bref, pour le moment, on ne donnera pas d'avis sur Fear inoculum parce qu'on se doit de d'abord parler des albums que certains font l'effort de vouloir faire connaître, qu'ils soient eux aussi des poids lourds (Cult of Luna, Korn, Slipknot...) ou bien, pour l'heure, des poids plumes (Show Me Your Universe, Polar Moon, Leahtan, Rouge Gorge Rouge...).

Dans 10 ans, si son contrat est terminé, Tool n'aura plus besoin d'un label, il pourra directement traiter avec les plate-forme de téléchargement et les maquiladoras puis Amazon. De notre côté, on espère qu'il restera des gens comme nous, de simples intermédiaires mais des vrais passionnés.

Tool / Chronique LP > 10,000 days

Tool : 10.000 days Why can't we just admit it ? Tool vit sur autre planète, il n'y a pas d'autres explications... Et si les premières écoutes de 10,000 days laissaient un arrière goût de Lateralus, une fois submergé par ces nouvelles compositions, on ne peut que s'extasier éternellement devant une telle classe car, oui, Tool a encore fait plus fort... Titres tentaculaires ou morceaux introspectifs et à la limite du transcendantal, tout ce qu'on apprécie chez eux se retrouve à nouveau ici... Here from the king's mountain view / Here from the wild dream come true Tool n'étant pas du genre à faire du surplace, on en a forcément plus qu'auparavant... Didn't have a life / But surely saved one "Wings for Marie (Part 1)" est une ode à Marie, la mère de MJK, une douce promenade murmurée directement liée à "10,000 Days (wings part 2)" (le titre de l'album serait-il la durée passée au purgatoire ? 10,000 days in the fire is long enough), si cette deuxième partie est bien plus dense et électrisante, on ne pouvait pas facilement entrevoir ce que l'outil nous réservait... Et pourtant le digipack donnait la mesure de l'imagination, de la créativité et du rapport particulier que le quatuor entretient avec la diffusion de sa musique. Le livret se lit en effet grâce à la stéréoscopie, un procédé qui permet de donner l'impression de voir les images en 3 dimensions To guide you safely on your way, les illustrations, les photos et jusqu'à la liste des titres deviennent un voyage phénoménal dans l'univers de Tool. Et pour profiter de cela, il faut s'abandonner aux images, laisser ses yeux trouver le chemin qui amène la profondeur : magique. Ce qui est encore plus magique, c'est d'écouter la paire d'ailes en même temps, quand ces ailes battent à l'unisson, on découvre une nouvelle dimension, et sans pour autant avoir besoin des substances illicites d'origine naturelle ("The pot") ou chimique ("Lost keys (blame Hofmann)"). You must have been high, et pas qu'un peu... Not much here is there. Plus personnel (les "wings"), plus déjanté (la guitare de "Jambi", le chant de "The pot"), Tool se fait aussi plus proche du monde réel, toujours impliqué quand il s'agit de discuter politique/économie et religion/secte ("Rosetta Stoned"). Like an apparition / You have me crying out / You had better listen. Comme toujours, les moments de bravoure alternent avec des passages de calme absolu, de quiétude divine, de volupté totale, "Intension", Pure as light. Et puis, à nouveau on croise un monument, Angels on the sideline again, "Right in two". Mon titre favori, indescriptible comme le reste, une sorte de "Push it" qui fait frissonner. Le "Viginti tres" qui suit n'est là que pour nous laisser reprendre une vie normale et complèter la partie 1 de "Wings".
Peut-être nous faudra-t-il encore attendre 5 ans pour écouter quelque chose de nouveau chez Tool, mais d'ici là, ce n'est pas dit qu'on aie fait le tour de 10,000 days...

Tool / Chronique LP > Lateralus

tool : lateralus
Il aura fallu attendre longtemps pour mériter ces premières notes mais nous sommes ô combien récompensés, allez hang on or be humbled again / Après nous avoir rassuré sur les qualités de ce nouvel album, Tool les dépasse avec ce premier lien musical vers / "the patient" et un Maynard qui prouve qu'il est plus impressionnant au sein de Tool qu'avec n'importe qui ... / souffle ? vent ? mugissement ? / finding beauty in the dissonance résume tout, résume Tool, ils jouent avec les sons et nos sens / Moment grave, we barely remember what came before this precious moment parce que ce moment est tellement beau qu'il fait tout oublier / Puis on oublie à nouveau avec this holy experience. Choosing to be here in, je choisis aussi d'y rester à tout jamais, prisonnier volontaire... / Dur retour à la vie, à la souffrance, ces parasites, ces Manback, ils sont toujours là et en les dénonçant I hope you choke / over thinking, over analyzing separates the body from the mind, ce titre est au-dessus de toute analyse possible, l'esprit est libéré de toute contrainte, il s'exprime par la musique de Tool. Destructurée, recomposée, la musicalité du tout est incompréhensible de pureté, de beauté, d'harmonie, c'est le paradis / Difficile de s'en remettre, même les membres du groupe ne trouvent pas les mots, avec nous, ils restent là et watch the weather change / Les fûts résonnent de nouveau, la vie reprend peu à peu ses droits, la musique se joue de nous, elle possède aussi MJK, à travers lui son essence nous parle before I hide away de nouveau / Avant cette tragique nouvelle coupure, Tool nous livre ses angoisses floydiennes, qu'il est bon d'avoir peur / interférences, nous perdons le contact, c'est la fin ... ou le commencement ?

Tool / Chronique LP > Ænima

tool : aenima Opiate, Undertow It's not enough I need more, voici alors la lumière qui devrait nous satisfaire et nous permettre de change tired moments into pleasure / Avec l'âge Tool se bonifie et la voice that was strong and loud résonne dans nos esprits, douce et sulfureuse à la fois / C'est incroyable comment cette musique touching me, changing me au plus profond de moi-même, elle affecte l'âme / Tool met les choses au point, I choose to live and to lie, kill and give and to die, learn and love and to do what it takes to step through, la colère monte ... / Hum? You think you're cool, right? Hum? Hum? When you kicked out people [out of] your house, en tout cas ça n'a pas trop plu à MJK qui le fait savoir à Harry et aux autres. / I sold my soul to make a record, dip shit, and you bought one, nouvelle information, le business n'a pas d'emprise sur la musique de Tool qui peut se permettre de s'échapper / Instruments déplacés, sonorités déplacées mais parfaitement intégrées. Frissons. / On sent la tristesse, le désespoir et le vide qu'à laisser Jimmy derrière lui même si as soon as pain allows so we can reunite and both move on together / Pour se remonter le moral, rien ne vaut une haineuse préparation culinaire bei zweihundert grad für fünfzehn minuten backen und Keine Eier / Après cette recette, il est temps de s'attaquer au sommet d'Ænima but you're pushing and shoving me you still love me and you pushit on me d'où la cohabitation, l'interpénétration d'ambiances antagonistes / Respiration. / Some say the end is near et ils ont raison en ce qui concerne l'écoute de l'oeuvre, quant à la fin du Monde c'est silly shit, stupid shit et les prédicateurs énervent / Le vent se lève, le tonerre gronde / so good to see you, I've missed you so much so glad it's over, car tout à une fin, tu me manqueras toujours ... So good to see you once again en 2001...

Tool / Chronique LP > Undertow

Tool : Undertow
I don't want to be hostile, ... But you lie, cheat, and steal. Quelques bonnes raisons pour ouvrir les hostilités, la musique de Tool est un tout. On s'en doutait, on en est certain / You look so precious, les textes sont plus doux et amènent le titre phare de cet album / Why can't we not be sober ?, belle question, trust me, le silence, les riffs, la lente montée vers la déflagration de l'incompréhension / Pour revenir au plus bas, You've left me no choice but to go inside and rebuild what's broken, just do it, après un moment de douceur et cette voix qui vous parle mais my fear is naked / Puis This is my love for you, un amour lourd, distordu, plaintif, rancunier / I hope it sucks you down ou l'art de l'agression verbale mêlée de roulements de batterie qui nous font suffocate / shut up et écoute "Undertow", déluges de guitares et de reproches / Take it up higher. 4 degrees warmer, Tool, c'est prouvé, dégage de la chaleur / Here comes the water et avec elle le désespoir de retrouver la terre ferme, des appels, des cris, au secours qui restent sans réponse / à moins que life feeds on this is necessary soit la réponse.

Tool / Chronique EP > Opiate

Tool : Opiate
Les bases de la musique de Tool sont posées dès les premières notes, et c'est du très grand Tool / L'agressivité apparaît ensuite, histoire de montrer, sur cette carte de visite, que Tool peut jouer sur plusieurs registres tout en restant Tool / Le suivant est moins intéressant, différent surtout, la voix de MJ Keenan perd un peu de son charme en s'écartant de son timbre habituel / Un Tool survolté nous fait vite oublier ce morceau, tant la qualité du live est extraordinaire / Tool est déjà très bien rôdé, morceau d'anthologie. A lui seul, ce titre justifie l'achat de cet album / De retour en studio pour un autre morceau légèrement différent du Tool que nous connaissons, MJK cherche encore sa voix, il ne sera pas long à la trouver avec Undertow...