Ce n'est pas tous les jours qu'un artiste ou un groupe sort un pack regroupant CD + BD + jeu vidéo. Le plaisir n'est pas dissimulé, c'est tellement rare que c'en est même surprenant. Et ça l'est davantage quand on se surprend à dévorer d'une traite une BD petit format contant une histoire pour geek totalement farfelue et drôle mêlant mission spatiale, pokeboules et ninja poulpes, avec des clins d'œil à Pokémon, Dragon Ball, Barbapapa, aux gitans pas contents, à la 103 RCX et j'en passe. Purée, ça ne nous rajeunit pas tout ça, mais cette histoire est un vrai bordel, comme la musique accompagnant cette lecture. Le groupe qui a conçu tout ça s'appelle The Third Project, un trio de metal d'Annecy, et son projet se nomme The rise and fall of the ninja squids. On ne vous racontera pas l'histoire, si des fois vous souhaitiez vous procurer la bande dessinée au prix de 12 euros. On se contentera juste d'évoquer le contenu sonore de l'album. A noter que le jeu est accessible gratuitement via la page Bandcamp du projet.
On a fait connaissance avec The Third Project en fin d'année dernière avec le clip de "Cassandra", un titre screamo-metal d'excellente facture, groovy et percutant à la fois. On avait hâte de voir la suite. Et elle ne déçoit pas de manière général. L'introductif "Pandemic dishwasher" nous rappelle les riffs à la Will Haven, mais pas que (j'ai cru entendre un peu de Gojira aussi). Assurément, on est en total décalage avec la situation comique de la BD et on flippe déjà à l'idée de reprendre une mornifle comme celle-ci. "Cassandre" qui suit, ne nous ménage pas. Plus les titres se succèdent, plus on sent cet effort du groupe à vouloir varier les ambiances. Excepté pour "The future", sorte de "skit" à message couvert par du bruit, The Third Project sert un "Constant noise" dévoilant la partie la plus mélodique du groupe, tandis que la finale "Teraflop" se laisse tenter par le brutal hardcore et d'autres espiègleries. On arrive au bout du disque en ayant l'intime conviction d'avoir déjà goûté à cette potion de metal "moderne", à un moment ou à un autre, mais sans la surproduction qui déshumanise les groupes en général (oui, on peut faire de la musique extrême avec des PAO comme Heptaedium). Ceci étant dit, et pour faire un petit bilan de ce 6 titres avant de vous quitter, on se sent plus en phase avec les trois premiers morceaux que les trois derniers.
Publié dans le Mag #58